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dimanche, avril 21 2013

Westlake - Voleurs à la douzaine

« Ils pénétrèrent dans une longue construction dotée d'une large allée centrale en béton, parsemée de boue et de paille. Quelques ampoules de faible voltage pendaient des poutres en bois brut au-dessus de l'allée et des séparations en bois, à mi-hauteur, bordaient les deux côtés. C'étaient les stalles, occupées aux deux tiers.

En traversant cette première écurie, Dortmunder apprit plusieurs choses au sujet des chevaux : 1) Ils sentent mauvais. 2) Ils respirent, bien plus que tout ce qu'il avait rencontré jusqu'alors dans sa vie. 3) Ils ne dorment pas, même la nuit. 4) Ils ne s'assoient même pas. 5) Ils s'intéressent beaucoup aux gens qui passent. Et 6) ils ont des cous extrêmement longs. Quand deux chevaux qui se trouvaient de chaque côté de Dortmunder, chacun dans sa stalle, tendirent la tête vers lui en retroussant leurs grosses lèvres noires pour montrer leurs énormes dents carrées semblables à des pierres tombales, en reniflant et en soufflant avec leurs narines qui ressemblaient à des canons de fusil, et le mettant en joue, il s'aperçut que l'allée n'était pas si large que ça, finalement.

''Bon sang'', dit Kelp, ce qui ne lui arrivait pas souvent. »


Dortmunder à la campagne, sollicité pour voler « Le Mauvais cheval » - c'est le titre de la nouvelle -, un étalon du tonnerre de dieu, destiné à enrichir une lignée de claquettes par quelques saillies clandestines, vous y auriez pensé ?

Ce sont des nouvelles. Il y en a douze (le recueil s'intitule Voleurs à la douzaine – Thieves'dozen), et je les ai trouvées hier soir sur l'étagère de ma chambre de passage, juste avant de m'effondrer. Je n'en ai lu que quatre, mais je n'attendrai pas une minute (ni un ordinateur en état de marche, le mien ayant collapsé, alas!) pour témoigner de ma jubilation. Et dire que j'ignorais jusqu'à l'existence de ce recueil pourtant publié en 2004 par Westlake, en 2008 par Rivages, et en 2011 pour l'édition de poche, à croire que Stéphane-de-Pages-d'Encre aurait oublié mes monomanies, quant à Sylviane, la pauvre, qui connaissait son rayon poche comme le fond de la sienne, elle a été reléguée au rayon « livres scolaires » ! Si c'est pas du pur gâchis !!!

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vendredi, avril 5 2013

Westlake - Et vous trouvez ça drôle ? (Dortmunder, fin)

Ingrédients, lieux et personnages :

-          Un jeu d’échecs de trois-cents kilos, pièces en or massif et rubis ou perles, plateau d’ébène et ivoire, coffret de teck, destiné au tsar Nicolas II, égaré en pleine explosion révolutionnaire dans le port de Mourmansk, et annexé par une troupe de soldats américains - puis disparu.

-          Le dôme doré à l’or d’une mosquée en construction (« quatre mètres et demi de diamètre, trois et demi de haut »), en attente sur un chantier de Brooklyn. Ça, c’est le projet de Murch, décliné à son grand dépit par le reste de la bande.

-          Une inexpugnable chambre-forte sous un immeuble de soixante étages, avec banque et cabinet de juristes, en pleine Cinquième Avenue

-          Une vaste propriété perdue en pleins bois au cœur des Berkshires (Massachussetts), et fermée depuis trois ans.

-          Un flic en retraite recyclé dans les enquêtes privées, et fort au fait – avec photos – d’agissements illicites antérieurs  de Dortmunder et de sa bande

-          Le descendant floué d’un des soldats américains dépositaires du jeu d’échecs. Chimiste plein-aux-as en retraite. Au demeurant réduit par la maladie à l’état d’infirme, physiquement susceptible d’adopter toutes sortes de formes déconcertantes

-          Un jeune couple de glandeurs installé dans la susdite propriété pour y forniquer à loisir et en toute quiétude.

