mercredi, août 1 2012

"Bonnes feuilles", feuilles mortes, feuilles de chou...

Deux extraits de « bonnes feuilles » entendus par inadvertance sur France Culture. La première fois, c’était Amélie Nothomb. Une voix acide, qui m’a rappelé celle de Karin Viard, mais avec une diction tellement trébuchante que je me suis inquiétée pour la comédienne. Raté, c’était l’autrice, qui lisait elle-même l’incipit de son roman-de-la-rentrée. Une resucée de Barbe Bleue version colocation, avec sombre et mystérieux séducteur au nom espagnol, lequel proposait pour un loyer dérisoire (500 euros, quand même) un appart grand luxe dans quelque chose comme le XVIe arrondissement. L’héroïne se nomme Saturnine, elle est belge, elle n’en peut plus de partager le deux-pièces et l’hospitalité de sa copine Corinne à Marne-la-Vallée, et la brochette de bourgeoises chics qui attend avec elle dans l’antichambre a flairé en elle la future élue du fascinant Don Juan qui les fait toutes rêver.
Sur fond de banalités diverses, catalogue d’agences immobilières, études sociologiques sur les appartements parisiens ou le regard hypothétiquement porté par les Français sur les Belges ou sur les aristocrates, l’autrice, qui en est à son vingtième roman mais à son soixante-treizième enfantement (ce qui fait un total de 53 fausses-couches si je sais compter, quelle santé ! – ou quel gâchis), l’autrice donc accumule les formules gnomiques, sentences et autres aphorismes, dans un style qui associe quelques afféteries (un « brushing impavide », hypallage ?) avec un lot de platitudes, et emploie l’insupportable tournure « l’insupporter » qui m’insupporte. Elle parle de son œuvre avec ardeur et conviction, et une sorte de naïveté aveugle et satisfaite. Sachez quand même qu’il s’agit d’une réhabilitation du personnage de Barbe Bleue ignominieusement traité par Perrault, et de son droit au secret.

Cette fille doit largement friser la cinquantaine, et l’énergie qu’elle met à se mettre en scène au lieu de travailler son talent a quelque chose de profondément pathétique.

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dimanche, juin 21 2009

Claudie Gallay – Dans l’Or du temps

Un livre qui m’a exaspérée. Je l’ai lu jusqu’au bout parce qu’il m’a été offert par une amie chère, sur les conseils de son libraire. Rien de pire que de lire avec déplaisir, reste à tenter de cerner pourquoi.
Voyons l’histoire. Un type à côté de ses pompes, prof, semble-t-il, quitte Montreuil avec sa femme Anna – belle et réservée – et leurs jumelles de sept ans pour leur maison de vacances, achetée sur un « coup de cœur » dans les parages de Varengeville près de Dieppe. La routine d’été, pluie, jeux, baignades, coquillages, lecture subreptice par les filles des « Martine », la collection d’albums pour enfants des années 60, réprouvée par Anna - sous le regard attendri et détaché du père, alors que s’installe dans le couple une insidieuse mésentente.
Le jour de l’anniversaire des filles, il oublie de rapporter les fraises requises pour le gâteau meringué. Une halte à l’épicerie ambulante est pour lui l’occasion de rencontrer Alice Berthier, une vieille dame acerbe qu’il aide à transporter un panier de poires jusqu’à sa demeure au bord de la falaise. Peu à peu, les visites chez Alice se multiplient, après la découverte au sommet d’une armoire de ''kashinas'', des masques hopi. Lui est le fils d’un marchand d’art, elle d’un photographe avec qui elle a vécu quelque temps chez les Hopis, en même temps qu’André Breton et sa femme Élisa. Au fil des visites chez Alice dont il tente de sonder les secrets et les mystères, son couple avec Anna se défait, et le lecteur progresse dans la connaissance des rites hopis et de la rencontre d’André Breton avec ce peuple et cette culture.

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