jeudi, septembre 13 2012

Flagornerie - ou flingage ?

A la veille de la publication officielle de cet opus mémorable, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer une petite promenade sur le web critique. Le premier article est issu des pages "culture (???)" de l'Express. Elle est sobrement signée, hélas ! "Lire". Dommage, j'eusse aimé connaître le nom d'un tel maître de la brosse à reluire. Mais les premières pages de La Jouissance, roman européen, y sont librement offertes. Abeilles lectrices, butinez ce nectar !

Le second, signé Claro et titré "Zeller : de rien", ce qui, je l'avoue, me fait pouffer, est une exécution en règle. Un peu trop féroce même, ça tournerait presque à l'acharnement sur un cadavre. Quelques bonnes âmes parmi les auteurs de commentaires s'en indignent. Moi, je comprends. A un certain degré de nullité imposée et encensée à longueur de pages et d'ondes, on s'énerve, et on se déchaîne. Et le lecteur hargneux rigole, soulagé. Le rire est une catharsis, un partage, et une jouissance, petit plaisir français.

mercredi, août 1 2012

"Bonnes feuilles", feuilles mortes, feuilles de chou...

Deux extraits de « bonnes feuilles » entendus par inadvertance sur France Culture. La première fois, c’était Amélie Nothomb. Une voix acide, qui m’a rappelé celle de Karin Viard, mais avec une diction tellement trébuchante que je me suis inquiétée pour la comédienne. Raté, c’était l’autrice, qui lisait elle-même l’incipit de son roman-de-la-rentrée. Une resucée de Barbe Bleue version colocation, avec sombre et mystérieux séducteur au nom espagnol, lequel proposait pour un loyer dérisoire (500 euros, quand même) un appart grand luxe dans quelque chose comme le XVIe arrondissement. L’héroïne se nomme Saturnine, elle est belge, elle n’en peut plus de partager le deux-pièces et l’hospitalité de sa copine Corinne à Marne-la-Vallée, et la brochette de bourgeoises chics qui attend avec elle dans l’antichambre a flairé en elle la future élue du fascinant Don Juan qui les fait toutes rêver.
Sur fond de banalités diverses, catalogue d’agences immobilières, études sociologiques sur les appartements parisiens ou le regard hypothétiquement porté par les Français sur les Belges ou sur les aristocrates, l’autrice, qui en est à son vingtième roman mais à son soixante-treizième enfantement (ce qui fait un total de 53 fausses-couches si je sais compter, quelle santé ! – ou quel gâchis), l’autrice donc accumule les formules gnomiques, sentences et autres aphorismes, dans un style qui associe quelques afféteries (un « brushing impavide », hypallage ?) avec un lot de platitudes, et emploie l’insupportable tournure « l’insupporter » qui m’insupporte. Elle parle de son œuvre avec ardeur et conviction, et une sorte de naïveté aveugle et satisfaite. Sachez quand même qu’il s’agit d’une réhabilitation du personnage de Barbe Bleue ignominieusement traité par Perrault, et de son droit au secret.

Cette fille doit largement friser la cinquantaine, et l’énergie qu’elle met à se mettre en scène au lieu de travailler son talent a quelque chose de profondément pathétique.

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