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vendredi, février 28 2014

Le billet de février

Cap Frie

J'ai entendu cette nuit une voix d'enfant derrière ma porte
Douce
Modulée
Pure
ça m'a fait du bien

Coquilles

les fautes d'orthographe et les coquilles font mon bonheur
Il y a des jours où j'en ferais exprès
C'est tricher
J'aime beaucoup les fautes de prononciation les hésitations de la langue et l'accent de tous les terroirs

Rire

Je ris
Je ris
Nous rions
Plus rien ne compte
Sauf ce rire que nous aimons
Il faut savoir être bête et content


Blaise Cendrars - Feuilles de route, III (1927-28)

Il ne sera pas dit que, bouleversements divers ou pas, et appétit de lecture en berne, le mois de février puisse se passer sans apporter au moins un billet à Convolvulus. Alors ce seront trois de ces brefs poèmes instantanés dont abondent les "carnets de voyage" de Cendrars. Le premier avait été choisi par une de mes élèves pour lecture à voix haute. Il m'avait échappé, il m'a frappée, émue, évoqué Verlaine (Et ô ces voix d'enfants chantant sous la coupole, vers cité quelque part dans The Waste Land, s'il m'en souvient bien). Les deux autres étaient dans les parages du premier, et en tapant le troisième, j'ai tapé "azime", au lieu de "aime"...^^

Je reviendrai, bientôt, avec des lectures, adieu à Février et que Mars s'ouvre sous le signe de l'espoir.

dimanche, février 3 2013

C'est la Saint Blaise, me dit "orange"

Célébrons-la, en couleurs.

13. Aux 5 Coins

Oser et faire du bruit
Tout est couleur mouvement explosion lumière
La vie fleurit aux fenêtres du soleil
Qui se fond dans ma bouche
Je suis mûr
Et je tombe translucide dans la rue

Tu parles, mon vieux

Je ne sais pas ouvrir les yeux ?
Bouche d'or
La poésie est en jeu

                                                                     Février 1914

Blaise Cendrars - Dix-neuf poèmes élastiques

Chagall - Esquisse pour Commedia dell'arte (1957-58) Collage avec encre de chine, huile, pastel et papiers collés.

dimanche, août 12 2012

Cendrars vespéral

En ce moment même, la voix aiguë de Blaise Cendrars, un peu nasillarde, avec des roulements et des traînements suisses, lit la première laisse de La Prose sur France Culture. C'est émouvant.

lundi, avril 30 2012

Plans de l'aiguille et de lecture

Ce qu’il y avait aussi avec D’Acier dans le paquet qui m’attendait chez Sylvain et Carole : Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, de Jonas Jonasson, titre et couverture alléchants, et le numéro 1 d’une  petite revue 12/12 « chantournée » sur papier et reliée de ruban magnétique.

Intitulée L’Aiguille, c’est un hommage à Cendrars dont la trogne et la manche vide sont bellement burinés en noir et blanc sur la couverture. Je n’ai pas lu Le Plan de l’aiguille, vers quoi s’oriente ma boussole de lectrice. J’ai laissé L’Aiguille à la maison, fragile. Et il est bon que les vagabondages créatifs s’attachent aux pas de Blaise, qui a, somme toute, bon nombre de lecteurs passionnés.

Comme L’Odyssée Cendrars, de Patrice Delbourg, papou, que j’ai lue aussi, en décembre dernier. Un Cendrars alphabétique à la rythmique cendrarsienne, ponctué de calembours.

Et encore une photo de L’Ange de N.D, que vous n’avez pas assez admiré.  

       

samedi, avril 28 2012

Beaux livres

Une balade au L.A.M de Villeneuve d’Ascq nous a permis entre autres de découvrir à la bibliothèque de ces beaux livres – d’artistes, ou de dialogue, selon le terme d’Yves Peyré -. Moment de merveilles, devant ces livres qui sont comme les manuscrits enluminés des XIXe et XXe siècles.

