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dimanche, novembre 21 2010

Cueco, le retour

J’adore Cueco. Sa voix râpeuse, sa diction à la fois un peu détachée, ironique, et chaleureuse. Sa culture, toujours manifestée avec humour.

« LSD, Léger Strabisme Divergent, regards tordus sur la peinture », avec des descriptions décalées de tableaux célèbres, c’était un des jeux des Papous dans la Tête au temps de Bertrand Jérôme. Je l’ai écouté des années durant, illuminée de plaisir, et quelle joie aujourd’hui de le retrouver aux Papous après une longue absence ! j’y apprends qu’il a publié récemment un livre : Le Chien Boomerang – les chiens font partie de la mythologie intime de Cueco (peut-être la toile ci-dessous vous rappelle-t-elle quelque chose ?).

Je vais m’empresser de lire ce bouquin, car Cueco est aussi un conteur aimable et facétieux. Il y avait l’été dernier au Musée de Montauban son hommage à Ingres, inlassable série de séries de détails issus de l’œuvre de celui qu’il considère comme un maître, à la façon d’un Andy Warhol qui serait revenu, en quelque sorte, au dessin artisanal. Hommage assorti d’une rétrospective de son œuvre, dont je prise particulièrement la frénésie de dessin, celle du « collectionneur de collections », ou celle des immenses formats hyper réalistes, tel ce motard solaire, au crayon. Lisez, écoutez, regardez Cueco, créateur fécond, plein d’une fantaisie grave et joyeuse.









Après ''La leçon de natation'', réinterpétation libre de Philippe de Champaigne, c’est le ''Sardanapale'' de Delacroix qui est relu en mode canin....

lundi, août 30 2010

Bettencourt, l’autre

Les ballons

Au printemps, leurs femmes gonflent comme des ballons et s’envolent. Les maris doivent les tenir en laisse avec un cordon. A la terrasse d’un café, on les rencontre ainsi par trois ou quatre attablés, leur laisse à la main. Vingt ou trente mètres au-dessus d’eux, s’ils ont bien voulu donner de la longueur, leurs femmes sont en train de faire salon. « Amène-la, me disait mon voisin, qu’on voie un peu la tête qu’elle a. » Mais nous eûmes beau nous y suspendre à trois, rien n’y fit.

Les maris pendant cette période ont une démarche légère, leurs pieds posent à peine sur le sol. Mais, qu’arrive un mauvais plaisant qui coupe la corde, adieu la mère de nos enfants. Portée par les alizés, elle ira se perdre au-dessus des océans, dans ce domaine de rêve et de légende qui leur sert de halo. (avec la voix de Pierre Mondy)

Pierre Bettencourt -
Fumeur de pipe observé par un enfant peau-rouge
, 1969

Ecoutant, sourire aux lèvres, d’antiques émissions de France Culture  Mi-Fugue, mi-raisin (1976 !), par mon cher Bertrand Jérôme - je tombe sur une « fable » ( ? les « Fables Fraîches pour lire à jeun » ont été publiées en 1986, je ne sais donc pas quelle était la source de Bertrand Jérôme en 76, la revue Bizarre ?), puis deux, puis trois, de Bettencourt. Le nom ayant investi depuis quelques mois les ondes radiophoniques et les médias pour de fort nauséabondes raisons, un œil sur gougueule me fait découvrir l’existence d’un Pierre Bettencourt, beau-frère désormais défunt (2006) de madame-qui-défraie-la-chronique. Et la découverte en vaut la peine. Imprimeur et éditeur confidentiel pendant la guerre d’Artaud, Michaud, Ponge, il était aussi écrivain et peintre ? plasticien ?, ami de Dubuffet, auteur d’une œuvre marquée de sauvagerie et de sadisme en quelque sorte policés, apprivoisés ? Les textes sont brefs, cocasses, enlevés, étranges. Il y a une intéressante interview du Matricule des Anges en 97, où vous en découvrirez assez, je l’espère, pour avoir envie, comme moi, de pousser plus loin l’investigation http://www.lmda.net/mat/MAT01983.html .

Découverte de la Chine par une jeune souris montée sur un cheval jaune, 1969

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jeudi, août 5 2010

« Le vers de mirliton est un art distingué et subtil, qui permet de passer pour un crétin aux yeux des imbéciles ».

Cet aphorisme tient lieu d’épigraphe à Ubu à l’Elysée, dernier opus de Claude Semal, comédien, marionnettiste, chanteur, auteur dramatique belge, dont les deux spectacles auxquels j’ai assisté, celui-ci et Œdipe à la ferme, avec poulets, poireaux et autres légumes, m’ont fait rire aux larmes. C’était à l’inénarrable Festival des Comiques agricoles, à Beauquesne, Somme.

Lequel aphorisme me paraît convenir à merveille au petit bijou ci-dessous, découvert, grâce à des amis, précieux collectionneurs d’émissions de radio, dans un numéro d’Allegro .... Ma non troppo de 1976. Allegro ... Ma non troppo était, avant Les Décraqués, et Les Papous dans la tête, toujours animés le dimanche par Françoise Treussard, une émission littéraire de Bertrand Jérôme, inoubliable homme de radio, infatigable découvreur et éveilleur de talents, dont ces petits joyaux de deux fois une demi-heure ont accompagné les dimanches de ma jeunesse.

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vendredi, novembre 14 2008

François Caradec est mort hier.

Pour moi, c’était avant tout une voix râpeuse, gouailleuse avec élégance. Celle d’un des compagnons de toujours de Bertrand Jérôme, chef d’orchestre de la seule émission de radio que j’aie toujours écoutée : les Décraqués (enterrés un jour de caprice par Laure Adler de sinistre mémoire) et/ou les Papous dans la tête, toujours vifs, malgré la mort de BJ, en juillet il y a deux ans. Caradec, donc, grand jongleur de mots - contrepéteur rigoureux et adversaire déclaré des déviances anagrammatiques de son compère Jean-Bernard Pouy - lexicographe collectionneur d’argot, grammairien des gestes ! savant Willologue contre les colettophiles de tout poil (dont je suis), ouilipien, oubapien, pataphysicien, quenellien, docteur es marges et marginaux… deux sourcils, et une moustache.
Je lui dois bien des sourires et des éclats de rire, aux repas du dimanche. Que les retrouvailles, là-bas, au banquet grouillant des excentriques, lui soient douces.
Une recension de son dernier livre sur l'Alamblog

23/ 11 : Bel hommage en ce dimanche neigeux de fin novembre, rendu par Françoise Treussard très émue à François Caradec.