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dimanche, mai 6 2012

Henning Mankell - Le Fils du vent

Voilà, j’ai terminé Le Fils du vent, avant même l’aube, dans ce train qui s’arrête dans toutes les gares. Dommage, il va  falloir que je le trimballe comme un poids mort, à une heure de lecture près. C’est un très beau roman d’Henning Mankell, qui, malgré la présence d’un meurtre dans le prologue (il y a presque toujours des prologues dans les romans de Mankell), n’a rien d’un polar. Ce serait plutôt une tragédie. Entre le désert du Kalahari et les étendues boueuses de la Suède, c’est l’histoire de Daniel, enfant noir ‘adopté’ par Hans Bengler, un entomologiste suédois plein d’intentions confuses, qui a ramené de sa première expédition au Kalahari - en quête d’une mouche inconnue destinée à assurer sa gloire posthume - cet enfant trouvé dans le désert parmi les membres massacrés de sa tribu. Tout le séjour de Molo devenu Daniel en Suède est raconté à travers le regard de cet enfant habité par la présence et les voix de ses parents morts, par lesquels il essaie de lire la réalité incompréhensible d’un monde placé sous le signe du froid, de la boue, et des désirs interdits par le luthéranisme ambiant. Dans cette fin du XIXe où s’imposent les thèses racistes à la Gobineau, rares sont les hommes – ou les femmes - assez bienveillants pour saisir de quel arrachement, et combien cruel et absurde, Daniel a été victime, et pour tenter de comprendre les silencieux chemins de sa psyché. Si ce n’est que les deux traductrices ont laissé passer une énorme bourde (p 143 : « Peu à peu, l’homme recouvrit son calme » Aargh !!! ‘recouvra’ !) la traduction restitue avec fluidité cette histoire d’incompréhension réciproque entre deux cultures. Combien étroite, étriquée était la faculté de compréhension du monde dit civilisé à l’égard du monde dit sauvage ! De quelle brutalité, de quelle cruauté il était porteur pour le Hottentot ingénu dont Mankell imagine, de façon tellement saisissante, la misérable odyssée. Loin de la causticité de Voltaire, ou de tout militantisme démonstratif, ce roman offre, dans son ultime chapitre, et par son écriture même, une forme de réparation humaniste aux malentendus et aux blessures de l’Histoire.

lundi, septembre 26 2011

Henning Mankell - Les Chaussures italiennes

Finir Les chaussures italiennes, de Mankell, dans le hamac, avec le soleil sur l’épaule par-dessus la crête du toit et, à travers le pommier et le frisson des feuilles du bouleau, le ciel, bleu intense ou colonisé de nuages effilochés, c’est un fragment de bonheur.

Tout le monde a dû déjà écrire que c’est un  très beau roman, je le lis tard. Une histoire de retour à la vie, à l’amour, à l’amitié, à la justesse préférée au mensonge, au repentir qui sait trouver le pardon, au passé qui soudain donne sens au présent, au lieu de l’étouffer. Une île reculée de la Baltique, avec sa vieille maison intouchée depuis la mort des grands-parents, un petit lac rond perdu et oublié dans une forêt du Norrland, une forêt habitée de marginaux idéalistes, industrieux et inventifs, la voix puissante et bouleversante d’un facteur hypocondriaque, une nuit d’été, et la mort omniprésente. Et la plume de Fredrik Welin quitte son journal ponctué depuis douze ans de notes météorologiques ou botaniques pour conter sa renaissance hésitante et éblouie.

C’est un beau roman, humaniste, mélancolique, serein.


samedi, mai 5 2007

Henning Mankell - Des polars venus de Suède

Puisque Julia en parle… je reprends ici des chroniques déjà anciennes, revues et corrigées. J’ai aussi consulté Wikipédia, où j’apprends que Mankell est le gendre de Bergman !
 J’espère donc que les lecteurs de romans policiers ont déjà essayé les romans du suédois Henning Mankell, et en particulier les enquêtes du commissaire Kurt Wallander, inspecteur quinquagénaire, solitaire, DÉPRIMÉ, et intuitif, à Ystadt, en Scanie, dans une Suède dont la boue est une image de la décomposition morale et sociale.

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