jeudi, mars 26 2015

Un libraire

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Je connaissais l’existence de la librairie Helluin avant même d’avoir jamais mis les pieds à Amiens. C’est munie de cette seule adresse, donnée par un comédien de la troupe des Bonillo  - qui de Longueau avait rallié Marseille -  que j’ai quitté mon port d’attache méditerranéen pour  la capitale picarde, où m’avait expédiée l’ordinateur du Ministère de l’éducation nationale. Aussi Serge Helluin est-il  le premier picard auquel j’aie vraiment parlé, qui m’ait chaleureusement accueillie. Une librairie à côté du marché, je ne dérogeais pas à mes habitudes, et j’y débarquais après ma récolte de nourritures terrestres.

Serge a commencé par me prêter sa collection d’Alexandre Dumas – j’étais en panne à la fin d’Ange Pitou, puis il m’a présenté à mon futur compagnon, Pierre Berthout, histoire dans laquelle il a joué le rôle d’un entremetteur actif et attentif ! Après quoi, il a vendu à Pierre sa collection de Dumas, alliant l’amitié au sens du commerce. Ces bouquins, qui me sont très chers, sont toujours là, à portée de regard et de main, dans ma bibliothèque. Il m’a offert Caquet Bon bec, la poule à ma tante, un tout petit livre charmant dont le titre devait selon lui me servir de sobriquet, et j’ai de lui, dans les trois volumes de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert qu’il a aussi vendus à Pierre pour me les offrir, un savoureux article « Agnès », rajouté à la place idoine, et rédigé de sa jolie écriture échevelée aux vrilles liseronnesques.

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dimanche, avril 27 2014

Sept ans aujourd'hui...

et quelques mois de silence, à quoi convient le bref poème que voici...

Le liseron du soir

la grâce

des choses cachées.

C'est un hai-ku de Chiyo-ni, une poétesse du XVIIIe, extrait d'un très joli livre publié chez Moundarren, Bonzesse au jardin nu, qu'Isabel Asúnsolo a apporté l'autre jour dans ma classe. Isabel, croisée hier au détour d'une église, en Grèce, où fleurissent éclatants les liserons...

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jeudi, janvier 16 2014

Perspective sur 2014

Young Cicero Reading. - Fresque de Vincenzo da Foppa (1464) - The Wallace Collection, Londres

C'est mon amie Christine qui m'offre – enfin – l'occasion d'ouvrir sur Convolvulus cette nouvelle année. Il y a sur cette fresque tout ce que dont j'avais envie : une fenêtre, perspective ouverte sur des arbres et sur le ciel, un banc, des niches avec des livres, et cet enfant installé avec tant d'abandon pour lire, un pied ballant, l'autre calé sur le banc de pierre, le visage serein, grave, concentré, le livre incliné cependant selon un angle inconfortable...un enfant-Cicéron, attendrissant avec son visage d'ange, bien loin de l'ambitieux et génial orateur, souvent ronflant, et vaniteux.

Que l'année qui s'ouvre vous offre, lectrices et lecteurs, des perspectives ouvertes sur des ciels lumineux, et de pleines récoltes de lectures plaisantes, nourrissantes, stimulantes, ferventes... J'en ai quelques-unes derrière moi, dont je ne sais si je pourrai les chroniquer, mais let's hope so.

Et merci à toi, Christine.

mardi, décembre 17 2013

Convolvulus redivivus

Après quelques jours d'évanouissement complet, d'abolition littérale d'une année entière de chroniques et d'une centaine d'articles, Convolvulus semble être ce soir revenu à la vie.
Du coup, mon billet abasourdi  intitulé "Catastrophe", et salué par un message compatissant de Nathalie, a disparu. Accident mineur... Merci à Nathalie, et à celles d'entre vous qui m'ont adressé alors un signe. Et que se perpétue, vivace, mon liseron, bien ensommeillé d'ailleurs en ces temps de moindre lecture.

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mardi, octobre 29 2013

Où il se confirme que je n'ai pas l'étoffe d'une jurée Goncourt...

Plus que quatre titres sur la liste ultime, parmi lesquels, Nue ET Arden... Ma foi, il y a bien eu déjà Houellebecq ou Les Bienveillantes, sans parler du Sermon sur la chute de Rome qui m'est tombé des mains. Il doit y avoir un critère "boursouflure", ou "ennui". Heureusement, restent Karine Thuil, que je n'ai pas lue, mais qui était charmante et très captivante à écouter, et Lemaître, auteur d'un très authentique roman populaire.

mardi, août 13 2013

Etape gourmande

Il y a le viaduc de Garabit (pourquoi diable l'ont-ils peint en rose ?), quelques kilomètres après Saint Flour et sa rude et sombre église basaltique, perchée sur son rocher. On suit la D 909, à moins que l’on ne prenne l’autoroute A75 qui la borde presque exactement. On passe parmi les prés à peine fauchés et si odorants, et l’on arrive à Loubaresse (sortie 31 par l’autoroute). Et là, sur la place, de l’autre côté de la route face à l’église, il y a l’Auberge paysanne.

