L’atelier de Vincent Josse, c’est souvent un moment de découvertes,
artistes de tout poil, connus ou inconnus.
Samedi dernier, c’était
Jacques Ferrandez, né en 1955 à
Alger (un pays), illustrateur, et auteur d’un vaste cycle de
Carnets d’Orient sur la période
coloniale, avant la guerre d’Algérie, puis sur l’Algérie de la guerre. Un type
chaleureux, pas idéologue pour un sou, passionné.
Bref, Jacques Ferrandez est en train de mettre en images L’Etranger de Camus (entreprise
ambitieuse et pleine d’embûches, car comment rendre cette écriture blanche ?).
Quoi qu’il en soit, voilà l’illustrateur confronté à une
question pratique : Lorsque Meursault se rend au cinéma avec Marie, le jour
de la mort de sa mère, il va voir – et rire à - un film de Fernandel. Lequel ?
Camus écrivait L’Etranger en 1938 :
quels sont en 1938 les films de Fernandel ? Wikipedia en donne six, parmi
lesquels Ferrandez en a cité deux : Barnabé,
et Le Schpountz, de Pagnol.
Le Schpountz, où
Irénée Fabre, le commis épicier, manifeste pour la première fois devant un
public de gens de cinéma goguenards son talent de comédien. Comment ? en
se livrant à un pur exercice de style à la Queneau, réciter sur différents tons
– y compris « comique » - un article du code civil. « Le plus
court et le plus net, je dirais presque le plus tranchant : ‘‘Tout
condamné à mort aura la tête tranchée’’. »
CQFD. Petit indice ironique dissimulé au cœur du texte, en
attendant un herméneute minutieux et perspicace. Que voici venu. Merci à lui.
Photo prise sur le site (en lien) du blog de Vincent Josse.