Vaste roman. Que j’ai bien failli ne pas lire tant le début m’a agacée : si l’on y retrouve des thèmes familiers au lecteur du Prince des Marées (la mère impossible et séduisante, le père violent, le Sud passionnément aimé pour sa nature et haï pour son conservatisme inébranlable, la jeunesse et le vieillissement, la cuisine….), il y a dans tout le début de ce roman un excès de pathos et de lyrisme, et une surabondance d’adjectifs qui frise l’indécence (et pourtant, je ne suis pas moi-même avare d’adjectifs : mais là… j’en soupirais d’agacement !). Et puis les dialogues : il y en a dix fois trop ! dix fois trop longs ! Les cinq frères McCall ont un esprit caustique assez étincelant, mais est-il bien utile d’en infliger au lecteur la lettre complète au lieu de la simple substance ? Pour autant, on se prend aux personnages hauts en couleurs (quoique certains soient moins convaincants que d'autres - le pianiste Georges Fox, par exemple) de cette histoire-fleuve entre Italie et Waterford, Caroline du Sud, avec en double fond l’histoire tragique des juifs d’Europe centrale et la Guerre du Viêt-Nam. Si bien que j’ai mené ma lecture à son terme. C’est un bon roman populaire, où les héros s’efforcent de conjurer les douleurs de L’Histoire et de leurs héritages intimes jusqu’à se risquer au bonheur. Mais la fin en est outrageusement consensuelle et l’inventivité romanesque, réelle, y pâtit d’une forme de logorrhée, d’une facilité de plume, et, en somme, d’un manque de (re)tenue.