Un Monstre sacré

« Je les ai flairés les courriers de la mort »

C’est dans Meurtre dans la cathédrale, de T.S. Eliot, traduit par Henri Fluchère  et incarné par Jean Vilar. Pierre Magnan en évoque le souvenir « ébloui » dans le volume de son autobiographie intitulé Un Monstre sacré, où il évoque ses années de guerre et d’après-guerre, lorsqu’il était « le petit salaud » (selon les termes de Colette) de Thyde Monnier, autrice de sagas paysannes à succès, aujourd’hui totalement oubliée, mais dont le roman Nans le Berger a été adapté en feuilleton à la télé ans les années 70.

Voilà donc d’où son propre roman tire son titre.

Drôle de sentiment à la lecture de ce livre, lu avec intérêt mais, dirai-je, sans plaisir, et même avec gêne, à cause de la crudité sincère, mais en quelque sorte sans bienveillance de ce récit. Magnan y devient progressivement un homme en choisissant le rôle de gigolo, à contrecœur,  mais avec une sorte de conviction sans espoir. Sans doute ce volume fait-il contrepoint – contrepoids – à l’autobio de Thyde Monnier, sobrement intitulée Moi, en quatre volumes… mais on n’a ici que le volet Magnan, et quoique son propos ne soit aucunement de poser au gentleman, bien au contraire, le récit dévoile trop brutalement à mon gré les personnages qui y sont évoqués, les femmes en particulier dont certaines intimement liées à l’auteur. En tout cas, c’est un intéressant document sur des personnages eux-mêmes intéressants, et sur une période restituée de façon très vivace.

Très misanthrope, au demeurant.

 

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