Nous y avions déjeuné, il y a 28 ans, lors d’un bref et épicurien séjour en Margeride, d’un généreux plat de girolles, de myrtilles à peine cueillies, de fromage blanc à peine égoutté… il y avait une salle basse, obscure, aux boiseries noircies par la fumée d’un âtre quasi médiéval avec sa broche - et le chien d’alors, qui, gavé de restes succulents, snobait les simples morceaux de pain.
J’y ai toujours fait étape depuis, lors de mes passages sur l’A75, quand l’heure s’y prêtait, seule, ou accompagnée – ma fille, Juliette et Manon gardent un souvenir ému d’un aligot et d’une truffade partagés un soir avant de rallier les Cévennes – pour un thé, un goûter, ou un repas. Fin juillet, il était à peine l’heure de dîner, mais la truffade était chaude et l’omelette aux cèpes fondante. Quant à l’assiette gourmande, si savoureusement rustique, elle éclipse ô combien ses sœurs urbaines, avec sa part de tarte aux myrtilles,  sa coupelle de compote de pommes, son fromage blanc avec framboises toutes fraîches, et son pounti aux pruneaux… il faisait beau, c’était au jour déclinant sous le tilleul, et dans la salle basse, immuable, les tables étaient mises.


mardi, juillet 23 2013

Que lire ?...

En attendant de rédiger de nouveaux billets, j’en fais remonter quelques anciens, à l’intention des lecteurs et lectrices de l’été.

Thomas Savage, tiens. Je l’ai redit il y a peu : lisez donc Le Pouvoir du chien, et ensuite La Reine de l’Idaho. Outre qu’il s’agit de deux très beaux textes, vous verrez, à la lecture du second, ouvertement autobiographique, comment le matériau de l’histoire familiale s’insère, autrement, mais nettement reconnaissable, dans le tissu de  la fiction romanesque. Comment deux formes se répondent pour affronter, différemment, les démons d’une psyché blessée.

McEwan. C’est beaucoup plus inquiétant, plus noir. Plus pervers, morbide, souvent, comme dans Le jardin de ciment, si brève et si terrible histoire d’enfants, variation urbaine sur Sa Majesté des mouches. La lecture des Chiens Noirs et d’Un Bonheur de rencontre ne laisse pas indemne, et le malaise persiste après la lecture. Mais Expiation  est une merveille, de composition, d’invention, de littérature. Et Sur la plage de Chesil, je crois, un chef d’œuvre. Tout Mc Ewan est ici.

Après quoi, il importera de se décrisper. Et c’est là que Ma Famille et autres animaux – y a-t-il encore des visiteurs de ce blog qui ne l’aient pas lu ?!! – s’impose. C’est extrêmement bien écrit, littérairement c’est beaucoup plus inventif qu’il n’y paraît, et comme c’est drôle ! à lire, seul ou en tribu, à voix haute, le soir, à la fraîche, avec les enfants.

Et puisque l’on est dans les excentriques anglais, pourquoi ne pas revenir au dernier Louis de Bernières : Un Immense asile de fous. Fragments éclatés, sombres ou éblouis, d’un village d’enfance bien plus imaginaire, plus intime, que réel.

Et encore, parce moi, je vais le relire – et quel dommage que le film ne soit pas à la médiathèque ! – Dona Flor et ses deux maris. Roman lointainement familier, dont la saveur me manque.

Voilà pour aujourd’hui, au boulot avant qu'il ne fasse trop chaud, et à bientôt.

jeudi, juillet 18 2013

Quelques lectures, Davoine, Gaudillière, Marzano...

      
J’ai lu :

-          A Bon entendeur, salut ! de Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière, chez Stock. C’est une réflexion, un essai, excentrique jusque dans sa forme à sauts et à gambades, sur les vertus de la lecture de Don Quichotte pour résister à la terreur, à l’abus de pouvoir, aux traumas, à toutes les formes de perversion et de tartufferie. Je ne suis pas certaine d’en avoir savouré tout le suc – je suis même sûre du contraire, ma lecture de Don Quichotte étant trop lointaine, et mes connaissances en psychanalyse trop incertaines. Mais c’est une lecture passionnante, et stimulante, sur les vertus, entre autres, de la fidélité, et du rire.

-          Légère comme un papillon de Michela Marzano, chez Grasset (c’est drôle, pour un ouvrage qui évoque l’anorexie…).   Autre legs, que Pierre a laissé inachevé. Le précédent, il n’a pas eu le temps de le lire.

L’autrice, philosophe, Italienne enseignant et écrivant en français et en France – mais ce livre-ci a été écrit en italien, puisqu’il en est traduit par Camille Paul - utilise dans cet essai (« ouvrage de réflexion marqué par la subjectivité » enseigne-t-on à nos élèves) sa propre expérience d’anorexique pour interroger cette maladie qu’elle préfère considérer comme un symptôme, le discours étouffant qui est tenu sur celle-ci, le rapport au corps et la façon dont il doit être pensé en philosophie, et enfin le rapport à la langue, et la façon dont, dans son cas, le français lui a permis d’échapper à un passé étouffant et douloureux pour aller de l’avant, déchirure fondatrice. Comment aussi, dans l’écriture de ce livre-ci, la « langue paternelle redevenue maternelle » s’est imposée. Il est, en italien, sous-titré « Comment l'anorexie m'a enseigné à vivre ». Pourquoi le sous-titre, si explicite et si provocant, a-t-il disparu en français ?

