"On peut par exemple récrire ‘Madame Bovary’ en quittant le point de vue d'Emma".....

En 1987 paraissait un charmant ouvrage, j'ignore s'il est encore disponible (je crains que non…). Brodant sur une remarque de Genette: « On peut par exemple récrire ‘Madame Bovary’ en quittant le point de vue d'Emma », Sylvère Monod, traducteur talentueux de Dickens et de Conrad, entre autres, publiait chez Belfond Madame Homais, ou les aventures de Marie Hommet, épouse du sinistre imbécile qu'est le pharmacien d'Yonville, ou plutôt de Ry, Auguste Hommet dans le roman. Enchaînant sur le dernier chapitre de Madame Bovary, où Homais se prépare à recevoir la croix d'honneur, le roman s'ouvre sur les préparatifs de la cérémonie. C'est le pharmacien qui prépare lui-même anonymement l'article destiné au « Journal Normand » : L'apothéose d'un apothicaire...

La vie de Marie Hommet, femme discrète mais malicieuse et décidée, s'écoule à Ry entre l'arrivée et la mort de Delphine Bivarot, et après, jusqu'à la publication du  scandaleux ouvrage d'un certain Flaubert, Madame Bovary. Ouvrage dont les effets seront aussi imprévus que dévastateurs.

Si vous tombez dessus, ne boudez pas votre plaisir: c'est érudit sans pédanterie, malicieux à souhait, alerte et plein de surprises. On sourit,  c'est une forme de revanche solitaire contre la prédominance des cuistres incultes de tout poil.

 

 

Commentaires

1. Le vendredi, juin 8 2007, 23:28 par Agnès O

J'apprends en écoutant Jean-Yves Tadié (diction précieuse, érudition admirative, grand talent de conteur) que Sylvère Monod, le traducteur de Dickens - et celui de Walter Scott, aussi, c'est l'objet de l'émission - et l'auteur de ce roman élégant et drôle, est mort. Hommage à lui.

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