Donald Westlake - Mémoire Morte

Il y avait Speak, Memory, de Nabokov, que je n’ai pas encore lu, d’ailleurs. Et puis j’ai trouvé sur le bureau de mon frère Memory tout court, un Westlake récent dont j’ignorais l’existence, y compris en anglais – c’était un inédit, semble-t-il. En français Mémoire Morte, bien traduit par Gérard de Chergé. Ce n’est pas le roman le plus réjouissant de Westlake. Car justement, la mémoire de Paul Edwin Cole ne parle plus, ou si peu. Sorti de l’hôpital après un coup violent sur la tête (flagrant délit d’adultère, années 60 ?), il se retrouve dépossédé de son histoire, seulement parcouru çà et là par quelques insaisissables réminiscences. Arrivé avec ses quelques dollars de rabe dans une petite ville ouvrière, il s’embauche à la tannerie, tire le diable par la queue, établit cependant quelques fragiles relations, y compris avec une jeune fille gauche et sans beauté, qui ravive en lui le désir. Paul s’entoure de toutes parts de petits papiers aide-mémoire, pour baliser nouvelle et ancienne vie, et tente désespérément de retrouver « l’autre côté du miroir ». C’est peut-être un peu long, car la chronique de gestes - ici légitime puisque ce sont les gestes qui ancrent Paul dans le monde – est omniprésente. C’est, encore, une histoire de « bewilderment[1] », dans un monde presque totalement inapte à l’attention ou à une réelle compassion. Une histoire d’« étranger », désespérante, désespérée.



[1] Perplexité ? selon les termes de Westlake lui-même : « I believe my subject is bewilderment. But I could be wrong... »

 

 

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