Tant qu’on essaiera d’expliquer l’anorexie en ayant recours aux catégories analytiques traditionnelles, sa raison profonde nous échappera. Peut-être parce qu’il n’y aura rien à expliquer. Parce que trouver une cohérence dans le fait qu’en semblant choisir la mort on célèbre la vie relève de la folie…

Mais peut-être aussi parce que, à travers certains symptômes, on cherche seulement un moyen de ne pas mourir psychiquement. De ne pas renoncer à son propre « moi ». de ne pas être ce que les autres voudraient nous faire être.

Mieux vaut, en tout cas, les catégories analytiques traditionnelles que certaines des nouvelles théories « révolutionnaires » qui se sont répandues ces dernières années… le sujet sans inconscient, la clinique du vide, les nouvelles formes du symptôme… et ainsi de suite…

Jusqu’à faire passer « les anorexiques » pour des manipulatrices perverses, prêtes à tout pour plonger les autres dans le désespoir.

Qu’on en finisse avec les lieux communs, les banalités, les généralisations, les recettes faciles pour vendre des livres et berner celui qui souffre.

Qu’on en finisse avec le « corps fétiche », le « refus de la féminité », le « rapport symbiotique à la mère »…

[…] Toute époque a ses prophètes. Et la nôtre n’échappe pas à la règle. Et voilà que d’un simple coup de chiffon, on efface tout : l’affect, les émotions, les désirs, la singularité…

On remballe tout ce qui dérange. On cherche une explication unique. Totalisante. Totalitaire. Et une fois la « société » accusée, on se sent plus léger….

C’est un livre touchant, intéressant, stimulant, qui tisse fragments de récits autobiographiques, (avec ce risque de l’impudeur-pour-autrui qui toujours me chiffonne, pour les « autres » dont il est question dans ce livre, le père inflexiblement exigeant, adoré et rejeté, la mère, les amours - mais c’est fait sans complaisance ni exhibitionnisme), avec une réflexion qui, partie de cette anorexie fondatrice, s’interroge, à la toute fin, sur ce que c’est que la relation amoureuse, dans son malentendu originel et son acceptation sans réserve de l’autre.

Livre stimulant et riche donc. A qui je reprocherais, malgré sa sincérité opiniâtre, et son titre, un certain manque de légèreté. Un goût trop prononcé pour l’aphorisme, au détriment des vertus persuasives du sourire et de l’humour. A venir, sans doute, puisque, précisément, il se conclut sur le sourire de son autrice.

Une interview, ici, chez Mollat. Ce visage, et ces mains, qui progressivement s’animent…

J’ai lu encore :

-          Une Vie de racontars, fragments autobiographiques de Jørn Riel

   -          L’heure des Fous, de Nicolas Lebel, un polar chez Marabooks. 

      Je les chroniquerai une autre fois.

Pierre B. Cévennes- Études de cheminées. Encres de Chine

 

samedi, avril 27 2013

Six ans aujourd'hui...

"Tandis que les liserons des champs, bien que ce soient de mauvaises herbes, étaient les fleurs les plus intelligentes et les plus gaies. Ce sont elles qui accueillent le mieux le soleil du matin. Les autres herbes ne comprennent rien, le matin, le soir, tout ça leur est égal. Tandis que les liserons, dès qu'un rayon vient les réchauffer, ils ouvrent les yeux et ils rient. Un œil d'abord, puis le second, et l'un après l'autre, tous leurs cornets s'ouvrent. Blancs, bleu très clair, mauves, de toutes les couleurs... Si tu restes près d'eux sans bouger et sans faire de bruit, il te semble qu'en s'éveillant, ils se chuchotent des histoires. Même les fourmis le savent. Le matin, elles courent le long des liserons, clignent dans le soleil et écoutent ce que se disent les fleurs. Et si elles se racontaient leurs rêves? "

Quelques lignes d'hommage de Tchinguiz Aïtmatov, auteur kirghiz, pour saluer le sixième anniversaire de mon liseron, dont l'opiniâtreté me réjouit. Je mettrai des images lorsque j'aurai résolu mes problèmes d'ordinateur, une autre fois...

