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jeudi, février 2 2012

Ustensile et recette du jour

Voici conseil et recette du bon Alexandre en son Grand Dictionnaire de cuisine:

Poêle à frire


Ustensile de cuisine ordinairement en fer battu dans lequel on fait fondre de la graisse ou du lard, ou dans lequel on met de l'huile, et qui sert à faire des fritures, des omelettes, des crêpes ; anciennement les poêles avaient une très grande queue, sur laquelle il suffisait de frapper un petit coup pour retourner les omelettes et les crêpes, mais qu'il fallait se garder d'abandonner, si on ne voulait pas voir ce que contenait la poêle renversé dans le feu. De là le proverbe employé encore au figuré, bien que les poêles à petite queue se tiennent toutes seules sur le feu : « Est bien embarrassé celui qui tient la queue de la poêle. »

Pannequets

Recette de M. de Courchamps.

Mettez dans une terrine deux cuillerées à bouche de farine, trois jaunes d'œufs et deux œufs entiers, un peu de sel et quelques gouttes de fleur d'oranger ; délayer bien le tout et achevez de le délayer avec du lait, afin que l'appareil soit bien clair ; prenez une petite poêle ronde et creuse, chauffez-la, essuyez-la, mettez un peu de beurre dans plusieurs épaisseurs de papier en forme de petit sachet, frottez-en votre poêle partout, mettez dans cette poêle une cuillerée à dégraisser pleine de votre pâte, tournez-la sur tous les sens, afin de bien étendre le pannequet, lequel doit être bien mince et bien égal partout. Lorsqu'il sera cuit, renversez-le sur le plat où vous devez le servir ; étendez votre pannequet, saupoudrez-le de sucre et continuez ainsi pour les autres, jusqu'à ce que vous ayez employé la totalité de votre appareil.

On recouvre quelquefois ces pannequets avec un enduit de confiture, mais ceci masque leur goût, et c'est une recherche que nous ne saurions approuver.
Ainsi parle M. de Courchamps, mais du moment que vous n'ajoutez pas une confiture quelconque en chausson dans votre appareil, ce ne sont plus des pannequets, c'est tout bonnement des crêpes fines.
La groseille ou l'abricot sont nécessaires pour constituer les pannequets. 

Le pannequet, c'est le pan cake!
Et aujourd'hui, c'est la Chandeleur.

mardi, novembre 29 2011

Dumas père, de tout près

Petit bonheur d’un moment : lire de l’écriture même de Dumas – père – des passages de ses Mémoires, sur de grands folios bleus de papier très mince (du papier pelure ?).

L’épisode merveilleux de son père poursuivi par un caïman, sur une plage de Saint Domingue, par exemple. Et de découvrir que Dumas le calligraphe - c’est à sa belle écriture et à ses talents de copiste qu’il a dû de se trouver engagé dans le bureau du duc d’Orléans, futur Louis-Philippe – que Dumas le calligraphe ne mettait aucun accent, aucune apostrophe, et coupait étrangement ses mots : « les oliveau netait rien autre chose quun caïman qui dormait au soleil » (folio  12). Grands folios écrits semble-t-il d’un trait, sans ratures.

Émotion étrange, comme de se sentir un moment plus proche d’un créateur plein de passion, d’humanité généreuse.

C’était à la maison de Dumas, à Villers-Cotterêts, sous la conduite éclairée de Marion Renard, sa charmante jeune conservatrice, merci à elle.

Voici le texte transcrit (et dans le manuscrit, ici) :

« Saint-Domingue n'a donc ni serpent noir comme Java, ni serpent à sonnettes comme l'Amérique du Nord, ni cobra-cappel comme Le Cap ; mais Saint Domingue a des caïmans.

Je me rappelle avoir entendu raconter à mon père, – j'étais bien enfant, puisque mon père est mort en 1806 et que je suis né en 1802 –, je me rappelle, dis-je, avoir entendu raconter à mon père qu'un jour, revenant à l'âge de dix ans de la ville à l'habitation, il avait vu, à son grand étonnement, étendu au bord de la mer, une espèce de tronc d'arbre qu'il n'avait pas remarqué en passant au même endroit deux heures auparavant ; il s'était alors amusé à ramasser des cailloux et à les jeter au soliveau ; mais tout à coup, au contact de ces cailloux, le soliveau s'était réveillé : le soliveau n'était rien autre chose qu'un caïman qui dormait au soleil.

Les caïmans ont le réveil maussade, à ce qu'il paraît ; celui dont il est question avisa mon père et se prit à courir après lui. Mon père, véritable enfant des colonies, fils des plages et des savanes, courait bien ; mais il paraît que le caïman courait ou plutôt sautait encore mieux que lui, et cette aventure eût bien pu me laisser à tout jamais dans les limbes, si un nègre qui mangeait des patates, posé à califourchon sur un mur, n'eût vu ce dont il s'agissait, et crié à mon père, déjà fort essoufflé :

- Petit monsié, couri droit ! petit monsié, couri gauche !

