CONVOLVULUS - Mot-clé - Conroy (Pat)2024-02-18T20:51:22+01:00Agnès Oroscourn:md5:fa6f5f97ade6456febc2f55c1aaec32dDotclearPat Conroy - Beach Musicurn:md5:a26c058e8da72437f482a42b54ef72ed2010-04-25T22:38:00+00:002010-08-01T19:21:57+00:00Agnès OroscoLittératures anglophonesConroy (Pat) <p><link rel="File-List" href="file:///C:%5CDOCUME%7E1%5CAGNS%7E1%5CLOCALS%7E1%5CTemp%5Cmsohtml1%5C01%5Cclip_filelist.xml"><!--[if gte mso 9]><xml>
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<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Vaste roman. Que j’ai bien failli
ne pas lire tant le début m’a agacée : si l’on y retrouve des thèmes
familiers au lecteur du <em>Prince des Marées</em> (la mère impossible et
séduisante, le père violent, le Sud passionnément aimé pour sa nature et haï
pour son conservatisme inébranlable, la jeunesse et le vieillissement, la
cuisine….), il y a dans tout le début de ce roman un excès de pathos et de
lyrisme, et une surabondance d’adjectifs qui frise l’indécence (et pourtant, je
ne suis pas moi-même avare d’adjectifs : mais là… j’en soupirais
d’agacement !). Et puis les dialogues : il y en a dix fois trop ! dix
fois trop longs ! Les cinq frères McCall ont un esprit caustique assez
étincelant, mais est-il bien utile d’en infliger au lecteur la lettre complète
au lieu de la simple substance ? Pour autant, on se prend aux personnages
hauts en couleurs (quoique certains soient moins convaincants que d'autres - le
pianiste Georges Fox, par exemple) de cette histoire-fleuve entre Italie et
Waterford, Caroline du Sud, avec en double fond l’histoire tragique des juifs
d’Europe centrale et la Guerre du Viêt-Nam. Si bien que j’ai mené ma lecture à
son terme. C’est un bon roman populaire, où les héros s’efforcent de conjurer
les douleurs de L’Histoire et de leurs héritages intimes jusqu’à se risquer au
bonheur. Mais la fin en est outrageusement consensuelle et l’inventivité
romanesque, réelle, y pâtit d’une forme de logorrhée, d’une facilité de plume,
et, en somme, d’un manque de (re)tenue.</p>
</p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2010/04/25Pat-Conroy---Beach-Music-220#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/222Le Prince des Marées, suite : le filmurn:md5:b005f4d67c102212029e78f32ce253ad2010-04-06T12:21:00+00:002013-05-19T15:37:37+00:00Agnès OroscoCinémaConroy (Pat) <p>J’ai regardé le film que Barbra Streisand a tiré du <a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2010/04/05Pat-Conroy---Le-Prince-des-mar%C3%A9es-212"><em>Prince des marées</em></a>, sur un scénario auquel Pat Conroy lui-même a prêté la main.<br />
C’est affreux.<br />
À peine le squelette de l’histoire. Avec beaucoup trop de musique guimauve ; et Nick Nolte : trop vieux ! parfois charmant, mais lorsqu’il est gominé pour sortir le soir … terrible. Quant à Barbra Streisand, elle n’est PAS Loewenstein. <br />
Trop de New York et pas assez de Colleton, de fleuve, de crevettes, de la liquide beauté de la nature. Quant à l’intrigue, elle est émasculée.