Voilà qui est fait...

mercredi, avril 24 2013

Y a d'la joie... et des sourires au creux des pages

Vous souffrez de mélancolie, marasme, morosité, neurasthénie, sombreur (si, si !), vague à l'âme, maussaderie, bile noire ou atrabile, déprime, langueur, bourdon, taedium vitae, tristesse, chagrin, ennui, angoisse, abattement, cafard, navrance…. de spleen, quoi ! Pour tenter d’y remédier, ouverture aujourd’hui d’un « tag » (une étiquette) « Ouvrages reconstituants ». J’ai collationné les chroniques à la va-vite, il se peut que j’en ai oublié, et encore n’y ai-je pas intégré les films et les pièces de théâtre. Ça viendra sans doute, et en attendant, il y a quelques milliers de pages - parmi lesquelles il en est que j'aime bien plus que d'autres - susceptibles de redonner le sourire et le goût de la vie aux plus désespérés.Que votre cueillette soit fructueuse ! Avec le printemps renaissent, bonnes ou mauvaises, les herbes nourricières.

samedi, mars 16 2013

Terre et neige

Dans l'interminable
ennui de la plaine, la neige
se retire
Sculptant le paysage

(Après Verlaine)

mardi, mars 12 2013

Haïku du jour

                                             Au pied du prunier
                                             Mouvant idéogramme
                                             Les piafs affairés

dimanche, février 24 2013

Ah ! tombe neige...

La blanche neige

Les anges les anges dans le ciel
L'un est vêtu en officier
L'un est vêtu en cuisinier
Et les autres chantent

Bel officier couleur du ciel
Le doux printemps longtemps après Noël
Te médaillera d'un beau soleil
D'un beau soleil

Le cuisinier plume les oies
Ah ! tombe neige
Tombe et que n'ai-je
Ma bien-aimée entre mes bras

 

Guillaume Apollinaire - Alcools

C'est le 500ème billet, aujourd'hui. Il se bornera à saluer la neige. Et mes lecteurs et lectrices dont la fidélité me réconforte, au détour parfois d'un commentaire. Il a neigé trop menu aujourd'hui pour que j'aie pu photographier la chute du duvet d'oie. Mais j'avais cet Apollinaire dans la tête, que voici.

dimanche, janvier 6 2013

"Un ptit mot sur la porte..."

Des lecteurs fidèles de ce blogue se seront peut-être aperçus, çà et là, du goût que j’ai depuis bien longtemps pour ce que Rabelais appela autrefois antistrophe (m.) et qui a été depuis nommé contrepèterie ou contrepet.

Aimable surprise, j’ai reçu hier en présent improvisé le petit volume historico-théorique, avant d’être pratique, représenté ci-dessus, dont je découvrais l’existence.

"Une sorte de rage qui tient lieu de verve...."

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mercredi, janvier 2 2013

« Monsieur, dit-il un jour à son tailleur...

... cet habit est le dernier que je reçois de vous, si l'on oublie encore une fois de me faire des poches 'in-quarto' ».

Une nouvelle année s’ouvre, qu’en ces temps déraisonnables, je voudrais placer sous le signe  de tous les fous et enragés des livres et de la lecture.

Depuis le bibliomane de Sébastien Brant : « Je suis bien fol de me fier en grand multitude de livres. Je désire toujours et appète livres nouveaux auxquels ne puis rien comprendre substance, ne rien entendre. Mais bien les contregarde honnêtement de poudre et d’ordure, je nettoie souvent mes pupitres. Ma maison est décorée de livres, je me contente souvent de les voir ouverts sans rien y comprendre. »
qui me fait rire, au volant de son pupitre, derrière ses lunettes de pilote, jusqu’à celui de Nodier, qui se fait faire par son tailleur des poches in quarto, en passant par certain « ingénieux hidalgo »...

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dimanche, décembre 30 2012

Et j'ai flambé comme un genièvre / A la Noël .....

Je ne vais quand même pas terminer l'année, en plus du TGV (glacé, comme d'hab', je me prépare), sur une râlerie.
Alors, comme on vient de faire flamber quelques branches du "genièvre de Noël " (où on peut cueillir direct les baies pour la marinade du sanglier) dans le feu, un petit coup d'Aragon pour finir dans une gerbe d'étincelles, avec dans l'oreille la merveilleuse voix virile de Jean Ferrat.
Oups ! Mais non, c'est Léo Ferré. Ah ! Altaïr, de Cantalauze....

Suffit-il donc que tu paraisses
De l'air que te fait rattachant
tes cheveux ce geste touchant
Que je renaisse et reconnaisse
Un monde habité par le chant
Elsa mon amour ma jeunesse.


Eau forte et douce comme un vin,
Pareille au soleil des fenêtres,
Tu me rends la caresse d'être,
Tu me rends la soif et la faim
de vivre encore et de connaître
Notre histoire jusqu'à la fin.


C'est miracle que d'être ensemble,
Que la lumière sur ta joue,
Qu'autour de toi le vent se joue,
Toujours si je te vois, je tremble,
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble.


M'habituer m'habituer,
Si je ne le puis qu'on me blâme,
Peut-on s'habituer aux flammes
Elles vous ont avant tué,
Ah ! crevez les yeux de l'âme
S'ils s'habituaient aux nuées


Pour la première fois ta bouche,
Pour la première fois ta voix,
D'une aile à la cime des bois
L'arbre frémit jusqu'à la souche,
C'est toujours la première fois
Quand ta robe en passant me touche.


