dimanche, juillet 22 2012

Chroniques en souffrance

Les livres dont je n’ai pas réussi à faire la chronique et dont je ne sais pas si j’aurai le temps de la faire :

-        - Delphine de Vigan : Rien ne s’oppose à la nuit (c’est un beau livre de deuil, mais qui m’a laissée un peu réticente, comme écrit trop tôt, m’a-t-il semblé).

-          - Dermot Bolger : Une seconde vie (autre histoire d’adoption), Tentation, Le Voyage à Valparaiso.

-          - Marivaux : La Vie de Marianne (quelle langue magnifique, quelle débauche de subtilité psychologique, et quelle FRUSTRATION !!! c’est un roman inachevé.)

-          - Pierre Magnan : son unique livre pour enfants : L’Enfant qui arrêtait le temps. Une histoire d’horloges et d’oiseaux, une fantaisie mythologico-chronologique, contée avec une rythmique et une riche langue de conteur. Je ne suis pas certaine que cela parle aujourd’hui à des enfants – encore que leur parle, me semble-t-il, ce qu’on sait leur donner à savourer – mais c’est un beau texte, lu par curiosité au bord de l’océan battu par les vagues et inondé de soleil.

-          Steve Tesich : Karoo un authentique chef d’œuvre ! j’aimerais, vraiment, trouver le temps de le chroniquer, c’est-à-dire presque de le relire, tant la lecture de ce bouquin a été un plaisir intense, une excitation de l’intellect. Construction et style virtuoses, pour un héros intégralement antipathique, une sorte de Houellebecq fictif dans le monde du cinéma. C’est brillant.

dimanche, juillet 15 2012

Un Monstre sacré

« Je les ai flairés les courriers de la mort »

C’est dans Meurtre dans la cathédrale, de T.S. Eliot, traduit par Henri Fluchère  et incarné par Jean Vilar. Pierre Magnan en évoque le souvenir « ébloui » dans le volume de son autobiographie intitulé Un Monstre sacré, où il évoque ses années de guerre et d’après-guerre, lorsqu’il était « le petit salaud » (selon les termes de Colette) de Thyde Monnier, autrice de sagas paysannes à succès, aujourd’hui totalement oubliée, mais dont le roman Nans le Berger a été adapté en feuilleton à la télé ans les années 70.

Voilà donc d’où son propre roman tire son titre.

Drôle de sentiment à la lecture de ce livre, lu avec intérêt mais, dirai-je, sans plaisir, et même avec gêne, à cause de la crudité sincère, mais en quelque sorte sans bienveillance de ce récit. Magnan y devient progressivement un homme en choisissant le rôle de gigolo, à contrecœur,  mais avec une sorte de conviction sans espoir. Sans doute ce volume fait-il contrepoint – contrepoids – à l’autobio de Thyde Monnier, sobrement intitulée Moi, en quatre volumes… mais on n’a ici que le volet Magnan, et quoique son propos ne soit aucunement de poser au gentleman, bien au contraire, le récit dévoile trop brutalement à mon gré les personnages qui y sont évoqués, les femmes en particulier dont certaines intimement liées à l’auteur. En tout cas, c’est un intéressant document sur des personnages eux-mêmes intéressants, et sur une période restituée de façon très vivace.

Très misanthrope, au demeurant.

 

vendredi, juillet 13 2012

Hommage tardif

Pierre Magnan, nous l’avions « rencontré » à Apostrophes, un soir d’il y a bien longtemps. Reçu avec entre autres Anne Garreta, autrice d’une littérature pour le moins cérébrale. Cette fois-là, c’était Sphinx, où la contrainte était que rien ne permette d’établir le sexe (le genre ?) du / de la / narrateur/ - trice. Nous l’avions acheté, d’ailleurs, parce que la dame était brillante, mais dans le genre, j’en resterai à une nouvelle de Colette, Nuit Blanche, où, à un participe près, dans la toute dernière phrase, l’ambiguïté est maintenue avec brio. Sphinx m’est tombé des mains, et je ne sais pas ce que j’en ai fait.

Magnan, tout de suite, nous avait embarqués. C’était l’année de la publication des Courriers de la Mort, aussitôt achetés, aussitôt dévorés, et enchaînés sur les autres, Le secret des Andrônes, Le Sang des Atrides, passé il y a peu à la télé, était-ce un hommage ?, …. Que de volumes avalés, dans la fraîcheur bienvenue de la maison de Marthe, les Coustières aux voûtes apaisantes, ou sous les arbres…. Prêtés aux uns et aux autres, aussi, et nul fantôme pour rappeler à qui, il en manque tellement sur les rayons ! comme manque aussi, égaré, le petit mot à l’écriture nette et penchée qu’il m’avait adressé en réponse à une question que je lui posais au sujet de l’ultime chapitre de La Maison assassinée, étudié cette année-là avec une classe de 1ère. L’œuvre de Magnan est abondante et inégale. Mais ses polars tempétueux, sadiques, ingénieux, laissent des souvenirs de personnages, de noms, d’atmosphères, et le sensuel commissaire Laviolette fait partie de mes héros familiers dans le décor familier des « Alpes de Haute-Provence » comme il faut dire. Pierre Magnan est mort, à l'âge de 89 ans, le 28 avril dernier. Mon amie Dominique A., croisée au marché, est allée à son enterrement, elle était dans le coin. Ça me donne le sentiment d’y avoir, de loin, associé mon affection de lectrice. Adieu à Pierre Magnan, donc.

Il y a un site personnel de l'auteur, ici.

Et l'émission consacrée aux Courriers de la mort est sur le site de l'INA ! La voici. Pierre Magnan est à 40 mn environ. Je l'ai réécouté avec le même plaisir. Et comme Anne Garreta était jolie, malgré ses terribles lunettes !

dimanche, mai 20 2007

Un romancier-conteur ....

Pierre Magnan : Laure du bout du monde.

J'ai vu pour la première fois Pierre Magnan à la télé il y a bien longtemps. C'était à Apostrophes, avec entre autres Anne Garretta, qui présentait Sphinx, intéressante entreprise purement cérébrale : une contrainte superlative : que rien de grammatical, participes passés entre autres, ne permette de deviner le sexe du narrateur. (Colette avait déjà fait ça avec une nouvelle, Nuit Blanche, in Les Vrilles de la vigne, où elle rompt la contrainte tout à la fin. Il y a d'ailleurs, pour autant que j'en puisse juger, une version hétéro et une version homo du même texte.)
Pierre Magnan, donc, très beau visage buriné de paysan bas alpin, cheveux blancs - Il présentait ce jour-là Les Courriers de la mort  (Je dois dire tout de suite que PM a souvent des titres vraiment pas terribles, en voici un exemple.) - mais surtout, un talent de conteur extraordinaire : on l'écoutait, suspendus, raconter l'anecdote qui avait déclenché le roman (Dans la porte du cimetière de Barles, il y a une boîte aux lettres. - De mémoire.)

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