dimanche, mars 11 2012

Agus, Ôé, ou le Salon du livre, en mode grognon

Aaaarghhh ! l’année dernière, je suis allée au salon du livre à cause de / grâce à Jørn Riel, interviewé par Josyane Savigneau. Ce fut un naufrage. Et voilà que cette année, il y aura Milena Agus ! pour l’adaptation par Nicole Garcia de Mal de Pierres. Mais c’est à midi et demi. L’heure où les Papous seront sur la grande scène (avec 200 sièges ! ça changera du studio bruyant ouvert à tous les échos où l’on squattait debout).

Je n’irai pas, je crois. Tant pis. J’écouterai les Papous de la maison, et pour Milena, si on la trouve sur la toile, tant mieux. Sinon, tant pis. L’année dernière, je n’ai jamais trouvé l’interview de Riel (elle n’a pas l’air d’être dans les podcasts), vous me direz, ce n’était pas une perte. Quant au programme du Salon, je le trouve confus à souhait, comme le fond sonore où l’on y baigne. Si vous cherchez Agus par le moteur de recherche, bon courage, et par le programme, vous avez intérêt à connaître le nom de l’intervieweuse, paske rien à Agus ni à Milena…

Il y aura aussi Mathieu Belezi, dont j’ai haï C’était notre terre, Beigbeder, qui n’arrive pas à éveiller le moindre intérêt chez moi, Laure Adler, grande prêtresse de la féminitude libérée (et éradicatrice des Décraqués, et de l’exquis Bertrand Jérôme, l’été 2004, honnie soit-elle à tout jamais ! Sa voix de papier de verre bobo sur toutes les ondes !!!). Il y aura aussi plein d’auteurs russes, dont j’ignore tout, autant les découvrir paisiblement chez le libraire, ou à la bibli. Et de japonais(es) itou. Parmi lesquels Kenzaburô Oé, prix Nobel, interviewé, oh mon dieu, par Josy soi-même. Aura-t-elle relu cette fois plus de quatre de ses romans ? peut-être, un prix Nobel, c’est mieux qu’un chasseur.

Adoncques, « Le Salon du livre, je n’y vais pas », c’est décidé. Quant à vous, si vous ne l’avez fait, lisez Agus !

 

samedi, juin 25 2011

Le Naufrage de la Vesle Mari de Jørn Riel

Je viens de relire Le Naufrage de la Vesle Mari, dixième volume des Racontars Arctiques de Jørn Riel, mais peut-être pas le dernier puisque l’auteur a dit au Salon du livre qu’il lui en restait à écrire – en fonction du temps qui lui serait laissé… je l’avais déjà lu l’année dernière, mais j’avais été si choquée du sort de Museau dans la première nouvelle (et puis c’était le bac, période propice à une extrême fatigue) que c’était comme si je ne l’avais pas lu. C’est encore le bac, mais je suis beaucoup plus réceptive. Si je rechigne toujours à la chute, quoique latine, de la nouvelle sobrement intitulée Museau, je me suis régalée aux sept autres qui toutes, d’ailleurs, portent le nom d’un des chasseurs, sauf la nouvelle éponyme, où l’on découvre la  mortelle guerre psychologique qui oppose, sur la Vesle Mari moribonde (La petite Marie, du nom de la mère du capitaine), Bjørken au capitaine Olsen, sous le regard et les paris des chasseurs rescapés et autres habitants de la pointe sud du Groenland, car c’en est fini de la vie libre au Nord Est depuis la fermeture par circulaire des cabanes de chasse. Vous connaîtrez donc, outre  le sort de Bjørken, celui de Lasselille son disciple benêt, ceux des deux musiciens Doc et Mortensen, et du Comte et de Volle les agriculteurs, celui du Lieutenant ET de ses splendides moustaches, et enfin, tellement improbable et pourtant si réjouissant, celui de Valfred l’allongé, au dentier resplendissant et aux intarissables histoires. Sa dernière n’est pas des moindres.