Prends ce fruit lourd et palpitant,
Jettes-en la moitié véreuse,
Tu peux mordre la part heureuse,
Trente ans perdus et puis trente ans
Au moins que ta morsure creuse
C'est ma vie et je te la rends.


Ma vie en vérité commence
Le jour où je t'ai rencontrée
Toi dont les bras ont su barrer
Sa route atroce à ma démence
Et qui m'a montré la contrée
Que la bonté seule ensemence


Tu vins au cœur du désarroi
Pour chasser les mauvaises fièvres
Et j'ai flambé comme un genièvre
À la Noël entre tes doigts.
Je suis né vraiment de ta lèvre,
Ma vie est à partir de toi.

vendredi, novembre 23 2012

Chroniques en suspens

Romans que j’ai lus ces derniers temps, et dont je voudrais parler – ou non.

François Vallejo : Métamorphoses
Wajdi Mouwad : Anima
Julia Deck : Viviane Elisabeth Fauville
Edith Wharton : Libre et légère
Jules Verne : Les 500 millions de la Bégum
Robur le conquérant
Maître du Monde

Alessandro Baricco : Emmaus

Les Verne, je n’en parlerai pas au-delà du petit morceau cité dans la chronique précédente. C’est intéressant, Verne, et lorsque j’étais enfant (j’ai commencé au CM2, y compris pendant les heures de cours de la bienveillante madame Volle, école de la Figone, 13012 - Marseille), j’ai dévoré volume après volume après la révélation de L’Île Mystérieuse, dans la collection reliée de bleu des éditions Rencontre, dans la bibliothèque des parents d’Isabelle. Il y a à Amiens une magnifique Maison de Jules Verne pleine de trésors livresques comme d’objets magiques et d’affiches merveilleuses – le bureau de Jules Hetzel avec les fauteuils où s’assirent Balzac, Sand ou Hugo ! -, très intelligemment scénographiée, où il est bon de se promener, où l’on peut assister à nombre de conférences passionnantes… mais lire Verne pour le plaisir, non, le temps en est, pour moi, passé…

Les autres, il faut que je trouve le temps et les mots. A bientôt, donc.

lundi, novembre 19 2012

Comment élire un président ....

L'actualité immédiate faisant écho à l'une de mes toutes récentes lectures, je ne résiste pas au plaisir de  proposer à la réflexion de mes lecteurs (-trices) le mode d'élection du président du Weldon Institute, club de respectables « 'ballonistes', discutant la question encore palpitante — même à cette époque ― de la direction des ballons», mode d'élection imaginé par l'un des très sagaces membres dudit club. Nous sommes à « Philadelphie, État de Pennsylvanie, États-Unis d’Amérique.»

Les faits se déroulent en 1889, dans le roman Robur le Conquérant, de Jules Verne. Voici:

«C’étaient deux hommes bien faits pour se comprendre, mais qui ne se comprenaient pas, et tous deux, il faut bien le dire, d’une extrême violence de caractère, l’un à chaud, Uncle Prudent, l’autre à froid, Phil Evans.

Et à quoi tenait que Phil Evans n’eût été nommé président du club ? Les voix s’étaient exactement partagées entre Uncle Prudent et lui. Vingt fois on avait été au scrutin, et vingt fois la majorité n’avait pu se faire ni pour l’un ni pour l’autre. Situation embarrassante, qui aurait pu durer plus que la vie des deux candidats.

Un des membres du club proposa alors un moyen de départager les voix. Ce fut Jem Cip, le trésorier du Weldon-Institute. Jem Cip était un végétarien convaincu, autrement dit, un de ces légumistes, de ces proscripteurs de toute nourriture animale, de toutes liqueurs fermentées, moitié brahmanes, moitié musulmans, un rival des Niewman, des Pitman, des Ward, des Davie, qui ont illustré la secte de ces toqués inoffensifs.

[...] Il résulta donc de la proposition de Jem Cip, appuyée par William T. Forbes et quelques autres, que l’on décida de nommer le président du club au « point milieu ».

En vérité, ce mode d’élection pourrait être appliqué en tous les cas où il s’agit d’élire le plus digne, et nombre d’Américains de grand sens songeaient déjà à l’employer pour la nomination du président de la République des États-Unis.

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mardi, octobre 30 2012

L'art du bref

Trois grandes œuvres résumées en une phrase – c’est Alexakis qui m’a donné envie de les restituer ici :

Camus (rappelé samedi dernier par Jacques Ferrandez) : « J'ai résumé L'Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu'elle est très paradoxale : "Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort." »

Le frère de Pennac, à propos de La Mousson  de Louis Bromfield : « C’est l’histoire d’un mec : au début, il boit beaucoup de whisky, à la fin il boit beaucoup d’eau ! ». Certes, c’est un peu facile, mais c’est amusant. Et La Mousson est un si beau roman !

