mardi, août 7 2012

Karoo, de Steve Tesich, enfin !

« J’allume une cigarette et je remonte vers le nord. J’ai l’impression que ma barbe est comme un chien que je dois promener. Elle me précède, comme si elle connaissait le chemin jusqu’à mon appartement. »

Il y a cinq parties : New York, Los Angeles, Sotogrande, Pittsburg, Ici et là, où l’on voit que si Saul Karoo a envisagé de faire disparaître des librairies une bonne partie de la littérature y compris les écrits de voyage, son histoire n’est elle-même pas exempte d’une dimension géographique. Chacune des parties est subdivisée en un nombre inégal de chapitres, eux-mêmes subdivisés en sous-chapitres de nombre et de longueur inégaux. Les quatre premières sont écrites à la première personne. La dernière, où Saul, qui a joué à Dieu, s’efface progressivement, à la troisième personne.

Karoo est un roman absolument singulier. Comme objet d’abord, belle couverture en mince cartonnage « natural sable de 350 grammes imprimé en offset, puis méchamment frappé pour lui faire payer », comme l’indique son colophon ( ?). Où l’on voit que l’éditeur ne manque pas d’une sorte d’humour à la Vian, jusque dans les plus petits détails. Ladite couverture est sobrement et bellement illustrée d’un couple d’hommes sans tête face à face, un couple de doubles saisi en plan italien, plus ou moins, et en train d’échanger des coups (Saul et Paul, le mauvais et le bon fils dans le délire pre mortem du père Karoo). Outre le titre, le nom de l’auteur et les nom et emblème de l’éditeur : un cheval ailé pour Monsieur Toussaint Louverture, le dos porte une citation du roman sur les rapports respectifs de la vérité et du mensonge avec la condition de l’homme moderne. Si je consacre autant de temps à décrire le livre, c’est que cela fait partie du plaisir de la lecture, et que cela tranche avec une tendance actuelle de l’édition française aux couvertures les plus calamiteuses. Je projetais de mettre Karoo en regard d’Une seconde vie, de Dermot Bolger, qui dans le genre peut prétendre au prix de la couverture la plus moche et la plus hors de propos. Mais je n’ai plus d’appareil photo…

Comme texte, ensuite. Il est étrange de rester suspendu(e) aux pensées et aux aventures d’un personnage aussi absolument antipathique.

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dimanche, juillet 22 2012

Chroniques en souffrance

Les livres dont je n’ai pas réussi à faire la chronique et dont je ne sais pas si j’aurai le temps de la faire :

-        - Delphine de Vigan : Rien ne s’oppose à la nuit (c’est un beau livre de deuil, mais qui m’a laissée un peu réticente, comme écrit trop tôt, m’a-t-il semblé).

-          - Dermot Bolger : Une seconde vie (autre histoire d’adoption), Tentation, Le Voyage à Valparaiso.

-          - Marivaux : La Vie de Marianne (quelle langue magnifique, quelle débauche de subtilité psychologique, et quelle FRUSTRATION !!! c’est un roman inachevé.)

-          - Pierre Magnan : son unique livre pour enfants : L’Enfant qui arrêtait le temps. Une histoire d’horloges et d’oiseaux, une fantaisie mythologico-chronologique, contée avec une rythmique et une riche langue de conteur. Je ne suis pas certaine que cela parle aujourd’hui à des enfants – encore que leur parle, me semble-t-il, ce qu’on sait leur donner à savourer – mais c’est un beau texte, lu par curiosité au bord de l’océan battu par les vagues et inondé de soleil.

-          Steve Tesich : Karoo un authentique chef d’œuvre ! j’aimerais, vraiment, trouver le temps de le chroniquer, c’est-à-dire presque de le relire, tant la lecture de ce bouquin a été un plaisir intense, une excitation de l’intellect. Construction et style virtuoses, pour un héros intégralement antipathique, une sorte de Houellebecq fictif dans le monde du cinéma. C’est brillant.