Je n’aurais pas dû le regarder. Tant pis. J’en ai relu des passages pour me soigner, toujours touchée par le mélange de lyrisme, de lucidité noire, et la virtuosité des dialogues. C’est un signe, que la force du roman surmonte la médiocrité du film. (J’ai un souvenir épouvanté de la version 1939 - Clarence Brown, avec Georges Brent, ridicule dans le rôle de Ransome - de <em><a href="http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2008/04/30Il-y-a-un-plaisir-tout-particulier-%C3%A0-lire-des-pav%C3%A9s.-94">La Mousson</a></em> de Louis Bromfield. Un des romans les plus chéris de mon adolescence défiguré au cinéma de minuit par un mélo débile. J’ai eu du mal m’en remettre. Éternel problème de l’adaptation de la littérature au cinéma, des images plaquées sur l’imaginaire.)</p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2010/04/06Le-Prince-des-Mar%C3%A9es%2C-suite-%3A-le-film-213#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/215Pat Conroy - Le Prince des maréesurn:md5:e93f100260b97950204cccee9b7d87a82010-04-05T20:19:00+00:002011-07-20T12:37:17+00:00Agnès OroscoPavésConroy (Pat)<link rel="File-List" href="file:///C:%5CDOCUME%7E1%5CAGNS%7E1%5CLOCALS%7E1%5CTemp%5Cmsohtml1%5C01%5Cclip_filelist.xml"><!--[if gte mso 9]><xml>
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<blockquote><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><em><span>«
J’avais dix ans lorsque je vis pour la première fois le marsouin blanc, connu
sous le nom de Snow de Caroline, suivre notre crevettier comme nous rentrions
au port après une journée passée à ratisser les plages qui longeaient Spaulding
Point.<br />
(…) - Je ne l’avais jamais vu d’aussi près, dit Savannah. Il est d’un blanc
immaculé, comme une nappe.<br />
Pourtant, ce n’était pas un blanc immaculé que nous avions devant les yeux
quand il refit surface à vingt mètres de nous. D’imperceptibles marbrures de
couleur miroitaient sur son dos comme il surgissait de l’eau, un fugitif éclair
d’argent des nageoires, une évanescence de couleur impossible à cerner. On
savait que jamais deux fois de suite il n’aurait la même couleur.<br />
Nous le regardâmes tourner autour du bateau, passer au-dessous, se fondre dans
l’eau comme du lait. Bondissant, il demeurait en suspens, et il avait alors la
couleur des pêches et des hautes lunes, avant de s’enfoncer, retrouvant sa
teinte laiteuse.<br />
Tels sont les instants fugitifs de mon enfance dont je ne puis tout à fait
reconstituer le souvenir parfait. Irrésistibles, emblématiques, je ne retrouve
d’eux que des fragments, des frémissements de cœur. Je revois le fleuve, la
ville, mon grand-père pilotant un bateau sur le chenal, ma sœur figée dans cet
instant d’absolue béatitude qu’elle traduirait plus tard dans ses poèmes les
plus puissants, le parfum métallique des huîtres cueillies, les braillements
d’enfants sur le rivage…. Quand vient le marsouin blanc, tous ces éléments sont
présents, plus leur transfiguration. En rêve, le marsouin demeure dans les eaux
de la mémoire, pâle divinité qui nourrit le jeu et le fond glacial de toutes
les eaux noircies de mon histoire. » </span></em></p>
</blockquote>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span>1070 pages chez Pocket. Un pavé
indiscutablement. Cela faisait bien longtemps que mon amie Isabelle me le
disait : « Il faut que tu lises <strong>Le Prince des Marées</strong>, Agnès ». Et voilà
que Sylvain me l’a offert. Merci à tous deux. Une bonne douzaine d’heures de lecture
– presque – continue. Il fallait que je le lise d’une traite, pour ne pas
m’arracher à cet univers torrentiellement romanesque, à cette puissance lyrique
et narrative, à cette démesure du verbe. Il fallait que je le lise, et je suis
bien contente de l’avoir fait car voici encore un grand roman qui va habiter en
moi.<br />
C’est une histoire de famille, infiniment douloureuse malgré les moments
d’émerveillement ou d’extase suscités par la nature, comme l’épisode du