« Le livre est si bien fait pour être orné ; il porte avec tant de bonheur toutes les élégances ! Eh ! quelle merveille, après tout, un bel exemplaire d'une bonne édition qui représente un chef-d’œuvre de l'esprit humain ! Quelle joie et quelle fête à le tenir dans ses mains, tremblantes d'une émotion ineffable ! On le regarde, on le contemple, on le retourne, on l'ouvre enfin, et voilà que soudain le véritable amateur, grâce au livre, entre en des ravissements infinis. »


Comme Verlaine, illustré par Bonnard. Des lithographies sépia, qui donnent le sentiment d'avoir été tracées par le peintre sur les pages mêmes du livre.


Ou encore l'inventivité graphique et typographique étourdissante de La Fin du monde filmée par l'ange de Notre-Dame de Cendrars (auteur et éditeur, à La Sirène) et Léger.


vendredi, décembre 16 2011

Images, suite

Voici le verso du prospectus.

Et un beau portrait très romantique d'un Cendrars bohème tout auréolé de séduction par Richard Hall, beau-père de son frère Georges, père d'une Agnès dont il fut amoureux - son nom apparaît dans une des litanies de la Prose -, et son hôte occasionnel, et réticent, en son atelier lors des années de galère parisienne.


Toutes les femmes que j'ai rencontrées se dressent aux horizons

Avec les gestes piteux et les regards tristes des sémaphores sous la pluie
Bella, Agnès, Catherine et la mère de mon fils en Italie
Et celle, la mère de mon amour en Amérique
Il y a des cris de sirène qui me déchirent l'âme
Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore comme dans un accouchement
Je voudrais
Je voudrais n'avoir jamais fait mes voyages
Ce soir un grand amour me tourmente
Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France.
C'est par un soir de tristesse que j'ai écrit ce poème en son honneur
Jeanne
La petite prostituée
Je suis triste je suis triste
J'irai au Lapin Agile me ressouvenir de ma jeunesse perdue
Et boire des petits verres
Puis je rentrerai seul

Paris

Ville de la Tour Unique du grand Gibet et de la Roue
                                                                                                          Paris 1913


Autre monomanie: Cendrars, la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

Un samedi matin que je passais, comme il se doit, à la librairie, car il n’est pas de marché sans visite chez le libraire, Stéphane me dit : « A propos, il y a un livre de Cendrars qui vient de sortir » ; et de brandir un boitier coloré, récupéré sur une pile.
La Prose
, en fac simile. L’idée dont je rêvais depuis des lustres (au moins 6, déjà !). Le livre dont j’avais parlé, le matin-même à deux reprises, avec émotion.
« – Mais Stéphane, ce n’est pas un livre de Cendrars, c’est LE livre de Cendrars ! » Aussitôt acheté, et il valait mieux, car, las !  il semblerait que l’édition (1800 exemplaires) soit déjà épuisée. Collection Sources, au PUF, avec la Fondation Martin Bodmer, - et une préface de Miriam Cendrars, que je n’ai pas encore lue.

Voici quelques images.

Le vaste dépliant du fac simile, accroché le long d’un rayonnage avec des pinces à linge l’autre soir pour une lecture Cendrars avec Charlène, viendra plus tard. Je me réjouis de posséder ce beau livre, et de pouvoir le montrer, aussi souvent que possible, à qui voudra le découvrir.

Bizarre, pas moyen d'insérer d'autres images. Ce sera pour demain...

mercredi, avril 20 2011

Mon fils, dit la souris / Ce Doucet est un chat !

Le rayonnement mat de livres précieux...

C'était le 8 avril, à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, où nous avons été royalement reçus, avec mes élèves. Que ses deux conservatrices, Mmes Nobécourt-Mucarelli et Lesiewicz, en soient chaleureusement ici remerciées. Le coffret à l'éclat fauve, au fond, c'est Tête d'or, de Claudel, dans une reliure en cuir et galuchat. 

