« Le vers de mirliton est un art distingué et subtil, qui permet de passer pour un crétin aux yeux des imbéciles ».

Cet aphorisme tient lieu d’épigraphe à Ubu à l’Elysée, dernier opus de Claude Semal, comédien, marionnettiste, chanteur, auteur dramatique belge, dont les deux spectacles auxquels j’ai assisté, celui-ci et Œdipe à la ferme, avec poulets, poireaux et autres légumes, m’ont fait rire aux larmes. C’était à l’inénarrable Festival des Comiques agricoles, à Beauquesne, Somme.

Lequel aphorisme me paraît convenir à merveille au petit bijou ci-dessous, découvert, grâce à des amis, précieux collectionneurs d’émissions de radio, dans un numéro d’Allegro .... Ma non troppo de 1976. Allegro ... Ma non troppo était, avant Les Décraqués, et Les Papous dans la tête, toujours animés le dimanche par Françoise Treussard, une émission littéraire de Bertrand Jérôme, inoubliable homme de radio, infatigable découvreur et éveilleur de talents, dont ces petits joyaux de deux fois une demi-heure ont accompagné les dimanches de ma jeunesse.

Les réécouter est un plaisir d’incessantes (re)découvertes, textes rares et drôles lus par de très belles voix de radio, de Michel Bouquet à Anny Duperey en passant par Patrick Dewaere, Jacques Villeret (faisant la bande son d’un film de Bergmann ! désopilant),  ou à Topor à l’inoubliable rire tonitruant, et tant d’autres. C’est ainsi que j’ai découvert cette liseronnerie de Lucien Métivet, humoriste, affichiste, dessinateur et graveur (il a illustré Les Cinq sous de Lavarède qui  ont enchanté mon enfance !) dont j’ignorais tout avant aujourd’hui, et sur lequel la toile est assez avare de renseignements. Voici :

Ballade de l’invitation au travail – Lucien Métivet

 Pour s’affirmer expert en ses travaux,
Qu’on soit poète ou marchand de fécule,
Certain précepte, et non des plus nouveaux
Dit : « Faut peiner de l’aube au crépuscule,
Pendant l’hiver, durant la canicule,
Et honni soit le flemmard fanfaron
Qui devant l’âpre et dur labeur recule.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron
».

Le coryza gêne-t-il vos cerveaux ?
Et, dégouttant de façon ridicule,
Vos nez sont-ils comme les nez des veaux ?
Faut vous moucher ! Aussitôt s’articule
À votre épaule une aile minuscule,
Et, réduit à la taille d’un ciron,
En voltigeant, dans les airs on circule.
C’est en mouchant qu’on devient moucheron.

 

 Souhaitez-vous, des athlètes rivaux,
De vous montrer plus robustes qu’Hercule ?
Jalousez-vous la force des chevaux ?
Faut vous percher sur quelque monticule !
Muni soudain d’un poitrail majuscule,
Et d’un fessier gros comme un potiron,
On peut traîner le plus lourd véhicule.
C’est en perchant qu’on devient percheron.

 

 Envoi :

Lis donc ces vers, prince, principicule,
Comte, marquis, duc, vidame ou baron :
En renonçant, on devient renoncule,
C’est en lisant qu’on devient liseron...

 

 

 

 

Commentaires

1. Le jeudi, mai 5 2011, 23:06 par oursivi

Très jolirons.

Mot valise dix ans ce que ferons, dans...

AO

2. Le jeudi, mai 5 2011, 23:46 par Agnès

:-)

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