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mardi, avril 28 2009

Philippe Doumenc - Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary

Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary m’a fait un clin d’œil, samedi, sur une table de librairie. Depuis le temps que je voulais le lire. La couverture est très jolie : La Somnolente de Friedrich Von Amerling : joues roses, longue chevelure noire dénouée sur oreiller crème, tenture rouge qui éclaire de son reflet la carnation du visage… pour le reste, c’est quand même difficile de s’attaquer à Flaubert. Je ne dis pas que, hors contexte, cette historiette pas trop mal menée et assez bien écrite n’aurait pas fait en moins élaboré un joli petit polar à la Rouletabille, que j’eusse lu sans arrière-pensées. Mais là. Même si l’histoire contée est censée se dérouler avant que Flaubert ne rédige son roman, en 46 donc, le lecteur de Madame Bovary a du mal à le suivre. Une Emma coureuse et vénale, des parties fines, une jeune « Marie » Homais compromise. Ça jure, malgré les portraits, avec un univers trop familier, trop accompli, trop plein. Il y a un joli hommage à Flaubert à la fin. Mais à la différence du Madame Homais de Sylvère Monod ici chroniqué autrefois (et depuis bien longtemps introuvable), qui détournait Flaubert à la manière de Flaubert, sur un mode enjoué et malicieux, et m’avait emportée, Contre-enquête m’a laissée sur le bord de la route. Un roman, en somme, gentiment présomptueux.

mercredi, avril 30 2008

Il y a un plaisir tout particulier à lire des pavés.

Cinq cents pages et plus. Ces romans-univers dont la lecture est aussi un défi. Parce qu’il faut trouver assez de temps – et de solitude – pour en avaler d’une traite le tout ou au moins une grande partie, parce qu’ils pèsent un âne mort dans le sac où on est obligée de les transporter partout pour ne pas perdre une miette de lecture à la moindre pause, parce qu’il faut trouver pour s’installer la position idéale sans qu’ils se referment sur le premier ou le dernier quart – comment diable font ceux qui ne cassent pas les dos des livres ? – assise devant une table, c’est une position trop austère pour la durée requise, adossée à des oreillers, ça va, mais couchée, c’est difficile, le livre se tord, les pages échappent… à plat ventre, le bouquin appuyé au mur, un oreiller bourré sous le menton, ce n’est pas mal – lire à plat ventre, vieille habitude de l’enfance…

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lundi, mai 14 2007

"On peut par exemple récrire ‘Madame Bovary’ en quittant le point de vue d'Emma".....

En 1987 paraissait un charmant ouvrage, j'ignore s'il est encore disponible (je crains que non…). Brodant sur une remarque de Genette: « On peut par exemple récrire ‘Madame Bovary’ en quittant le point de vue d'Emma », Sylvère Monod, traducteur talentueux de Dickens et de Conrad, entre autres, publiait chez Belfond Madame Homais, ou les aventures de Marie Hommet, épouse du sinistre imbécile qu'est le pharmacien d'Yonville, ou plutôt de Ry, Auguste Hommet dans le roman. Enchaînant sur le dernier chapitre de Madame Bovary, où Homais se prépare à recevoir la croix d'honneur, le roman s'ouvre sur les préparatifs de la cérémonie. C'est le pharmacien qui prépare lui-même anonymement l'article destiné au « Journal Normand » : L'apothéose d'un apothicaire...

La vie de Marie Hommet, femme discrète mais malicieuse et décidée, s'écoule à Ry entre l'arrivée et la mort de Delphine Bivarot, et après, jusqu'à la publication du  scandaleux ouvrage d'un certain Flaubert, Madame Bovary. Ouvrage dont les effets seront aussi imprévus que dévastateurs.

Si vous tombez dessus, ne boudez pas votre plaisir: c'est érudit sans pédanterie, malicieux à souhait, alerte et plein de surprises. On sourit,  c'est une forme de revanche solitaire contre la prédominance des cuistres incultes de tout poil.