Et enfin, Alexakis, narquois : « A mon frère qui me demandait de lui résumer L’Idiot, j’avais répondu que c’était un épisode inédit de la vie de Jésus qui se passait chez les alcooliques russes

;-D

mercredi, octobre 10 2012

Quand Laclos s'intéressait au problème de l'éducation des femmes

« Malala Yousufzai, militante pour l'éducation des filles dans le Nord-Est du Pakistan, est dans un état critique après une attaque des talibans à la sortie de son l'école.»   AFP

« O ! femmes, approchez et venez m’entendre.

 Que votre curiosité, dirigée une fois sur des objets utiles, contemple les avantages que vous avait donnés la nature et que la société vous a ravis. Venez apprendre comment, nées compagnes de l’homme, vous êtes devenues son esclave ; comment, tombées dans cet état abject, vous êtes parvenues à vous y plaire, à le regarder comme votre état naturel ; comment enfin, dégradées de plus en plus par votre longue habitude de l’esclavage, vous en avez préféré les vices avilissants, mais commodes, aux vertus plus pénibles d’un être libre et respectable. Si ce tableau fidèlement tracé vous laisse de sang froid, si vous pouvez le considérer sans émotion, retournez à vos occupations futiles. Le mal est sans remède, les vices se sont changés en mœurs[1]. Mais si au récit de vos malheurs et de vos pertes, vous rougissez de honte et de colère, si des larmes d’indignation s’échappent de vos yeux, si vous brûlez du noble désir de ressaisir vos avantages, de rentrer dans la plénitude de votre être, ne vous laissez plus abuser par de trompeuses promesses, n’attendez point les secours des hommes auteurs de vos maux : ils n’ont ni la volonté, ni la puissance de les finir, et comment pourraient-ils vouloir former des femmes devant lesquelles ils seraient forcés de rougir ; apprenez qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande révolution. Cette révolution est-elle possible ? C’est à vous seules à le dire puisqu’elle dépend de votre courage en elle vraisemblable. Je me tais sur cette question ; mais jusqu’à ce qu’elle soit arrivée, et tant que les hommes régleront votre sort, je serai autorisé à dire : 'Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation : dans toute société, les femmes sont esclaves ; donc la femme sociale n’est pas susceptible d’éducation'. Si les principes de ce syllogisme sont prouvés, on ne pourra en nier la conséquence. Or, que partout où il y a esclavage il ne puisse y avoir éducation, c’est une suite naturelle de la définition de ce mot ; c’est le propre de l’éducation de développer les facultés, le propre de l’esclavage c’est de les étouffer ; c’est le propre de l’éducation de diriger les facultés développées vers l’utilité sociale, le propre de l’esclavage est de rendre l’esclave ennemi de la société. Si ces principes certains pouvaient laisser quelques doutes, il suffit pour les lever de les appliquer à la liberté. On ne niera pas apparemment qu’elle ne soit une des facultés de la femme et il implique que la liberté puisse se développer dans l’esclavage ; il n’implique pas moins qu’elle puisse se diriger vers l’utilité sociale puisque la liberté d’un esclave serait une atteinte portée au pacte social fondé sur l’esclavage. Inutilement voudrait-on recourir à des distinctions ou des divisions. On ne peut sortir de ce principe général que sans liberté point de moralité et sans moralité point d’éducation » .

Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos - Traité sur l'éducation des femmes (1783)

Malala Yousufzaï est une jeune fille de quatorze ans, qui a commencé son combat pour l'éducation des filles à 11 ans. Je salue son courage et son sens de la liberté.

[1] Citation de Sénèque, Lettres à Lucilius  I, 39

samedi, septembre 29 2012

Enfances - Martine Rassineux, François Da Ros

A l’arrivée à la bibliothèque municipale, on est saisi dès la façade par quatre immenses silhouettes d’enfants en plein élan, noirs fondus dans la nudité blanche de grandes toiles où seuls subsistent le mouvement et le geste. Et puis dans le grand hall, à gauche, les murs sont couverts de très grands lavis, garçonnets et fillettes en contre-plongée, pirouettant, tournoyant, tassés contre le sol ou envolés dans un bond immobile. On éprouve à les regarder un surprenant sentiment de familiarité et d’étrangeté à la fois : familiarité de la silhouette, des gestes du jeu saisis dans la cour de récré, étrangeté liée à l’absence totale de décor qui laisse l’enfant se détacher seul sur la page, au point de vue en contre-plongée qui écrase les silhouettes, à l’absence de visages… 

C’était encore plus saisissant hier soir à la nuit tombée, dans le hall où deux comédiens ont lu des textes sur l’enfance, au hasard Loti, Sarraute, Colette, Martine Rassineux elle-même, Peter Handke, Achim Von Arnim et bien d’autres… et puis les deux lourdes portes doublées de cuir rouge se sont ouvertes sur la salle de prêt et la petite salle d’expo qui la précède, et là, les mêmes silhouettes en petit format sur les murs, eaux-fortes cette fois, mais accompagnées, sur les vitrines, ou tendus sur des toiles, desdits textes magnifiquement typographiés en noir et rouge par le mari de l’artiste François Da Ros. Mélange des encres, des caractères, disposition des mots en vagues, en arc voire en colimaçon (sur un texte de Régine Detambel)… Vues à quelque distance, les eaux-fortes semblaient comme des idéogrammes mêlés à la danse des textes, à ces lettres-atomes infiniment combinables qui dans la parole fervente de François Da Ros sont depuis toujours les compagnes de l’homme dans sa quête de sens. J’ai pioché quelques  images sur le site des éditions « Anakatabase », nom cocassement érudit de l’escalier du petit séminaire où le typographe a rencontré les textes qui ont fondé sa quête spirituelle et artistique.