" Le chagrin est fort ancien! Aujourd'hui, les gainiers préfèrent se servir de galuchat. Le galuchat est, comme vous le savez sans doute, la dépouille du raja sephen, un poisson de la Mer Rouge (...) : entre le galuchat et le chagrin, il y a, monsieur, toute la différence de l'océan à la terre..."
Balzac, La Peau de chagrin, 1831, in CNRTL.

Le Blason de Doucet par Legrain...




Moment enchanté, devant des merveilles bibliophiliques à nous offertes, parmi lesquelles Le Corbeau, de Poe-Mallarmé-Manet, ou Stèles dans son écrin de bois.


Et la Prose, avec sa reliure colorée peinte des mains mêmes de Sonia Delaunay, touchée par celles de Cendrars.


J'en suis encore bouleversée.

(Les photos sont d'Adeline V, Amandine M. et Perrine F.)

mercredi, janvier 26 2011

Autre Cendrars, monomanie...

Une monomanie partagée entre divers auteurs, ce serait une "polymanie" ?

Et voilà, j’ai trouvé le charmant et minuscule ouvrage qui m’a été un jour offert par Didier Dereux, de la librairie Solstices, autrefois à Lille. Juste l’épitaphe de Cendrars par lui-même, « imprimée à quelques exemplaires sur Auvergne, pour mes amis en été 1978 » par l’éditeur de Commune Mesure. Après Le Ventre de ma mère, retour imaginaire à la mer originelle, là-bas, ailleurs.

dimanche, janvier 23 2011

Ailleurs dans la Prose, la déclaration pour Jeanne


Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle
Écossais
Et l'Europe toute entière aperçue au coupe-vent d'un express à toute vapeur
N'est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d'or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l'univers
Est une pauvre pensée...


Du fond de mon cœur des larmes me viennent

Si je pense, Amour, à ma maîtresse;
Elle n'est qu'une enfant que je trouvai ainsi
Pâle, immaculée au fond d'un bordel.

Ce n'est qu'une enfant, blonde rieuse et triste.
Elle ne sourit pas et ne pleure jamais;
Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire
Tremble un doux Lys d'argent, la fleur du poète.

Elle est douce et muette, sans aucun reproche,
avec un long tressaillement à votre approche;
Mais quand moi je lui viens, de ci, de là, de fête,

Elle fait un pas, puis ferme les yeux- et fait un pas.
Car elle est mon amour et les autres femmes
N'ont que des robes d'or sur de grands corps de flammes,
Ma pauvre amie est si esseulée,
Elle est toute nue, n'a pas de corps -elle est trop pauvre.

Elle n'est qu'une fleur candide, fluette,
La fleur du poète, un pauvre lys d'argent,
Tout froid, tout seul, et déjà si fané‚
Que les larmes me viennent si je pense à son coeur.

Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un train file dans la nuit
-Les comètes tombent-
Et que l'homme et la femme, même jeunes, s'amusent à faire l'amour.

C'est le passage par un lyrisme d'inspiration classique - et terriblement trempé d'inspiration médiévale - qui va faire du "si mauvais poète / [qui] ne savait pas aller jusqu'au bout" le Blaise qui trouve au fil du voyage sa voix de poète Transsibérien, sorte de christ-Orphée du monde moderne, traversé par le rythme du train.

Le poème pour Jeanne sur les épreuves de la Prose, à la Bibliothèque Littéraire Doucet.

 

Mon livre est plus trempé de lumière que ma vie

Je ne suis pas poète. Je suis libertin. Je n’ai aucune méthode de travail. J’ai  un sexe. Je suis par trop sensible… C’est peut-être aussi  pour m’entraîner, pour m’exciter – pour m’exciter à vivre, mieux, tant et plus !

