Roman haï des uns, adoré des autres. Ignorons à tout jamais l’approbation très officielle qu’il a un jour reçue d’un qui ne fraye guère avec les livres - encore moins avec les pavés, échos pour lui d’une époque honnie, celle justement, de la publication de cet énorme volume, par moi découvert huit ans plus tard, et d’emblée adoré. Parce qu'il déborde de toutes parts, parce que c’est un livre-univers, un livre-océan, un livre excessif.
Certes l’héroïne, Ariane, ne rayonne pas d'intelligence. Elle est même complètement idiote, dès le début, avec ses petites mignardises sur les animaux et les chéris et ses interminables monologues de baignoire – chers au cœur de quiconque lit dans son bain, ô l’art de tourner le robinet d’eau chaude avec les orteils !... Mais enfin, les idiotes courent les rues, et personne ne nous oblige à nous identifier à Ariane, pas plus qu'à Solal, grands dieux ! dont je ne crois pas que l'on puisse prendre les sempiternelles déclamations machos au pied de la lettre, et qui fait preuve d'une singulière incapacité à orienter autrement leur histoire perverse et pourrie. Qui l'oblige à venir remplir son devoir quand elle le convoque à coups de Voi che sapete?