Ce qui, traduit du créole en français, voulait dire : « Mon petit monsieur, courez en zigzag » ; genre de locomotion tout à fait antipathique à l'organisation du caïman, qui ne peut que courir droit devant lui, ou sauter à la manière des lézards.

Grâce à ce conseil, mon père arriva sain et sauf à l'habitation. Mais en arrivant comme le Grec de Marathon, il tomba hors d'haleine, et peu s'en fallut que ce ne fût, comme lui, pour ne plus se relever.

Cette course, dans laquelle l'animal était le chasseur et l'homme le chassé, avait laissé une profonde impression dans l'esprit de mon père. » (Mes Mémoires, chapitre II)

  Et voici les Mémoires, en volumes brochés, et dans la belle édition reliée rouge (moi, j’ai la verte) chez A. Le Vasseur  et Cie, 33, rue de Fleurus, 33. Avec le portrait de Dumas dodu, sa plume à la main devant son écritoire, incrusté dans la toile de la couverture.

Lecteur, si tu passes par Villers-Cotterêts, n'oublie pas d'aller saluer Dumas en sa maison.

mercredi, septembre 28 2011

Kydônia mala ou cotoneum malum

Le coing, quoi.


C’est une année à coings. Des cognassiers (l’arbre à cognac, m’a dit un jour une gamine !), j’en ai croisé des dizaines cet été sur les routes du Tarn, dans les haies ou au coin(g) des clôtures, il semble bien avoir cette fonction de borne qu’il doit à la profondeur de ses racines, j’ai lu ça quelque part, un jour. Le cognassier au coin(g) de la maison croule sous les fruits. Je les entendais tomber, lourdement, l’autre jour, de mon hamac. D’où ces quelques images, et les recettes du bon Dumas. Une brouette pleine est stockée en ce moment sous le porche. Quand on rentre, on est saisi par cette odeur si délicate, proche un peu de celle du seringa, exquise.

                                                              

dimanche, février 22 2009

''Après le plaisir de posséder des livres, il n'y en a guère de plus doux que d'en parler''

Cité en exergue à Des Bibliothèques pleines de fantômes de Jacques Bonnet, que j'entame. La phrase, que j'eusse aimé connaître plus tôt, est de Nodier, bibliothécaire s'il en fut, et bibliomane.

Le personnage est évoqué dans un épisode savoureux des Mémoires de Dumas (père) - dont j'ai déjà parlé ici - qui relate sa rencontre de jeune parisien novice, au Théâtre de la Porte Saint Martin, avec « Un monsieur poli qui lit un Elzévir ».

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mercredi, avril 30 2008

Il y a un plaisir tout particulier à lire des pavés.

Cinq cents pages et plus. Ces romans-univers dont la lecture est aussi un défi. Parce qu’il faut trouver assez de temps – et de solitude – pour en avaler d’une traite le tout ou au moins une grande partie, parce qu’ils pèsent un âne mort dans le sac où on est obligée de les transporter partout pour ne pas perdre une miette de lecture à la moindre pause, parce qu’il faut trouver pour s’installer la position idéale sans qu’ils se referment sur le premier ou le dernier quart – comment diable font ceux qui ne cassent pas les dos des livres ? – assise devant une table, c’est une position trop austère pour la durée requise, adossée à des oreillers, ça va, mais couchée, c’est difficile, le livre se tord, les pages échappent… à plat ventre, le bouquin appuyé au mur, un oreiller bourré sous le menton, ce n’est pas mal – lire à plat ventre, vieille habitude de l’enfance…

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mercredi, août 22 2007

Le prince des causeurs

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Dévéria puis Nadar : Dumas dandy, Dumas dodu

Je ne sais pas si les éventuels promeneurs de ce blog auront eu la curiosité de cliquer sur le lien déposé plus bas, à propos de Vallès, avec les œuvres d’Alexandre Dumas père, et en particulier, avec Mes Mémoires. Moi, je l’ai fait, pour le seul plaisir de relire le récit pétillant de son initiation aux mœurs des théâtres à son arrivée à Paris. Ce qui m’amène donc, pour battre le fer, à vous parler des Mémoires de Dumas. Énorme ouvrage, republié chez Bouquins (1989). Somme sur la fin du XVIIIe, et sur les débuts du XIXe, car Dumas remonte sa généalogie et évoque avant la sienne propre la figure de son père, le Général Alexandre Dumas, athlète et homme de guerre à la vie hautement romanesque, fils bâtard d’un petit marquis déclassé et d’une esclave haïtienne, général révolutionnaire puis napoléonien, brouillé avec le grand homme pendant l’expédition d’Égypte, empoisonné dans les geôles de Naples, amant de Pauline Bonaparte, mort des suites de son empoisonnement chez lui à Villers-Cotterêts où il avait épousé une bourgeoise du cru.

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