-          Une jeune avocate et son ami illustrateur, un peu glandeur, et cuistot émérite. La jeune femme étant la petite-fille du chimiste sus-mentionné

-          Une richissime, procédurière, excentrique, descendante d’un autre des soldats qui.... « Livia Northwood Wheeler (...). Elle est plus riche que Dieu. En réalité, elle n’est pas loin de considérer Dieu comme un parvenu. »

-          John Dortmunder, en plein marasme. Je le verrais bien avec la tête de Jean-Pierre Bacri, tiens.

-          Andy Kelp, toujours plus lettré, désormais bien installé avec Anne-Marie. Stan Murch, toujours plus balourd et obsédé par les itinéraires. Judson Blint, la très sexy J.C. et son improbable amant Tiny Bulcher, toujours plus massif, tous trois sortis de Surveille tes arrières, voilà pour la bande.

-          Le O.J. Bar and Grill, of course, avec son arrière salle à l’ampoule nue et ses interminablement oiseuses conversations de bistrot. C’est même là que tout commence.

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dimanche, mars 17 2013

Westlake - Mort de trouille

Mort de trouille (The Scared Stiff). Un Westlake de 2002, celui qui précède juste Argent Facile. Une histoire d’arnaque à l’assurance-vie qui se déroule entre New York et – surtout – le Guerrera, une république bananière d’Amérique du Sud, où l’on peut se racheter une identité, se payer un cadavre à enterrer et autres joyeuses façons de contourner la loi presque sans coup férir. Mais Lola, l’épouse de Barry, a aussi une très nombreuse et très incontrôlable famille, pleine de frères, morts ou vivants, de cousins trafiquants, de pouilleux sans scrupules  à l’égard du gringo, et de somptueuses cousines ... d’où quelques péripéties bien menées. Ce n’est pas un grand Westlake. Seulement un bon moyen de meubler quelques petites heures d’insomnie.

L’article Wikipédia sur Westlake, s’il ne donne pas le lien avec le site officiel de l’écrivain, est assez complet. 

vendredi, février 22 2013

Donald Westlake - Mémoire Morte

Il y avait Speak, Memory, de Nabokov, que je n’ai pas encore lu, d’ailleurs. Et puis j’ai trouvé sur le bureau de mon frère Memory tout court, un Westlake récent dont j’ignorais l’existence, y compris en anglais – c’était un inédit, semble-t-il. En français Mémoire Morte, bien traduit par Gérard de Chergé. Ce n’est pas le roman le plus réjouissant de Westlake. Car justement, la mémoire de Paul Edwin Cole ne parle plus, ou si peu. Sorti de l’hôpital après un coup violent sur la tête (flagrant délit d’adultère, années 60 ?), il se retrouve dépossédé de son histoire, seulement parcouru çà et là par quelques insaisissables réminiscences. Arrivé avec ses quelques dollars de rabe dans une petite ville ouvrière, il s’embauche à la tannerie, tire le diable par la queue, établit cependant quelques fragiles relations, y compris avec une jeune fille gauche et sans beauté, qui ravive en lui le désir. Paul s’entoure de toutes parts de petits papiers aide-mémoire, pour baliser nouvelle et ancienne vie, et tente désespérément de retrouver « l’autre côté du miroir ». C’est peut-être un peu long, car la chronique de gestes - ici légitime puisque ce sont les gestes qui ancrent Paul dans le monde – est omniprésente. C’est, encore, une histoire de « bewilderment[1] », dans un monde presque totalement inapte à l’attention ou à une réelle compassion. Une histoire d’« étranger », désespérante, désespérée.



