De ceux, dont je suis, (dont nous sommes, dans la famille), qui faisant litière de toutes les résolutions raisonnables – j’arrête d’acheter des livres, je vais les emprunter à la bibliothèque – voient progressivement leur espace vital colonisé par des piles toujours plus hautes, chancelantes, envahissantes, improbables, poussiéreuses, appuis de fenêtres, escaliers, tables de chevet… de livres de tout poil qu’il faudra en outre un jour ranger sur des étagères, et là intervient le problème crucial du classement, dont Jacques Bonnet, auteur de ce savoureux Des bibliothèques pleines de fantômes, évoque les mille et une possibilités, toutes vouées, un jour ou l’autre, au dérangement pour cause de dérogation, de catégorie hybride, d’affinités imprévues. Le spectre du désordre au cœur de l’ordre, de la subjectivité au cœur de la rationalité, du foisonnement anarchique ou du débordement incontrôlable. « La parfaite maîtresse de maison veillera à ce que les œuvres des auteurs hommes et femmes soient décemment dissociées et placées sur des rayons séparés », non ce n’est pas une blague, c’est un article du règlement d’une bibliothèque anglaise, à l’époque victorienne…
vendredi, février 27 2009
Où j’ai découvert qu’il est un « saint patron » des entasseurs de livres.
Par Agnès Orosco le vendredi, février 27 2009, 21:00 - Littératures française et francophones