marsouin blanc.</span></p> <p>Le narrateur en est <strong>Tom Wingo</strong>, le jumeau de <strong>Savannah</strong> (peut-on rêver un nom plus sudiste ?). « <em>Les Wingo forment une famille que le destin a mille fois éprouvée et laissée sans défense, humiliée, déshonorée</em>. » Et Tom et Savannah sont, à l’ouverture du roman, malades de leur enfance, comme de la mort plus récente de leur frère Luke, l’autre part intime de leur passé.</p>
<p>Les trois enfants ont grandi dans une petite maison blanche, sur une des innombrables îles dans l’embouchure du fleuve à Colleton, Caroline du Sud. Père pêcheur de crevettes, violent, habité sans trêve par des rêves de gloire toujours calamiteux. Mère belle, imaginative, aimante à ses débuts, mais obsédée de respectabilité, et capable de tous les mensonges. Le couple ne cesse de s’affronter en une guerre sans merci. « <em>Par certains côtés leur mariage était à la fois classique et emblématique de l’Amérique. Ils furent d’abord des amants pour terminer en ennemis implacables et irréductibles. Amants, ils donnèrent naissance à des enfants ; ennemis, ils firent des enfants abîmés et meurtris</em> ». D’où l’intense, infrangible complicité qui unit les frères et sœur, pour résister à une violence qu’un rien peut déchaîner. </p>
<blockquote><p>« <em>Il faisait partie de ces hommes incapables du plus petit geste de tendresse. Ses émotions ressemblaient à une chaîne de dangereuses montagnes obscurcies par les nuages. Lorsque j’imaginais son âme et tentais de visualiser ce qui existait et comptait réellement pour mon père, je ne voyais qu’une infinie surface de glace. </em>»</p>
</blockquote>
<p>L’enfance chaotique des jeunes Wingo, malgré la présence lumineuse du grand-père – un prêcheur toqué et infiniment débonnaire – et de la grand-mère, une excentrique vagabonde, a donné naissance à de jeunes adultes torturés. Savannah a fui à New York pour y devenir une poétesse de renom, mais fragile, psychotique, suicidaire. Luke pêche la crevette, comme son père, Tom, marié, s’efforce de vivre médiocrement. Le père est en prison, la mère, remariée, inspire à ses enfants une hostilité brute.<br />
Entre New York, où il va, tout un été, rencontrer Susan Loewenstein, la psy de Savannah hospitalisée après sa troisième tentative de suicide, et Colleton, ou Atlanta, entre la guerre de 40, celle de Corée, celle du Vietnam, entre leurs passés et leur présent, leurs merveilles et leurs terrifiants démons intérieurs, le récit de Tom va et vient en quête de ce qui peut faire sens, donner une unité à des destins insupportables et rendre à Savannah comme à lui-même la ferveur de vivre. <br />
<em>Le Prince des marées</em> est un de ces romans de l’Amérique – le Sud, cette fois, revendiqué dans ses excès, son amertume, son élégance, son cynisme, le rejet méprisant qu’il inspire aux gens du nord – où des héros d’aujourd’hui (le roman est, je crois, de 1986) essaient de frayer à travers « <em>une mosaïque de gènes mortelle et variée</em> », une famille hérissée de douleurs et de secrets et une Histoire truffée de drames et de massacres, une voie vers la lumière. Vers le pardon aussi, la compassion, car quels que soient ses excès et ses errements, aucun des personnages, tous puissamment incarnés, n’échappe à la bienveillante lucidité de l’auteur.<br />
Je pourrais en citer des dizaines de pages. Et s’il y a des scènes de pure horreur, - transfigurées parfois par le carmen incandescent de la poésie de Savannah – il y en a aussi de très drôles, et un sens aigu des dialogues, comme dans cette scène chez le croque-mort où la grand-mère est venue commander – et essayer - son cercueil.<br />
Un pavé oui. Déjà béant d’avoir été tordu pour empêcher qu’il se referme, et auquel il va falloir, sur l’étagère des « C », ménager une généreuse place.</p>http://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?post/2010/04/05Pat-Conroy---Le-Prince-des-mar%C3%A9es-212#comment-formhttp://blogs.ac-amiens.fr/let_convolvulus/index.php?feed/atom/comments/214