[1] Perplexité ? selon les termes de Westlake lui-même : « I believe my subject is bewilderment. But I could be wrong... »

 

 

vendredi, juillet 13 2012

Westlake-Coe, Innocence Perdue

Tucker Coe, c’était l’auteur. Le Sang des innocents, c’était le titre, en 1968, chez Gallimard. Aujourd’hui c’est chez Rivages / Noir, le titre en est Innocence Perdue (pour Murder Among Children) et l’auteur en est Westlake, car Tucker Coe est l’un des hétéronymes de Westlake. Le héros de ce roman-là est Mitch Tobin, un flic déchu pour avoir causé par son absence la mort de son coéquipier, occupé qu’il était à une liaison adultère. Depuis, il traîne une misanthropie mâtinée de déprime, enfermé chez lui à bâtir un mur modèle. Mais sollicité par la gracieuse Robin, sa petite cousine, le voilà embarqué dans une affaire de double, puis de triple et bientôt de quadruple meurtre. Pour venir à bout de l’énigme, il lui faudra affronter ses anciens collègues flics, assez mal disposés, dont un inquiétant inspecteur, et renouer avec l’exercice de l’intuition. Les personnages sont bien campés, en particulier sa femme Kate, qui serait comme une sorte de May (la compagne de Dortmunder) paisible, maternelle et chaleureuse, et Tobin lui-même. Quand on a mis le nez dans ce petit roman ingénieux, on ne le lâche pas.

samedi, juin 2 2012

Monstre sacré, un Westlake de 1989,

traduit et publié en 2011 chez Rivages. Lu d’une traite cet après-midi, quoiqu’il appartienne à la catégorie des Westlake qui mettent mal à l’aise. Dans le demi-délire d’un après-traumatisme qui se précise au fil du roman, le personnage principal, Jack Pine, un acteur complètement ravagé par l’alcoolisme et toutes sortes de drogues diverses, confesse par salves de flashes back plus ou moins contrôlés  le récit de sa vie  à un journaliste étrangement inexpressif en costard gris. Sur le sol d’ardoise d’une luxueuse piscine, taraudé par le soleil et la douleur, il laisse malgré lui au fil des mots émerger le secret qui l’étouffait depuis les origines.

C’est une histoire de double, comme dans Un Jumeau singulier, comme Westlake ne pouvait que les connaître, lui, l’auteur aux identités multiples. Ce n’est pas formidablement traduit. Mais c’est inquiétant, et on se laisse prendre à l’odyssée de Jack Pine (Jack Pine !!! Il a fait exprès, je pense…) dans l’univers clinquant du cinéma. Je verrais bien, à la fin, un clin d’œil à Arsenic et vieilles dentelles, sur un mode plus sombre. A Hitchcock, aussi ?

vendredi, mai 4 2012

Deux Westlake : '361' et 'Surveille tes arrières !'

C’est un Westlake très noir, 361. L’histoire de Ray Kelly, qui à peine démobilisé de son service dans l’aviation, se retrouve très rapidement environné de proches … morts. Quant à lui, le voilà borgne, boiteux, et possédé par une fureur de vengeance meurtrière. Entre fin de la guerre et guerre des gangs, Ray va son chemin chaotique, ponctué de violence, en quête d’un sens à la vie qui est devenue la sienne. C’est un roman de jeunesse, très rythmé, très haché, avec détective privé miteux et honorable, journaliste féru d’histoire du milieu, parrains plus ou moins sur le retour et tueurs à gages, et la quantité de cigarettes et de whisky nécessaire pour donner au roman la couleur noire qui est la sienne. Je l’avais déjà lu, sous le titre antérieur de « L’Assassin de papa » (emprunté sans doute par Marcel Duhamel ? à Georges Fourest  dans sa version sonnet du Cid, « Qu’il est joli garçon l’assassin de papa », c’est la chute du poème), ou peut-être seulement commencé, car je n’avais retenu que certaines scènes du début. Le titre, trop humoristique, ne convenait pas. Mais 361 ? peut-être est-ce une référence aux jeux de cartes, on joue beaucoup aussi, dans ce roman. En tout cas, je n’en ai pas élucidé le mystère.

Un autre. Surveille tes arrières (Watch Your Back) est un Westlake de 2005, et un Dortmunder.

