Voilà, j’ai enfin regardé Sarn (1968), l’adaptation du roman par Claude Santelli, commandée il y a bien longtemps sur le site de l’INA.
Je l’ai regardée sans déplaisir. Mais avec distance. C’est une adaptation fidèle, mais il lui manque le souffle de passion, l’obscurité ardente et amère, la brume omniprésente, et le lyrisme, qui baignent le roman. Les acteurs sont bons – c’est la Raymone de Cendrars qui joue la plaintive mère Sarn, Anny Duperey (encore orthographiée avec deux ‘r’) y fait une jolie apparition en châtelaine arrogante, et Henri Virlojeux campe un Beguildy convaincant. Mais Dominique Labourier aux yeux de velours est une Prue trop enfantine, et ses cheveux manquent tant de naturel ! Gédéon aussi, avec son corps délié et adolescent, n’a pas la passion rude, abrupte, que j’imagine à ce personnage tragique. Et puis la campagne - les alentours de Paimpont - est trop propre, trop claire, et les scènes de foule trop policées… tout y manque de bruit et de fureur. Bref, il faut que je relise Sarn, pour l’obscur et puissant mystère qui en émane, sans que, je l’espère, les images de Claude Santelli, cette fois, n’y interfèrent.