Il y a la petite asiatique à la queue de cheval tournoyante, ou celle que j’appelle à part moi « la petite gitane », sans doute ma préférée, il y a ces enfants, garçons et filles, qui les bras ouverts, semblent saluer le ciel ou le soleil, il y a ce garçonnet de dos, le bras tendu avec une grâce élégante, il y a l’enfant à la cabriole, il y a l’extase de jouer et de vivre… Sur la grande table au centre de la galerie, les planches de Généalogies,  , le dernier des livres composés à quatre mains par le couple. On en trouve quelques-unes sur le site d’Anakatabase : il y a de bien belles choses sur ce site allez-vous y promener. Les livres sont .  Une partie des eaux-fortes ici, juste pour vous ouvrir l’appétit. Surtout, allez à la bibliothèque Louis Aragon : cette expo d’enfants, de récrés et de lettres est littéralement inspirée.


dimanche, août 12 2012

Histoires, chansons, souvenirs...

je m'souviens ma mère m'aimait
Et je suis aux galères
Je m’souviens ma mère disait
Mais je n’ai pas cru ma mère
Ne traîn’ pas dans les ruisseaux
T’bats pas comme un sauvage
T’amuse pas comme les oiseaux
Elle me disait d’être sage

J’ai pas tué, j’ai pas volé
J’voulais courir la chance
J’ai pas tué, j’ai pas volé
J’voulais qu’chaque jour soit dimanche

Je m’souviens ma mère pleurait
Dès qu’je passais la porte
Je m’souviens comme elle pleurait
Elle voulait pas que je sorte
Toujours toujours elle disait
T’en vas pas chez les filles
Fais donc pas toujours c’qui t’plaît
Dans les prisons y a des grilles

J’ai pas tué j’ai pas volé
Mais j’ai cru Madeleine
J’ai pas tué j’ai pas volé
J’voulais pas lui faire de peine

Je m’souviens ma mère disait
Suis pas les bohémiennes
Je m’souviens comme elle disait
On ramass’ les gens qui traînent
Un jour les soldats du roi
T’emmèneront aux galères
Tu t’en iras trois par trois
Comme ils ont emmené ton père

Tu auras la tête rasée
On te mettra des chaînes
T’en auras les reins brisés
Et moi j’en mourrai de peine
Toujours, toujours tu rameras
Quand tu s’ras aux galères
Toujours, toujours tu rameras
Tu penseras p’t'être à ta mère

J’ai pas tué, j’ai pas volé
Mais j’ai pas cru ma mère
Et j’me souviens qu’elle m’aimait
Pendant que je rame aux galères *

 


J’adorais cette chanson que j’ai apprise en colonies de vacances. Elle fait partie des chansons qui m’habitent, avec L’Auvergnat de Brassens, un jour interprétée – j’avais six ans - par le groupe des ‘grandes’ vêtues de toges blanches (des draps, sans doute), à la fête de fin de séjour du « home d’enfants » François et Suzon, à La Bourboule, où je séjournais pour cause de rhino-pharyngites.


Je viens de lire - autre fascinant raconteur d’histoires – un volume de souvenirs de Joseph Kessel Ami entends-tu (encore un chant qui donne la chair de poule, et je me souviens d’Anna Marly, il doit y avoir une dizaine d’années, à l’émission matinale de Pierre Assouline sur France Culture, contant de sa voix passionnée les circonstances de sa composition : le livre de souvenirs qu’elle a écrit s’appelle : Anna Marly, troubadour de la Résistance), livre où Kessel raconte à son ami Jean-Marie Baron des épisodes de sa vie intense de journaliste et  d’aventurier. Il y a dans sa parole si vivante une absence totale de moralisme – mais non de sens moral – qui a par les temps qui courent a quelque chose, certes, de dangereux, mais d’infiniment salubre et
qui éloigne tout penchant au préjugé. C’est là que j’ai découvert aux petites heures du matin que ce Galérien était un chant d’origine russe traduit par Kessel et Druon. Mon carnet de chant en donne une version où manquent les bohémiennes, la version recopiée ci-dessus est peut-être un peu bancale. J’en ai écouté ce matin une version des Compagnons de la chanson (très belles voix) terriblement mélodramatique. Yves Montand, c’est mieux, mais je ne sais pas encore mettre de son sur ce blog, alors allez l’écouter par vous-mêmes !