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mercredi, janvier 25 2012

Westlake - Envoyez les Couleurs

Adoncques Envoyez les couleurs n’est pas un « tôlar ». Car de malfrat ou autres escrocs il n’est pas question dans ce Westlake-là. Lequel, contrairement aux apparences, n’est pas des plus récents, il date de 1969. Le titre anglais est « Up Your Banners », et il a connu en 1972 une édition sous le titre « Pour une question de peau », laquelle m’avait complètement échappé. Non que je lusse Westlake en 72, j’en ignorais jusqu’à l’existence, mais depuis.

Quoi qu’il en soit, le bouquin a été republié en 2009, chez Rivages, qui a récupéré tous les Westlake, et la traduction a été revue.

1969, c’est l’année qui a suivi l’assassinat de Martin Luther King. Il devait être en quelque manière gonflé de publier cette année-là un roman passablement humoristique, une comédie romanesque disons, sur la question noire.

Le héros est Oliver Abbott, dont on associe aisément le nom avec « Rabbit », bien qu’il n’en ait, en somme guère de caractéristiques, même s’il est poursuivi pendant un bon chapitre par des types inquiétants. Le reste du temps, il ferait plutôt face, même quand on veut l’escamoter.

Oliver, qui a toujours voulu s’appeler Matthew, est une sorte de distrait superlatif, une variété de Candide sans Pangloss lâché le jour de la rentrée des classes au milieu d’un collège assiégé par des parents et des élèves furieux… à cause de lui. Un type – 27 ans - qui a jusqu’alors traversé la vie sans faire gaffe à ce qui se passait autour, histoire d’échapper à l’emprise de Papa, très austère, très directif (et pour cause, c’est lui, le directeur blanc du collège à majorité noire), très coincé, et de maman, très soumise, très inquiète, très protectrice. Lesquels lui  ont soigneusement dissimulé que c’était SA nomination à Schuyler Colfax College qui était cause de la campagne de lettres anonymes envoyées chez eux par  « un groupuscule d’énervés » tout au long de l’été.

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mercredi, janvier 4 2012

Incise lexicale, à propos de Dortmunder

Mon amie Valérie, à qui j’offris il y a peu Pierre qui roule, étrange retraduction Rivages de The Hot Rock, autrefois traduit en Folio par Pierre qui brûle, titre beaucoup plus heureux et fidèle à ce roman ici évoqué il y a déjà quelque temps, mon amie Valérie donc s’interroge sur la manière de désigner ce Dortmunder qui n’est certes pas un polar, vu le rôle très mineur qu’y joue la police, comme dans tout Westlake qui se respecte. Pas polar, donc « tôlard » suggère-t-elle. Ah ! ah ! ah ! c’est une trouvaille ! j’adore, j’adopte. Il me reste justement à lire très bientôt un autre « tôlar » ( ?) de Westlake : Envoyez les couleurs. J’espère que c’est un bon.

Et voici un article sur Dortmunder, en anglais. Je ne sais pas ce qu'est un "caper novel" : un roman à péripéties ? "caper" est soit la câpre, soit la gambade.... Un roman "à sauts et à gambades"..., why not ?

samedi, octobre 2 2010

Donald Westlake - Argent facile

Money for nothing. C’est un Westlake que je n’avais jamais lu. J’en ignorais même l’existence avant de le trouver sur les rayons de la bibliothèque. Publié en 2003, traduit en 2007. Entamé hier tard, terminé ce matin.

