Les Cordons du poêle - Westlake suite

Très bien le site de Westlake. Sur lequel il est encore en vie et c'est tant mieux. Si vous voulez savoir sous combien de pseudos il a écrit ses innombrables bouquins, allez voir sa biblio, il y a déjà ces six-là : Donald Westlake, Richard Stark, Tucker Coe, Curt Clark, Samuel Holt, Edwin West, et ce n'est pas tout, la mort de Westlake, c'est une véritable hécatombe dans le monde des lettres !
A présent, poursuivons notre lecture :
Un autre épisode, un peu plus loin. Pour tenter de récupérer l’émeraude qu’ils ont volée mais dissimulée par obligation dans un commissariat de police, Dortmunder et ses copains escrocs viennent d’attaquer, en hélico et par les toits, ledit commissariat :

(…)et le lieutenant de service, fort décontracté en cette période d’activités ralenties sur laquelle avait compté Dortmunder, était en train de feuilleter les rapports des inspecteurs, à la recherche de détails croustillants, quand des policiers commencèrent à faire irruption dans son bureau.
Le premier, en fait, entra assez calmement. C’était le standardiste, et il annonça :
- Monsieur, le téléphone ne marche plus.
- Oh ? Alors, il faut appeler la compagnie du téléphone pour qu’elle le répare, pronto.
Il aimait le mot « pronto », qui lui donnait l’impression d’être Sean Connery. Il décrocha l’appareil pour appeler la compagnie du téléphone, mais quand il le porta à son oreille, il n’y avait aucune tonalité. Il s’aperçut alors que le standardiste le dévisageait.
- Oh ! fit-il. Oh, oui, et il raccrocha.
Il fut sauvé, momentanément, par le policier du service radio, qui arriva en courant, l’air sidéré, pour annoncer :
- Monsieur, on brouille notre antenne !
- Quoi ?
Le lieutenant avait bien entendu, mais ces mots n’avaient pour lui aucune signification.
- Nous ne pouvons ni émettre ni recevoir, précisa le policier. Quelqu’un utilise un brouilleur d’écoutes, je peux vous le dire, on a eu ça dans le Pacifique Sud.
- Il y a une panne quelconque, dit le lieutenant, c’est tout. (Il était inquiet, mais ne voulait à aucun prix le montrer.) il doit y avoir quelque chose de cassé, tout bonnement.
Une explosion retentit quelque part dans l’immeuble.
Le lieutenant se leva d’un bond.
- Mon Dieu, qu’est-ce que c’est ?
- Une explosion, monsieur, répondit le standardiste.
Il y eut une autre explosion.
- Deux explosions, ajouta le spécialiste radio. Monsieur.
Il y eut une troisième explosion.
Un policier entra en courant et en vociférant :
- Des bombes ! dans la rue !
Le lieutenant fit rapidement un pas vers la droite, puis un pas vers la gauche.
- La révolution, bafouilla-t-il. C’est une révolution. Ils commencent toujours par les commissariats !

Un autre policier fit irruption en hurlant :
-         
Des gaz lacrymogènes dans l’escalier, monsieur ! et quelqu’un a fait sauter l’escalier entre le troisième et le quatrième étage !
-          Mobilisation, glapit le lieutenant. Appelez le gouverneur ! appelez le Maire ! (il empoigna le téléphone.) Allô ! Allô ! état d’alerte !

Un autre policier arriva en trombe.
-          Monsieur, il  y a un incendie dans la rue ! cria-t-il.
-          Un quoi ? un quoi ?
-          Une bombe a heurté une voiture en stationnement. Elle est en train de brûler.
-          Des bombes ? des bombes ? (Le lieutenant examina le téléphone qu’il tenait encore à la main, puis le rejeta d’un geste brusque comme s’il venait de lui pousser des dents.) Sortez les fusils anti-émeutes ! hurla-t-il. Rassemblez tout le personnel au rez-de-chaussée, au galop ! je veux un volontaire pour porter un message à travers les lignes ennemies !
-          Un message, monsieur ? à qui ?
-          À la compagnie du téléphone, pardi ! il faut que j’appelle le capitaine !

Je ne sais pas insérer de smileys sur ce blog. C’est dommage, j’en ai un dans mes archives qui représente un petit personnage se roulant de rire. Le commentaire exact de ce que m’inspire ce petit fragment de scène hautement burlesque. Merci donc à Westlake d’avoir, dans l’énorme masse de sa production effrénée, pondu quelques petits bijoux de drôlerie, propres à lutter contre toutes les sinistroses. Mort ou pas, je le range à tout jamais sur les rayons des auteurs reconstituants, si rares par les temps qui courent. C’est, je crois, dans la préface à Lévine que Westlake raconte comment, un jour, la mécanique d’un de ses romans noirs lui a échappée, lui ouvrant la porte du burlesque. Quant à Dortmunder, j’espère qu’il réapparaît dans le dernier Westlake. Parce que sinon, sa dernière apparition sera Les Sentiers du désastre, qui se solde par un authentique fiasco. C’est quand même pas de veine, décidément.

Après consultation du site, oui. Il y en a deux autres : Watch your back, et depuis mai dernier : What's So Funny ?. En attendant qu'ils soient traduits, je me ferais bien une petite rétrospective de Westlake au cinéma, il y a de quoi faire, semble-t-il (source, le site, avec les commentaires de l'auteur):

The Jugger 1966 in France, as Made In USA - Point Blank 1967 from The Hunter, remade as Payback 1999 - The Busy Body 1967 - The Score 1967 in France, as Mise a Sac - The Seventh Split 1968 - The Hot Rock 1972 (Les Quatre malfrats) - Cops And Robbers 1973 - Bank Shot 1974 - The Outfit 1974 - Jimmy the Kid 1983 remade in Germany 1999 don't know the title - Two Much 1984 in France, as The Twin, remade in USA as Two Much 1996 - Slayground 1984 - Why Me 1990 - Dancing Aztecs 1996 in France, don't know the title - A Travesty (part of the volume Enough) 1999 cable movie A Slight Case of Murder - What's the Worst That Could Happen? 2001 as What's the Worst That Could Happen?


- Well, the worst did happen, as it seems.

 

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