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lundi, février 11 2013

Découverte matinale

En ce petit matin enneigé, puisque de Walt Whitman il a été question hier, puisque le gamin a découvert avec passion "l’énergie pure et indomptée" de cette poésie neuve, un distique dédicatoire, traduit par Jules Laforgue.

THOU reader throbbest life and pride and love the same as I,
Therefore for thee the following chants.

TOI LECTEUR

Toi lecteur, palpitante vie et fierté et amour, tout comme moi,
Pour toi donc les chants que voici.

Je ne connaissais de Whitman que la mention du récit totalement fantaisiste – canularesque – que Cendrars aurait fait de ses funérailles à Apollinaire, il en est question dans la bio de Myriam, laquelle est restée dans ma voiture, et je renâcle à la perspective de traverser la cour tout enneigée. Later on. En tout cas, je le situais de façon tout à fait erronée au début du XXe siècle... 1819 – 1892 !

dimanche, février 10 2013

La voix de Jón Kalman Stefánsson

En attendant que j'aie le temps de chroniquer Le Cœur des hommes, le dernier volume des aventures du 'gamin' qui restera jusqu'à la fin anonyme, ces quelques mots pour accompagner ma furia poétique de ce début d'année. Magnifique roman, déjà lu et relu, avec sa syntaxe si particulière, ce flux mi-narratif, mi-vocal, comme si l'on entrait de plein pied dans le mouvement du dialogue ou du monologue intérieur des personnages. En ce moment même, on entend sur France Culture la voix de Stefánsson parlant avec Colette Fellous, et celle de Colette Fellous lisant Stefánsson. C'est l'émission Villes-Mondes, aujourd'hui consacrée à Reykjavik. Stefánsson y fait un passage fugitif*, mais dense, quelques minutes, écoutez-le.

Il se souvint alors de ces quelques vers, ou disons plutôt que les lignes se déversèrent dans ses veines, telles une énergie pure, les vers d’un poème qu’il avait lu dans une revue que Gísli lui avait prêtée, un étrange poème, composé par un auteur américain. Je suis le poète de la chair, je suis le poète de l’âme. Le gamin était hypnotisé mais cela ne valait pas pour Gísli, trop de bruit avait-il dit, trop de dispersion, trop lâche, le texte  se réduit de lui-même en morceaux qui ne sauraient servir à personne, ne va pas perdre ton temps avec ça. C’est pourtant ce que le gamin fit précisément, il passa son temps à recopier le poème extrait de Feuilles d’herbe de l’Américain Walt Whitman, dans la traduction d’Einar Benediktsson. Aucune rime, pas le moindre soupçon de rime et d’allitération, des phrases compactes portées par une énergie pure et indomptée, et quelque chose d’immense, comme la promesse d’un monde plus large, d’une terre plus vaste. Adossé à la clôture, avec derrière lui les deux sorbiers qui s’efforçaient de tendre leurs branches vers la lumière, il baissait les yeux tandis que le poème lui emplissait le sang.

Vous trouverez, ici, les premières pages du roman, et la table des matières.
* L'interview de Stefánsson, traduite par Éric Boury, se trouve vers 18'20''.