Josh Redmont, un type ordinaire, juste un peu immoral - comme souvent chez Westlake, où les héros ont presque toujours en eux à la fois un lien intime très fort avec un ou des proches, et une sorte de froideur, de détachement, doublés d’une indifférence relative aux canons de la loi et de la morale. Innés, ou acquis au gré des circonstances. Celui-ci a, un jour de sa prime jeunesse, alors qu’il était intérimaire, encaissé un chèque de mille dollars, qu’il a vu se renouveler mois après mois, sans jamais pouvoir d’abord, puis ensuite essayer de savoir d’où il provenait vraiment, ni à quoi il l’exposait. Pendant sept ans, quatre-vingt-quatre mille dollars, qui se sont peu à peu intégrés sans presque plus d’arrière-pensées à ce qu’est devenu la vie de Josh : une vie de cadre, dans la pub, stable, aisé, bel appart’, une femme tendrement aimée, Eve, et un fils de deux ans, Jeremy. Jusqu’au jour de juillet 1999* ( ?) où les chèques le rattrapent sur un terminal de ferry pour Fire Island, comme il va rejoindre pour le week end femme et enfant en vacances. Voilà Josh recruté comme « espion passif » ( ?), à son corps défendant, mais que peut-il faire ? Son appartement est investi par d’étranges étrangers (étrangère), il y trouve des armes et des uniformes, et il voit avec terreur se dessiner un avenir non moins affolant que fatal. Sauf que Josh se révèle, à lui-même aussi, comme un type de ressources, imaginatif, et capable de gauchir le cours des choses.

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mardi, janvier 13 2009

Westlake* - Ordo


Un bref roman, une longue nouvelle plutôt, cent pages, une « novella » ? disent les Anglo-Saxons, lue dans une salle d’attente. Ordo, traduit par J. P. Manchette, traducteur aussi de Kahawa, du même, il ne se trompait pas dans ses choix. Une qu’illustre parfaitement l’épigraphe au site de Westlake: I believe my subject is bewilderment… (But I could be wrong.).
http://www.donaldwestlake.com/

Narration perplexe du matelot Ordo, un type réglo, un homme d'ordre, un peu obsédé par les origines des gens, et les dates, sur qui retombe en fin de trentaine le bref mariage de ses vingt ans. Mais Estelle Anlic, avec laquelle il a vécu six mois avant que la mère ne fasse casser le mariage – elle avait menti sur son âge, elle était mineure – est devenue Dawn Devayne, star d’Hollywood et possible sex symbol des années 70.

La révélation, dans une revue de cinéma, de ce passé d’Ordo, dérègle sa vie, les gens autour de lui, copains, maîtresse. Aussi part-il en quête d’Estelle, se confronter à ce mystère : « Comment peut-on devenir quelqu’un d’autre, d’Estelle devenir Dawn Devayne, méconnaissable ? ».

Réflexion sur le moi et l’apparence, sur le cinéma, la mort, le sexe et la tendresse, récit sec, aigu, précis, d’une perplexité attentive, en quelque sorte, c’est un texte bref et fulgurant. Parfait.

+ Oui, je sais. Ça fait un peu monomane...
PPS : 6€85 pour cent pages, ça fait 4F50 la page recto. J'aime bien Rivages, j'adore Westlake. Mais quand même, c'est TRÈS cher.
PPPS : Je suis verte de confusion : ça fait 45 centimes -(de franc) la page. Autant pour moi.

dimanche, janvier 4 2009

Les Cordons du poêle - Westlake suite

Très bien le site de Westlake. Sur lequel il est encore en vie et c'est tant mieux. Si vous voulez savoir sous combien de pseudos il a écrit ses innombrables bouquins, allez voir sa biblio, il y a déjà ces six-là : Donald Westlake, Richard Stark, Tucker Coe, Curt Clark, Samuel Holt, Edwin West, et ce n'est pas tout, la mort de Westlake, c'est une véritable hécatombe dans le monde des lettres !
A présent, poursuivons notre lecture :
Un autre épisode, un peu plus loin. Pour tenter de récupérer l’émeraude qu’ils ont volée mais dissimulée par obligation dans un commissariat de police, Dortmunder et ses copains escrocs viennent d’attaquer, en hélico et par les toits, ledit commissariat :