Quant aux éditions Gaia, elles ont renoncé à leur marque de fabrique, ces pages roses qui faisaient un peu papier cul. Elles y gagnent.

jeudi, mars 24 2011

"L'explorateur et la murène*", Jørn Riel au salon du Livre

Jørn Riel a encore des racontars à écrire ! - combien ? - c’est selon « le temps qui lui sera laissé »…

Je n’aime pas le Salon du Livre, cette grand messe saturée de bruit et qui donne le tournis, où l’on voit des cohortes de gens en file comme au ravitaillement attendant d’obtenir de tel ou tel auteur-culte sa griffe sur la page de garde ou de titre d’un bouquin frais acheté, cependant que d’autres, moins connus voire obscurs, poireautent solitaires et patients devant leur pile de bouquins ignorée ; ça fait mal pour les dédaignés, comme pour les courus qui signent à la chaîne, et même si l’on y découvre au détour des allées tel auteur familier, telle maison d’édition aimée, ou quelle taille gigantesque a atteinte Actes Sud à présent, (qui occupe avec les maisons associées tout un quartier), ou encore des éditeurs confidentiels ou inattendus - le plaisir n’est pas le même que lors des rencontres en librairie, par exemple.

Mais Jørn Riel était au Salon du Livre. Comment résister ? Il était l’invité du Centre National du Livre, de 2 à 3, ce samedi 19 mars. Interviewé par Josyane Savigneau, certes, annonçait le programme, perspective peu engageante voire franchement improbable. Mais pour voir et écouter  cet auteur dont j’aime tant les Racontars Arctiques qu’ils ont fait l’ouverture de ce blog, bonheur de littérature à la fois populaire et savante, malicieuse et profonde, j’ai fait le trajet jusqu’à Paris, et me suis mise dans le labyrinthe des allées en quête de N54, où devait se dérouler la « conférence (?)».

Jørn Riel est désormais un vieux monsieur au visage de cacique pince-sans-rire, mais à la silhouette voûtée et à la voix fragile. Dans la petite salle bondée, on peut le supposer, de ses lecteurs, il se tenait assis derrière la table de conférence, entre son interprète, à sa gauche, une dame chaleureuse qui notait tout avant de tout traduire scrupuleusement et avec vivacité, et la critique ( ?) chargée de l’interviewer. Une « dame au nez pointu », le visage immobile, le regard quêteur. Une jolie voix, certes, mais quel naufrage ! Mme Josyane Savigneau, ex-rédactrice en chef du Monde des Livres !, actuelle collaboratrice épisodique de Jeux d’épreuves à France Culture, doit ignorer que Jørn Riel est un écrivain. Elle a interviewé, à ce que j’ai pu en démêler, un homme, un explorateur, un chasseur. Et craignant sans doute que l’âge - qui sait ? - n’ait altéré son talent de conteur, elle nous a (et lui a) raconté (mal) quelques-unes de ses histoires : d’où il appert qu’elle a dû en relire trois volumes : La Vierge Froide, La Maison de mes pères, et La Maison des célibataires.

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lundi, mars 21 2011

Deux infos du Salon du Livre

  • Entre Ciel et terre est en fait le premier volet d’une trilogie, dont le second volume est en cours de traduction, m’a dit en anglais Jón Kalman Stefánsson soi-même, un homme bienveillant et souriant au stand de Gibert. Juste derrière lui, on apercevait Jørn Riel signant un ouvrage.

Belles lectures en perspective.

C’est tout pour aujourd’hui.

dimanche, mars 20 2011

Après un tour au Salon du Livre hier...

... et aujourd'hui les Papous dans le poste.

Glacial Présent

L’hiver si long, par les glaciers l’âme dérive,
Salles de hautes voûtes blanches où vibre le vide,
Touchant au froid absolu la  mer devient plus lente.
Sur deux rives la matière et l’anti-matière
Chacune en grand chaos s’aiguillonnant elle-même,
Mais au travers de ce présent glacial la bouche
Plaintive jamais n’atteint son portrait sur le miroir, le messager
Ne sait pas revenir au ventre de son origine.
Si le vent caressait au moins cette peau….

Pentti  Holappa (Les Mots Longs, traduit du finnois par Gabriel Rebourcet)

 … dont je ne sais rien de plus pour l’instant, pour n’avoir fait que feuilleter ce mince volume, Il Pleut des étoiles dans notre lit, Cinq poètes du Grand Nord, offert par Gibert à ses acheteurs du Salon du Livre, où je fus, juste parce qu’il y avait Jørn Riel, mais j’en parlerai quand j’aurai le temps. Riel auquel, sur un mode grave et méditatif, peut faire écho le poème ci-dessus.

