Littératures en langue portugaise

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dimanche, mai 26 2013

Jorge Amado - Dona Flor et ses deux maris

Ça parle cuisine brésilienne et cachaça sur France Inter. Personne ne citera donc cette merveille de roman enjoué qu’est Dona Flor et ses deux maris ? Dona Flor, sémillante grande prêtresse de l’École Culinaire Saveur et Art, dès l’ouverture du roman veuve éplorée de Vadinho, grand amateur de cachaça et mort en plein carnaval, déguisé en bahianaise.
Je n’ai jamais pris le temps d’évoquer ici les romans de Jorge Amado - la façade colorée de sa maison orne, depuis combien d’années ? la porte de mon frigo, envoyée un jour par Laurence. Il faudrait en vérité que je prenne le temps d’en relire quelque peu, mais comme littérature reconstituante, Amado, c’est une mine. Il fut un temps où il était dans la zone « prêt public » de la bibliothèque Carnegie de Reims, et il fallait vraiment bien viser pour trouver un de ses romans sur les rayonnages. Signe infaillible d’une œuvre populaire, au meilleur sens du terme, où les insertions de recettes (toujours la plasticité du roman !) pimentent et ensoleillent la lecture, sans commune mesure avec les recopiages de catalogues divers de mobilier et autres décos des romans à la mode, ce n’est pas du Marc Lévy !


Voici donc : 

-          Les sous-titres :

Ésotérique et émouvante histoire vécue par dona Flor, professeur émérite d’art culinaire, et ses deux maris, le premier surnommé Vadinho, le second, le docteur Teodoro Madureira, pharmacien de son état.

                                              ou
 

La terrible bataille entre l’Esprit et la Matière, contée par Jorge Amado, écrivain établi dans la quartier de Rio Vermelho, dans la ville de Salvador de Bahia de tous les saints, aux alentours du largo de Sant’Ana, où demeure Yemanjá, déesse des eaux.

 -          Les épigraphes :

Dieu est gros
(révélation de Vadinho à son retour)

La terre est bleue
(Gagarine l’a confirmé après le  premier vol spatial)

Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place
(Sentence écrite sur le mur de la pharmacie du docteur Teodoro Madureira)

 

 

Ah !
(soupira dona  Flor).

 

 

 -          et enfin le premier intermède culinaire, à l’orée du roman :

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mardi, mars 29 2011

Mia Couto - Tombe, tombe au fond de l'eau

Anne et Isabelle, mes amies papouphiles, m’ont offert ce joli petit livre, que j’ai avalé d’un trait. De deux traits devrais-je écrire, car la première fois, j’ai interrompu ma lecture. Et me voilà embarrassée. C’est un très beau texte, très poétique, avec cette dimension puissamment orale qui est la marque de nombre d’œuvres  contemporaines, comme une réconciliation de la littérature romanesque avec ses origines, avec les récits, contes épopées, légendes… voués à rassembler une communauté autour d’une parole de partage. Tendance propice au lyrisme, et que pour ma part je goûte particulièrement, comme en témoigne ma note récente sur Jón Kalman Stefánsson.

L’auteur (seigneur, je croyais que c'était une femme, je viens de wikipédier !) est mozambicain. De chapitre en chapitre, au bord de l’Océan Indien qui rythme et accompagne de sa basse continue leurs vies et leurs échanges, il fait dialoguer Zeca Perpetuo, indolent pêcheur retraité, avec sa voisine Luarmina, ex-nonne, devenue couturière à sa sortie du couvent, amie des oiseaux recluse en sa solitude. Or Luarmina a les plus suggestives fesses du monde, et Zeca aimerait bien en parcourir les contours, et plus encore, au lieu de tourbillonner autour d’elle, de s’allumer en sa présence et de se consumer en son absence. Mais bien des non-dits, et plus encore que Zeca ne le pense, séparent Luarmina et son opiniâtre soupirant. De récit en récit, ponctués des aphorismes sagaces du grand-père Celestiano, ils se dévoilent.

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