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mercredi, avril 30 2008

Il y a un plaisir tout particulier à lire des pavés.

Cinq cents pages et plus. Ces romans-univers dont la lecture est aussi un défi. Parce qu’il faut trouver assez de temps – et de solitude – pour en avaler d’une traite le tout ou au moins une grande partie, parce qu’ils pèsent un âne mort dans le sac où on est obligée de les transporter partout pour ne pas perdre une miette de lecture à la moindre pause, parce qu’il faut trouver pour s’installer la position idéale sans qu’ils se referment sur le premier ou le dernier quart – comment diable font ceux qui ne cassent pas les dos des livres ? – assise devant une table, c’est une position trop austère pour la durée requise, adossée à des oreillers, ça va, mais couchée, c’est difficile, le livre se tord, les pages échappent… à plat ventre, le bouquin appuyé au mur, un oreiller bourré sous le menton, ce n’est pas mal – lire à plat ventre, vieille habitude de l’enfance…

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jeudi, août 16 2007

De Jim Harrison, [-suis-je sentimentale? - oui.] j'ai adoré ''Dalva''

histoire d'une femme tricotée avec l'histoire de l'Amérique. C'est un grand roman passionnant et émouvant, qui sonne juste, sincère, fraternel.

Dalva, c’est un immense roman qui mêle l'histoire de Dalva, belle femme généreuse et mûre qui porte en elle "une jeune fille en pleurs" et une complexe histoire de famille qui est aussi l'histoire de l'Amérique, depuis les guerres indiennes (elle a 1/8ème de sang indien, et son arrière-grand-père a joué un rôle tout à fait singulier dans la tentative de sédentariser les indiens par l'agriculture - son journal est l'objet de la rencontre entre Dalva et l'universitaire Michael, à qui elle le confie pour en faire l'étude et l'édition -) jusqu'à l'Amérique d'aujourd'hui avec ses émigrants mexicains et ses campagnes désertées, en passant par la guerre du Viet-Nam.
Dalva a donc grandi dans une immense propriété agricole, dans une famille d'excentriques cultivés et cosmopolites, très librement jusqu'à sa rencontre avec Duane, le métis d'indien à demi-sauvage, qui est aussi, plus encore qu'elle ne le pense, son alter ego.
Le roman regorge de figures attachantes, pittoresques et bien campées, le vieux norvégien (son nom m'échappe et naturellement le roman n'est pas à sa place sur les étagères - Lundqist ?) ivrogne, paillard et pieux est particulièrement réussi, sans parler de la jeune hystérique ambitieuse et impudique qui va faire perdre à Michael tout contrôle de lui-même, ou de Ruth, la soeur de Dalva et ses aventures sentimentales foireuses ou encore de leur mère, Naomi, généreuse, ouverte et passionnée d'oiseaux. Il y a beaucoup d'oiseaux, et de gravures d'Audubon, mais aussi de chiens et de chevaux dans Dalva.

C'est un roman ample, romanesque, généreux.

Harrison a publié, des années plus tard, la suite de Dalva, La route du retour, mais la seule chose dont je me souvienne, c'est d'un certain nombre de désinvoltures de traduction qui m'ont fort irritée, Brice Matthieussent étant censé être, outre le traducteur de JH, son ami! L'impression du gars qui fait son beurre sur le dos du copain. Peut-être quand même cet opus-là était-il plus faible?