Westlake - Les sentiers du désastre
Par Agnès Orosco le jeudi, janvier 1 2009, 15:53 - Littératures anglophones - Lien permanent
Je sais pas si vous voyez le topo : je finis l’année avec Gyp (à fuir), et je vais ouvrir la nouvelle avec un bouquin qui s’appelle Les Sentiers du désastre (The Road to ruin). Prions le Ciel qu’il ne s’y cache aucun présage…
C’est un Westlake, et même un Dortmunder, sorti en 2004, et que je viens seulement de découvrir. « Un très grand Westlake », a dit le critique de ''Lire'' cité en 4ème de couv’, avec une des ''Inrocks'' Il n’ont pas dû en lire beaucoup. Il y a un méchant, Monroë Hall, un type riche qui a entubé tout le monde toute sa vie, mais qui a la suite de sa dernière escroquerie majeure ne peut même plus mettre le nez hors de sa splendide propriété de Pennsylvanie sous peine de se faire molester par à peu près tous les habitants de l’État. Ce méchant, dont tout le monde veut tirer vengeance pour toutes sortes de raisons diverses et également bonnes, est entre autres un collectionneur, et c’est là que Dortmunder, Kelp et quelques autres interviennent : il s’agit de lui piquer sa collection de bagnoles. Ce pourquoi Dotmunder va devoir se muer en majordome, et Kelp en secrétaire particulier. Quant à Murch, il sera chauffeur, qui pourrait en douter ? Seulement voilà, la bande de Dortmunder n’est pas la seule sur le personnage, d’autres rôdent, qui ont pour plan de l’enlever.
Il y a tout ce qu’il faut pour faire un bon Dortmunder : un lieu inaccessible où il s’agit d’entrer, un « trésor » difficile à voler, des personnages de gag, des « bandes rivales » qui s’ignorent… mais le bouquin se traîne, parce que Westlake fait du Westlake. Le pire étant Murch, qui n’ouvre pas la bouche pour autre chose que pour débiter des itinéraires. Habituellement, ça me fait rire. Là, c’est tellement systématique que c’est lourdingue. On retrouve d’autres romans à peine recyclés, en moins drôle, comme dans l’épisode du kidnapping, qui rappelle en beaucoup moins bien Jimmy The Kid. L’intrigue s’effiloche, on en perd des bouts au fil du roman, et des personnages avec, dont la copine de Kelp, une certaine Anne Marie qui a de l’idée et un certain sens des mondanités, une fille plutôt sympathique. C’est elle qui branche la bande sur Jim Green, le recycleur d’identités, un type qu’on oublie même quand on l’a devant les yeux. Une assez bonne idée, ce personnage, lui aussi perdu en cours de route.
Bref, un roman bien ficelé. Mais surfait. Juste un roman de gare. Un Westlake très moyen. Pas un désastre, non, ni même, espérons-le, les premiers pas sur le sentier qui y mène. M’enfin, pour un début d’année, c’est pas un grand cru… mauvaise piquette.