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dimanche, septembre 15 2013

Pension de famille de Margaret Durrell

J’ai trouvé « Pension de famille » - Whatever happened to Margo – de Margaret Durrell, préface affectueuse de son frère Gerald, à la bibliothèque municipale. Je ne sais plus comment j’avais récemment, en musardant sur la toile, découvert l’existence de cette branche de la saga familiale, sorte de greffe, d’excroissance anglaise au récit des années corfiotes de la famille telles que les conte Gerald. Je l’ai lu entre hier soir et ce matin, avec, je dois le dire, une déception immédiate. Margaret Durrell est un personnage certes éminemment sympathique, et le récit de ses aventures de… « logeuse » ? le terme est trop vulgaire, ne parlons pas de « tenancière »… patronne ? taulière ? curieux comme cette profession appelle des vocables douteux. Bref, suivant avec enthousiasme la suggestion faite par sa riche tante Patience (qui, sinon les Anglo-saxons, peut se prévaloir de tantes Patience ?) d’ouvrir une pension pour gens respectables, la jeune et déjà divorcée Margaret s’est lancée incontinent  dans l’aventure, laissant cependant le versant bohème de sa nature l’emporter sur le penchant à la respectabilité. Très vite, la pension se remplit de personnages interlopes et hétéroclites, sans parler des pensionnaires laissés là par Gerald au hasard de ses visites, singes ou python, ou souris blanches élevées plus ou moins officiellement par le gras et terrible Nelson, compagnon de jeux des deux garçons de Margo, Gerry et Nicholas.

Couple de musiciens de jazz, peintres figuratif ou pas, jeunes femmes canon aux mœurs plus ou moins libres, bébé braillard, variétés diverses de folles, d’escrocs ou d’excentriques, voisin(e)s venimeux ou bienveillants, rivalités sentimentales, et « mère » encore, toujours présente et attentive aux frasques de sa tribu… Il y avait là les ingrédients d’une comédie familiale et humaine endiablée. Hélas, si Margo est dotée du sens du cocasse, son récit passablement débraillé et confus manque d’un élan directeur, et surtout, du sens du rythme et du dialogue qui font des anecdotes contées par Gerald des scènes si drolatiques. 



Quoi qu’en dise la quatrième de couverture – amusante couverture chez Nil éditions – cet ouvrage n’est ni « hilarant », ni « un trésor d’humour », et il faut bien ajouter que la traduction en est une filandreuse catastrophe. Whatever happened to Margo, elle n’a ajouté aux écrits de la tribu Durrell qu’un ouvrage éminemment « dispensable ».

mardi, août 20 2013

Ma Famille et autres animaux, suite...

Un commentaire de Molène m'informait de l'impossibilité de trouver en vente cet ouvrage par moi encensé. De fait, il est épuisé chez Gallmeister, et indisponible sinon à un prix exorbitant.

Info prises auprès de l'éditeur, il est bel et bien épuisé, mais en voie de republication avec l’œuvre complète par les éditions de La Table Ronde, en 2014. Hantez les bibliothèques, en attendant, et précipitez-vous dès la parution!

J'ai découvert du coup que la sœur de Gérald et Larry, Margo Durrell, avait elle aussi écrit un bouquin Pension de famille / Whatever happened to Margo, récemment publié chez Robert Laffont (Pavillons poche 2012). En suivant le lien, on découvre la troisième laronne de la famille, célébrée pour sa joie de vivre, en anglais dans le texte^^. Elle est morte en janvier 2007.

Voilà. Il me reste à le lire. Bonnes découvertes à tous!

mardi, juillet 23 2013

Que lire ?...

En attendant de rédiger de nouveaux billets, j’en fais remonter quelques anciens, à l’intention des lecteurs et lectrices de l’été.

Thomas Savage, tiens. Je l’ai redit il y a peu : lisez donc Le Pouvoir du chien, et ensuite La Reine de l’Idaho. Outre qu’il s’agit de deux très beaux textes, vous verrez, à la lecture du second, ouvertement autobiographique, comment le matériau de l’histoire familiale s’insère, autrement, mais nettement reconnaissable, dans le tissu de  la fiction romanesque. Comment deux formes se répondent pour affronter, différemment, les démons d’une psyché blessée.

McEwan. C’est beaucoup plus inquiétant, plus noir. Plus pervers, morbide, souvent, comme dans Le jardin de ciment, si brève et si terrible histoire d’enfants, variation urbaine sur Sa Majesté des mouches. La lecture des Chiens Noirs et d’Un Bonheur de rencontre ne laisse pas indemne, et le malaise persiste après la lecture. Mais Expiation  est une merveille, de composition, d’invention, de littérature. Et Sur la plage de Chesil, je crois, un chef d’œuvre. Tout Mc Ewan est ici.

Après quoi, il importera de se décrisper. Et c’est là que Ma Famille et autres animaux – y a-t-il encore des visiteurs de ce blog qui ne l’aient pas lu ?!! – s’impose. C’est extrêmement bien écrit, littérairement c’est beaucoup plus inventif qu’il n’y paraît, et comme c’est drôle ! à lire, seul ou en tribu, à voix haute, le soir, à la fraîche, avec les enfants.