La littérature fait partie de la vie. Ce n’est pas quelque chose « à part ». Je n’écris pas par métier.

Toute vie n’est qu’un poème, un mouvement. Je ne suis qu’un mot, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant.

La Prose du Transsibérien est donc bien un poème, puisque c’est l’œuvre d’un libertin. Mettons que c’est son amour, sa passion, son vice, sa grandeur, son vomissement. C’est une partie de lui-même. Son Ève, la côte qu’il s’est arrachée. Une œuvre mortelle, blessée d’amour, enceinte.

… Voilà ce que je tenais à dire : j’ai de la fièvre. Et c’est pourquoi j’aime la peinture des Delaunay, pleine de soleils, de ruts, de violences. Madame Delaunay a fait un si beau livre de couleurs, que mon livre est plus trempé de lumières que ma vie. Voilà ce qui me rend heureux. Puis encore, que ce livre ait deux mètres de long ! – et encore, que l’édition atteigne la hauteur de la Tour Eiffel !

… Maintenant, il y aura bien quelques grincheux pour dire que le soleil a des fenêtres et que je n’ai jamais fait mon voyage…

Blaise Cendrars, Paris, septembre 1913

(Extrait d’un article paru dans Der Sturm (Septembre 1913), cité par Miriam Cendrars in Blaise Cendrars – 1994)

 

vendredi, janvier 21 2011

POURQUOI J'ÉCRIS ?

Parce que...
1924
(Feuilles de route)

Il m’est difficile de dire combien j’aime la poésie de Cendrars. Le simple fait d’ouvrir un volume des poèmes, (à présent Du Monde Entier Au Cœur du Monde est rassemblé en un seul volume magnifiquement commenté et annoté par Claude Leroy, mais j’ai encore l’ancienne édition en deux volumes en loques) et d’en lire un, ou plusieurs, à la volée, me donne un sentiment de joie, de plénitude. Les petits poèmes de voyage !...

Lesquels deux volumes j’ai feuilletés de fond en comble, ce qui est difficile, et pas moyen de remettre la main ni les yeux sur l’épitaphe que Cendrars s’était rédigée. Tant pis. C’est aujourd’hui le 21 janvier, date anniversaire de la mort de Louis XVI - de Lénine aussi il paraît -, jour de la Sainte Agnès, mais aussi date anniversaire des cinquante ans de la mort de Cendrars.

Ce sera le début de La Prose, cette merveille de lyrisme, alors. Qui résonne en moi, depuis si longtemps.

Blaise Cendrars

Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

dédiée aux musiciens

En ce temps-là, j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d'Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.    

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d'or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l'or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J'avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s'envolaient sur la place
Et mes mains s'envolaient aussi avec des bruissements d'albatros
Et ceci, c'était les dernières réminiscences
Du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

mardi, janvier 18 2011

Blaise, dis....

Miriam Cendrars, la fille de Blaise,est l'invitée de l'émission A Voix nue, sur France Culture. C'est la deuxième aujourd'hui. Elle y évoque de sa voix paisible et fervente sa rencontre avec son père, à seize ans, à l'hôtel de l'Alma, et le personnage de Blaise. La biographie qu'elle a écrite en 1984, Blaise Cendrars, trois fois revue au moins, dont une édition toute récente, est un pavé, énorme, passionnant, qui réinvente à grand renfort d'archives et de souvenirs ou de tradition familiale le personnage du père si longtemps "en voyage", et qu'elle a accompagné dans les vingt-cinq dernières années de sa vie, jusqu'à son dernier souffle. Mais aussi la mère, Féla Pozsnanska, et la seconde compagne puis épouse de Cendrars, la comédienne Raymone. Et puis l'édition Denoël des Œuvres Complètes est enfin achevée. De quoi nourrir toutes les boulimies de Cendrars, poète, vates majeur du XXe siècle, dont j'ai encore, pour ma part, tant à lire.

jeudi, octobre 15 2009

En parcourant Cendrars - Le roman français (Notule)

À Louis Brun

La modernité a tout remis en question.