 

lundi, mars 3 2008

La Passion secrète de Fjordur de Jørn Riel


Je me suis offert ce matin une petite récréation en relisant, car c'est aussi un plaisir infini que de relire, La Passion secrète de Fjordur et autres racontars, que j'ai racheté faute de l'avoir retrouvé (comme tous les auteurs aimés, Riel est singulièrement absent de nos étagères). C'est un délice. On y découvre après débauche d'hypothèses au sujet de sa réclusion et de son absence d'hospitalité les raisons de la muflerie de Fjordur (Accès de religion ? onanisme ? ivrognerie ? ah ! les interminables discours savants de Mads Madsen le raisonneur), c'est le volume où est narré le "combat de gueule" de Lause et du Lieutenant Hansen consécutif à un débat sur l'art du service à table, et le séjour de l'arrogant et dogmatique inspecteur chez Bjorken suscite chez le lecteur une indignation au moins égale à celle des chasseurs... Il y a une histoire d'ours, une histoire de chien fidèle -Laban, pas Lassie - la découverte du mal de mer et du sens de la vie par un avocat bedonnant, la musique et la fraternité des solitaires...
J'ADORE ces histoires, contées avec talent, drôlerie, générosité, une immense affection pour les hommes et le sens absolu des infinies richesses du langage et du récit.

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mardi, août 14 2007

Jørn Riel, nouveaux - et presqu' ultimes - Racontars

circulaire.TN__.jpgLe neuvième, et avant-dernier volume des Racontars arctiques est paru à l’automne dernier chez Gaïa, la maison d'édition aux pages roses - non que je raffole de cette bizarrerie, mais bénis soient-ils jusqu'à la fin des temps pour avoir traduit et édité cet auteur tonique, truculent et MODESTE. Pour le coup, La Circulaire n'est pas une très bonne nouvelle pour ceux qui, comme moi, vivent depuis quelques années dans la familiarité des chasseurs. Parce que ladite circulaire tombe chez Doc et Mortensen – les télégraphistes musiciens – pour annoncer la fermeture par la Compagnie des stations de chasse, et donc la mise à pied des chasseurs. Et que ça se passe très mal, puisque ça commence par des morts, dont une que je ne suis pas près de digérer. J'ai mis une semaine à me décider à finir le volume, par crainte de perdre d'autres personnages chers. Mais je ne le regrette pas : c'est tendre, drôle et bien mené. (Juste une bizarrerie : il semblerait que Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet, les traducteurs attitrés et talentueux de Riel, ignorent le passé simple des verbes en –eindre ! "il atteint" pour "il atteignit" au beau milieu d'un passage au passé simple, et ce à plusieurs reprises).
Le dixième volume doit être en cours de traduction puisque pour l'heure on ignore tout du sort de Bjorken et de ses deux compagnons, et du Lieutenant et de Valfred, entre autres. Après, il n'y aura plus qu'à relire.
Il y a une quantité de liens pour Jørn Riel sur Gogole. Un, parmi d'autres : ici

Et encore celui-ci trouvé sur le site d'une ardente lectrice, Pascale Arguedas, qui donne le texte d'une savoureuse autobiographie de l'auteur.

vendredi, avril 27 2007

Il est bien difficile de commencer... Jørn Riel, ''Racontars arctiques''

Il est bien difficile de commencer. De choisir un livre ou un auteur, dans la masse de ceux qui me sont chers.
Alors je vous propose en ouverture une littérature charnue et savoureuse : je voudrais faire l’éloge enthousiaste d’un écrivain que j’ai lu presque par hasard, et qui m’a ravie : le danois Jørn Riel, auteur d’une série de « Racontars arctiques » dont je raffole. Il y a chez 10/18 huit volumes de petits recueils de « nouvelles » ?, « contes » ? qui mettent en scène les chasseurs de phoques, ours, renards…au nord-est du Groenland. Habitant à deux ou trois, parfois seuls, des cabanes isolées à des journées les uns des autres, ils se réunissent régulièrement pour être ensemble, boire, (beaucoup), manger, mettre en œuvre leur dernière marotte et se raconter leurs dernières histoires. 

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