* Paroles : Maurice Druon. Musique: Chant traditionnel russe, Arrangement: Léo Poll - 1942 Ed. Nuances 1950

Une interview de Kessel sur les archives de la télévision suisse romande. Et une photo de lui - ce merveilleux visage d'homme - trouvée sur le site de l'Internaute.

samedi, août 11 2012

Pierre Barouh - Encore la radio

J’adore les gens qui savent conter des histoires. Comme Jean Renoir, avec sa faconde et son accent parigot. Il y en a des heures enregistrées à l’INA et ça se trouve en CD. Ce matin, c’était Pierre Barouh, chez Philippe Meyer, La Prochaine fois je vous le chanterai. Pierre Barouh est quand même l’auteur, excusez du peu, d’A bicyclette, la célébrissime chanson d’Yves Montand, où l’on apprend qu’en studio Montand s’est trompé sur le texte :

« Quand le soleil à l’horizon / Profilait sur tous les buissons / nos silhouettes/ on revenait fourbus contents / le cœur un peu vague pourtant / de n’être pas seul(s ?) un instant /avec Paulette… » et Montand s’est trompé : « de n’être pas un seul instant » ce qui change beaucoup de choses : « Une erreur infime et l’image se rétrécit totalement », dit Pierre Barouh. Yves Montand a corrigé en public. Il y a une autre histoire de chanson avec Montand, avec Le Kabaret de la dernière chance. « J’la raconte ? Bon, eh bien voilà : » Ça s’écoute ici.

Un type généreux, passionné, humaniste jusqu’au bout des ongles. La suite sera samedi prochain, il y a de très belles chansons. De la belle ouvrage radiophonique. Et il y a un livre de souvenirs ! Les Rivières souterraines, 2011, chez A vos pages.

lundi, juillet 23 2012

Voix de l'été

Une belle émission de l’été, sur France Inter, les samedis et dimanches de 14 à 15heures : Tout Compte fait, produite et animée par Paula Jacques, qui est elle-même écrivain. Aussi les questions sont-elles perspicaces et sensibles, l’écoute attentive, et l’émission, un vrai bonheur. J’y ai entendu, quasi par inadvertance, Rezvani, dont le verbe emporte, René de Obaldia, à la fantaisie malicieuse et grave, et hier, Marie (Raphaëlle) Billetdoux, dont je ne connaissais que les titres de quelques-uns de ses livres (Prends Garde à la douceur des choses, parce que c’est un vers si beau de Paul-Jean Toulet) et rien de l’œuvre – encore de l’autobio, pour la dernière -.
J’ai évité Onfray, parce que non, vraiment, mais je vois dans les archives qu’il y a eu, entre autres, Mona Ozouf ou Patrick Chamoiseau… Annie Ernaux, aussi, que je suis sûre de ne pas écouter. L’émission a pour objet de dresser « des portraits grandeur nature d’écrivains, de philosophes, d’ethnologues et autres aventuriers de la pensée et de la créativité. », et l’on remarque à quel point, en ce qui concerne les écrivains, ceux de la francophonie y sont nombreux, dont Paula Jacques, née au Caire est elle-même issue.

En Arles

Dans Arle, où sont les Aliscans,

Quand l’ombre est rouge, sous les roses,

            Et clair le temps,

 

Prends garde à la douceur des choses.

Lorsque tu sens battre sans cause

            Ton cœur trop lourd ;

 

Et que se taisent les colombes :

Parle tout bas, si c’est d’amour,

            Au bord des tombes.

Paul-Jean Toulet – Contrerimes, romances sans musique
(avant 1920)

 

dimanche, juillet 22 2012

Chroniques en souffrance

Les livres dont je n’ai pas réussi à faire la chronique et dont je ne sais pas si j’aurai le temps de la faire :

-        - Delphine de Vigan : Rien ne s’oppose à la nuit (c’est un beau livre de deuil, mais qui m’a laissée un peu réticente, comme écrit trop tôt, m’a-t-il semblé).

-          - Dermot Bolger : Une seconde vie (autre histoire d’adoption), Tentation, Le Voyage à Valparaiso.

-          - Marivaux : La Vie de Marianne (quelle langue magnifique, quelle débauche de subtilité psychologique, et quelle FRUSTRATION !!! c’est un roman inachevé.)

-          - Pierre Magnan : son unique livre pour enfants : L’Enfant qui arrêtait le temps. Une histoire d’horloges et d’oiseaux, une fantaisie mythologico-chronologique, contée avec une rythmique et une riche langue de conteur. Je ne suis pas certaine que cela parle aujourd’hui à des enfants – encore que leur parle, me semble-t-il, ce qu’on sait leur donner à savourer – mais c’est un beau texte, lu par curiosité au bord de l’océan battu par les vagues et inondé de soleil.

-          Steve Tesich : Karoo un authentique chef d’œuvre ! j’aimerais, vraiment, trouver le temps de le chroniquer, c’est-à-dire presque de le relire, tant la lecture de ce bouquin a été un plaisir intense, une excitation de l’intellect. Construction et style virtuoses, pour un héros intégralement antipathique, une sorte de Houellebecq fictif dans le monde du cinéma. C’est brillant.

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