Notre époque, avec ses besoins de précision, de vitesse, d’énergie, de fragmentation de temps, de diffusion dans l’espace, bouleverse non seulement l’aspect du paysage contemporain, mais encore, en exigeant de l’individu de la volonté, de la virtuosité, de la technique, elle bouleverse aussi sa sensibilité, son émotion, sa façon d’être, de penser, d’agir, tout son langage, bref, la vie.

Cette transformation profonde de l’homme d’aujourd’hui ne peut pas s’accomplir sans un ébranlement général de la conscience et un détraquement intime des sens et du cœur : autant de causes, de réactions, de réflexes qui sont le drame, la joie, l’orgueil, le désespoir, la passion de notre génération écorchée et comme à vif. Seule la formule du roman permet de développer le "caractère actif" d’événements et de personnages contemporains qui, en vérité, ne prennent toute leur importance qu’en "mouvement".

Depuis quelque cinq ans, le roman français sert dans le monde à la mise au point du nouveau régime de la personnalité humaine.

Le Tremblay-sur-Mauldre, 15 avril 1929
in Aujourd'hui, suivi de Essais et Réflexions, Denoël

lundi, janvier 21 2008

La Ferme de Navarin de Gisèle Bienne

Comment ai-je pu ignorer si longtemps que le 21 janvier, c’était AUSSI la date de la mort de Cendrars ??? je le découvre, (ce n’est pas possible ! je l’avais simplement oublié, avec tout ce que j’ai lu, de et sur Cendrars !) en lisant La Ferme de Navarin, de Gisèle Bienne, collection ''L’Un & l’Autre'' chez Gallimard. En tout cas, sautons sur l'anniversaire ! Je viens de finir avec mes élèves l’étude de la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France – au passage, que les collègues qui en auraient marre de croiser ce texte sur ma liste de bac m’en excusent. C’est l’éblouissement de mes seize ans, et jusqu’aujourd’hui, j’ai rarement eu la déception de ne pas le voir « marcher ». Mes 1ère L cette année en sont tombées amoureuses. Le bonheur d’entendre, après avoir récité les premiers vers de ce long poème de 449 vers / versets ? libres : « C’est beau ! » pardon pour les blasés que la réaction ferait sourire. Bonheur de le lire et de l’entendre, elles veulent en faire une lecture à voix haute. Il y a tant de poètes que j’aime, mais le Cendrars de la Prose, c’est le plus flamboyant.

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Cendrars bienne.TN__.jpg, mai 2010

 

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dimanche, janvier 20 2008

En 1913 paraissait un texte à tout jamais insolite et neuf,

dans sa forme poétique comme dans sa forme matérielle, publié aux éditions Des Hommes nouveaux par l’auteur soi-même - génial, torturé, fauché - auteur, sujet et éditeur d’un ouvrage qui allait provoquer dans le petit milieu parisien un scandale dû avant tout à l’incompréhension, aux préjugés et à l’ignorance : « le premier poème simultané », annonçait le prospectus, mince bande de papier peinte au pochoir par Sonia Delaunay, née Terck, russe d’origine et amie de Blaise Cendrars. Car c’est de lui qu’il s’agit, et de sa Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Cet immense dépliant de 2m de long sur 36 cm de large, prévu pour être tiré à 150 exemplaires - l’édition originale atteignant ainsi la hauteur de la Tour Eiffel - offrait à droite le texte, imprimé en divers caractères colorés de tailles diverses, à gauche, un ruissellement de couleurs, une composition-transposition inspirée à Sonia Delaunay par le récit d’un voyage initiatique : la traversée en Transsibérien de la Russie à feu et à sang par un adolescent lui-même à feu et à sang - qui trouvera dans le poème son nom et son écriture.

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