Westlake - Voleurs à la douzaine

« Ils pénétrèrent dans une longue construction dotée d'une large allée centrale en béton, parsemée de boue et de paille. Quelques ampoules de faible voltage pendaient des poutres en bois brut au-dessus de l'allée et des séparations en bois, à mi-hauteur, bordaient les deux côtés. C'étaient les stalles, occupées aux deux tiers.

En traversant cette première écurie, Dortmunder apprit plusieurs choses au sujet des chevaux : 1) Ils sentent mauvais. 2) Ils respirent, bien plus que tout ce qu'il avait rencontré jusqu'alors dans sa vie. 3) Ils ne dorment pas, même la nuit. 4) Ils ne s'assoient même pas. 5) Ils s'intéressent beaucoup aux gens qui passent. Et 6) ils ont des cous extrêmement longs. Quand deux chevaux qui se trouvaient de chaque côté de Dortmunder, chacun dans sa stalle, tendirent la tête vers lui en retroussant leurs grosses lèvres noires pour montrer leurs énormes dents carrées semblables à des pierres tombales, en reniflant et en soufflant avec leurs narines qui ressemblaient à des canons de fusil, et le mettant en joue, il s'aperçut que l'allée n'était pas si large que ça, finalement.

''Bon sang'', dit Kelp, ce qui ne lui arrivait pas souvent. »


Dortmunder à la campagne, sollicité pour voler « Le Mauvais cheval » - c'est le titre de la nouvelle -, un étalon du tonnerre de dieu, destiné à enrichir une lignée de claquettes par quelques saillies clandestines, vous y auriez pensé ?

Ce sont des nouvelles. Il y en a douze (le recueil s'intitule Voleurs à la douzaine – Thieves'dozen), et je les ai trouvées hier soir sur l'étagère de ma chambre de passage, juste avant de m'effondrer. Je n'en ai lu que quatre, mais je n'attendrai pas une minute (ni un ordinateur en état de marche, le mien ayant collapsé, alas!) pour témoigner de ma jubilation. Et dire que j'ignorais jusqu'à l'existence de ce recueil pourtant publié en 2004 par Westlake, en 2008 par Rivages, et en 2011 pour l'édition de poche, à croire que Stéphane-de-Pages-d'Encre aurait oublié mes monomanies, quant à Sylviane, la pauvre, qui connaissait son rayon poche comme le fond de la sienne, elle a été reléguée au rayon « livres scolaires » ! Si c'est pas du pur gâchis !!!

Il y a a une préface de l'auteur, qui conte de quelle façon est née la première de ces nouvelles, publiée en 1981 dans Playboy, puis comment elles se sont ajoutées les unes aux autres jusqu'à constituer un recueil, (et les préfaces de Westlake sont toujours très enlevées, même quand elles évoquent les mêmes faits de façon légèrement différente). Je viens donc d'en lire quatre : celle de Dortmunder avec l'homme élégant, dont le sujet présente quelques liens de parenté avec Et vous trouvez ça drôle ? - mais je n'en dirai pas plus, elle s'intitule A question idiote... Le fameux Mauvais cheval, celle « du tunnel » : Trop d'escrocs, et encore Le Songe d'un jour d'été, avec tête d'âne, comme il se doit. Eh bien, Dortmunder s'accommode à merveille de la forme brève, et ce petit recueil va sans l'ombre d'un doute ensoleiller mon brumeux dimanche, et très bientôt, je l'espère, ceux, clairs ou brumeux, de mes lectrices et lecteurs (s'il y en a, car les seuls commentaires que je relève, et détruise avec accablement, ces temps derniers, sont des salves de « porn » et autres « diets » ou « clothes » ads qui me sapent le moral). A la suivante ! C'est L'Entraînement de Dortmunder. Voyons vite où il nous emmène.

Ma foi, la suite est dans l'ensemble très réjouissante, ça y est, j'ai terminé. Noter que dans la nouvelle intitulée A Votre bon cœur, Dortmunder encore une fois en mauvaise posture se retrouve à disputer, dans une magnifique bibliothèque, avec un libraire et des copains à lui, une partie de poker pour  "remplacer Don, retenu par un repas de Noël". Don... ald ? Et voilà le personnage un moment superposé à son créateur. Clin d’œil, aux copains, et aux lecteurs attentifs...

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