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samedi, janvier 3 2009

Festival de crêpe

Eh bien voilà. Je ne pouvais pas commencer pire. Je fais ma première note de 2009 sur un Westlake pas terrible (on ne devrait jamais commencer une année par une note de lecture négative) et le lendemain, Westlake est mort. La veille, en fait, mais je ne l'ai su que le lendemain, si vous me suivez. Dans le genre hécatombe des humoristes. Comme je n’ai pas envie de me spécialiser dans la notice nécrologique, je préfère vous copier ci-dessous - ce sera le meilleur des hommages - quelques passages savoureux et caractéristiques – parmi les bouquins qui sont encore à la maison. Parce qu’il y aurait eu sinon le début de Jimmy the kid, avec un dialogue nocturne de cour d’immeuble au petit poil, et un autre dialogue, ponctué de monologue intérieur, dans Drôles de Frères, quand Frère Benedict et l’abbé discutent avec le technocrate qui doit raser leur couvent. Grands moments d’hilarité dans ma carrière de lectrice.
Voici donc le début de Pierre Qui brûle (édition folio) rebaptisée Pierre Qui roule (The Hot Rock ) dans la récente édition Rivages. Comme l’indique le premier mot, c’est un Dortmunder. (Ainsi disent les Westlakophiles, par antonomase. Il y a les Dortmunder, et les autres.)

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jeudi, janvier 1 2009

Westlake - Les sentiers du désastre

Je sais pas si vous voyez le topo : je finis l’année avec Gyp (à fuir), et je vais ouvrir la nouvelle avec un bouquin qui s’appelle Les Sentiers du désastre (The Road to ruin). Prions le Ciel qu’il ne s’y cache aucun présage…
C’est un Westlake, et même un Dortmunder, sorti en 2004, et que je viens seulement de découvrir. « Un très grand Westlake », a dit le critique de ''Lire'' cité en 4ème de couv’, avec une des ''Inrocks'' Il n’ont pas dû en lire beaucoup. Il y a un méchant, Monroë Hall, un type riche qui a entubé tout le monde toute sa vie, mais qui a la suite de sa dernière escroquerie majeure ne peut même plus mettre le nez hors de sa splendide propriété de Pennsylvanie sous peine de se faire molester par à peu près tous les habitants de l’État. Ce méchant, dont tout le monde veut tirer vengeance pour toutes sortes de raisons diverses et également bonnes, est entre autres un collectionneur, et c’est là que Dortmunder, Kelp et quelques autres interviennent : il s’agit de lui piquer sa collection de bagnoles. Ce pourquoi Dotmunder va devoir se muer en majordome, et Kelp en secrétaire particulier. Quant à Murch, il sera chauffeur, qui pourrait en douter ? Seulement voilà, la bande de Dortmunder n’est pas la seule sur le personnage, d’autres rôdent, qui ont pour plan de l’enlever.

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dimanche, août 26 2007

...

Quand le téléphone sonna, Parker était dans le garage, il tuait un homme.

C'est ainsi que commence le dernier Richard Stark, Fire break

Richard Stark, c'est encore Westlake. Ce qui fait que, cette année, il a sorti deux bouquins : un histoire d'escroc versant cocasse Motus et bouche cousue et un "thriller", pour autant que c'en soit un puisque le héros est encore un malfrat, un type sans états d'âme, très doué pour les plans, comme Dortmunder, et qui tue qui le dérange -vraiment . Au début de Jimmy the kid -V'là aut'chose, Kelp tire le scénario du kidnapping qu'ils doivent accomplir d'un bouquin de… Richard Stark.

