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lundi, mai 19 2008

Albert Cohen - Belle du Seigneur

Roman haï des uns, adoré des autres. Ignorons à tout jamais l’approbation très officielle qu’il a un jour reçue d’un qui ne fraye guère avec les livres - encore moins avec les pavés, échos pour lui d’une époque honnie, celle justement, de la publication de cet énorme volume, par moi découvert huit ans plus tard, et d’emblée adoré. Parce qu'il déborde de toutes parts, parce que c’est un livre-univers, un livre-océan, un livre excessif.

Certes l’héroïne, Ariane, ne rayonne pas d'intelligence. Elle est même complètement idiote, dès le début, avec ses petites mignardises sur les animaux et les chéris et ses interminables monologues de baignoire – chers au cœur de quiconque lit dans son bain, ô l’art de tourner le robinet d’eau chaude avec les orteils !... Mais enfin, les idiotes courent les rues, et personne ne nous oblige à nous identifier à Ariane, pas plus qu'à Solal, grands dieux ! dont je ne crois pas que l'on puisse prendre les sempiternelles déclamations machos au pied de la lettre, et qui fait preuve d'une singulière incapacité à orienter autrement leur histoire perverse et pourrie. Qui l'oblige à venir remplir son devoir quand elle le convoque à coups de Voi che sapete?

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mercredi, avril 30 2008

Il y a un plaisir tout particulier à lire des pavés.

Cinq cents pages et plus. Ces romans-univers dont la lecture est aussi un défi. Parce qu’il faut trouver assez de temps – et de solitude – pour en avaler d’une traite le tout ou au moins une grande partie, parce qu’ils pèsent un âne mort dans le sac où on est obligée de les transporter partout pour ne pas perdre une miette de lecture à la moindre pause, parce qu’il faut trouver pour s’installer la position idéale sans qu’ils se referment sur le premier ou le dernier quart – comment diable font ceux qui ne cassent pas les dos des livres ? – assise devant une table, c’est une position trop austère pour la durée requise, adossée à des oreillers, ça va, mais couchée, c’est difficile, le livre se tord, les pages échappent… à plat ventre, le bouquin appuyé au mur, un oreiller bourré sous le menton, ce n’est pas mal – lire à plat ventre, vieille habitude de l’enfance…

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