Et puisque l’on est dans les excentriques anglais, pourquoi ne pas revenir au dernier Louis de Bernières : Un Immense asile de fous. Fragments éclatés, sombres ou éblouis, d’un village d’enfance bien plus imaginaire, plus intime, que réel.

Et encore, parce moi, je vais le relire – et quel dommage que le film ne soit pas à la médiathèque ! – Dona Flor et ses deux maris. Roman lointainement familier, dont la saveur me manque.

Voilà pour aujourd’hui, au boulot avant qu'il ne fasse trop chaud, et à bientôt.

mardi, juillet 6 2010

Le Aye-aye et moi - Gérald Durrell

« Le malgache égrène un cliquetis de mots chantants, un peu comme si vous renversiez un plein seau de billes de verre dans un escalier de marbre. Il paraît, quoiqu’il s’agisse peut-être d’une information apocryphe, que cette langue n’avait jamais été couchée par écrit avant les premiers missionnaires gallois. Ils avaient embrassé cette tâche avec toute la délectation d’un peuple qui avait baptisé ses villes et ses villages de noms qui comprennent chacun toutes les lettres de l’alphabet. La carte du Pays de Galles est en effet parsemée de noms à se donner des crampes aux maxillaires, comme Llanaelhairarn, Llanfairfechan, Llanerchymedd, Penrhyndeudraech, sans parler, bien sûr, de Llafairpwllgwyn-gyllgogerychw-yrindroblantyssiliogogogoch. Aussi ces messieurs les missionnaires, qui avaient dû se réjouir à la perspective de transformer une langue entière en un seul tintinnabulement géant, se surpassèrent-ils quant à la longueur et à la complexité de leur traduction. Dès lors, lorsque mon dictionnaire s’ouvrit à « buste », et m’informa qu’en malgache, ce mot se prononçait : ny tra tra seriolana voasokitra hatramin ny tratra no ho miakatra, je ne fus nullement étonné. Rien, naturellement, ne précisait s’il s’agissait de la partie supérieure du corps humain, de la poitrine de la femme ou du portrait sculpté. Mais s’il était question des seins, je me dis qu’il faudrait un temps fou pour en venir aux autres parties de l’anatomie de celle que vous courtisez, temps au bout duquel votre conquête en serait sans doute arrivée à la conclusion que vous faisiez une fixation mammaire et que, par conséquent, vous n’étiez qu’un jobard. Une langue aussi interminable tend à ralentir le rythme de la communication, surtout celle de nature sentimentale. »

J’adore lire Gérald Durrell. J’ai pris un peu par hasard sur le présentoir du CDI au lycée (Tolle et lege, dit un de ces panonceaux qui ponctuent le lycée de maximes latines) Le Aye-aye et moi (The Aye aye and I, en anglais, on appréciera le « pun »). À la différence de Ma famille et autres animaux, ma précédente et délectable lecture, ce n’est  pas un ouvrage autobiographique stricto sensu. Le sujet en est Madagascar, son écosystème dévasté par la culture sur brûlis, et sa faune exceptionnelle en voie de disparition, que le naturaliste et ... zoophile ? - non, on ne peut pas le dire ainsi – et  ami-des-animaux Gérald Durrell avait entrepris cette année-là de secourir sous la forme de quelques spécimens de lémuriens destinés à être soustraits à une mort certaine pour être acclimatés dans divers zoos, dont celui de Jersey, fondé par Durrell soi-même.


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jeudi, mai 10 2007

Il y a certainement à être fou un plaisir que seuls les fous connaissent. (Dryden, Le Moine espagnol, II, i)

C’est l’épigraphe de ce bouquin que j’ai avalé il y a peu, du crépuscule à la nuit, en riant tellement que j’ai failli réveiller la maison. Gérald Durrell, Ma Famille et autres animaux, chez Gallmeister, une maison d’édition qui a l’air spécialisée dans l’écolo militant, ce que n’est certes pas l’ouvrage en question. (1ère édition anglaise, 1956).
Gérald Durrell est le frère de Lawrence, l’auteur du Quatuor d’Alexandrie, pour ceux qui auraient lu (ce que je fis, il y a quelques années-lumière. Il me reste une impression d’exotisme et de lyrisme oriental). Il était naturaliste, et l’a, semble-t-il, été de naissance. L’ouvrage était donc à l’origine destiné à célébrer la faune et la flore de Corfou, où l’auteur séjourna avec sa famille de l’âge de 10 ans à celui de 15 ans. Mais comme il le dit lui lui-même dans le « plaidoyer pro domo » qui ouvre le livre, 

« je commis la grave erreur d’y introduire les membres de ma propre famille dès les premières pages. Une fois sur le papier, ils s’y installèrent et invitèrent divers amis à partager avec eux les chapitres suivants. C’est avec la plus grande difficulté et avec beaucoup d’astuce que j’ai réussi à leur arracher quelques pages et à les consacrer aux animaux. »

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