Brèfle. Habituellement, je lis plutôt Westlake, mais là, on me l'a offert, donc… j'y ai passé la soirée. Une histoire de vol de tableaux volés dans une villa hyper sécurisée avec vécés en or, sur laquelle vient se greffer une résurgence du passé de Parker, une histoire de vengeance, et la métamorphose d'un petit malfrat minable mais surdoué pour l'informatique. Très rythmé, écriture sèche et virtuose, construction habile, justesse des personnages et des "types" - et pour la lectrice du Westlake burlesque que je suis, le sentiment de lire le versant "ombre" de mes romans favoris.
Quant à Motus et bouche cousue , dont le héros est un cambrioleur malchanceux qui n'est pas Dortmunder, il appartient à la veine satirique, mais non burlesque de Westlake. A l'occasion de la réélection imminente d'un Président des États Unis, le comité de campagne, désireux d'éviter un nouveau watergate, fait appel à un cambrioleur professionnel pour aller récupérer des documents compromettants, lequel cambrioleur a été pour l'occasion sorti d'une prison fédérale où il risquait de croupir à la suite d'une fausse manipe. Le héros est attachant, c'est alerte et bien mené, il y a toujours des scènes très cinématographiques et des gags divers, et des tas de notations très bien vues sur les gens et les mœurs. Ça m'a fait aussi une soirée. Ce n'est pas un grand cru, c'est un bon petit vin.
Deux bonnes lectures de dimanche, ou de chaise longue !

lundi, juin 18 2007

C'est l'heure de WESTLAKE

récemment et méthodiquement republié en Rivages poche. Commençons par JIMMY THE KID!!!

Jimmy the kid est un très ancien roman de Westlake, autrefois publié, et visiblement mal traduit, chez Gallimard Super Noire, 17 francs, sous le titre de V'là aut'chose!. Il était depuis des lustres indisponible, et je n'avais pour ma part jamais récupéré les exemplaires prêtés. Or c'est le premier Westlake que j'aie lu, avec jubilation.

Première remarque importante, il appartient à la série des Westlake burlesques, pas des Westlake noirs.

2ème remarque. C'est l'un des épisodes des aventures de Dortmunder et de sa bande. Dortmunder est un escroc neurasthénique et malchanceux, mais un génie absolu du PLAN. Toutes ses aventures, avec sa bande de collègues excentriques, comme Murch, qui est taxi, vit avec sa mère, est passionné d'itinéraires (chaque fois qu'il se déplace dans New York, il tente d'expliquer aux autres par où il est passé ou va passer), écoute des disques d'enregistrements de bagnoles et boit de la bière saupoudrée de sel, toutes ses aventures donc sont des successions de plans tous plus géniaux et grandioses les uns que les autres pour récupérer des objets improbables et inaccessibles, comme l'émeraude du Balabomo (?) dans Pierre qui brûle (excellent), Folio noir Gallimard (récemment republié sous le titre moins convaincant de Pierre qui rouleThe Hot Rock, en anglais - chez Rivages, qui a racheté tous les droits de Westlake). C'est drôle, enlevé, très bien écrit…et inégal, parce que Westlake publie visiblement à peu près un bouquin par an, sous son propre nom, et sous deux pseudos, dont celui de Richard Stark.

Jimmy the kid est donc le récit, non pas d'une chasse à l'objet, mais d'un kidnapping, suggéré à Dortmunder par Kelp, autre copain-boulet, qui en a lu le récit dans un ouvrage de … Richard Stark. Lequel récit est si minutieusement mené que les malfrats n'ont plus qu'à faire comme dans le livre, intéressante variation sur Don Quichotte ou Madame Bovary. Naturellement, rien ne va marcher comme prévu, à commencer par le jeune kidnappé, un surdoué en cure chez un psychanalyste. Je suis certainement très bon public, mais ça me fait pleurer de rire.

Autres bons titres de la série: Mauvaises nouvelles, et surtout, Dégâts des eaux.

Après, il y a encore un roman de Westlake que je trouve génialement drôle, c'est Aztèques dansants. Ce n'est pas un Dortmunder, il vaut mieux le lire quand on a du temps tant ça grouille de personnages, c'est une histoire de statuette d'or volée dans une république d'Amérique du Sud, et perdue au milieu d'un lot d'imitations en plâtres éparpillées aux quatre coins de New York, les personnages principaux sont hyper attachants, c'est construit de façon très cinématographique et virtuose, et franchement, certaines scènes sont des chefs d'œuvre. Comme celle du détournement d'avion par le gardien de musée ivre, c'est du grand burlesque.

À suivre, il y a d’autres merveilles chez cet auteur.