Henning Mankell - Des polars venus de Suède

Puisque Julia en parle… je reprends ici des chroniques déjà anciennes, revues et corrigées. J’ai aussi consulté Wikipédia, où j’apprends que Mankell est le gendre de Bergman !
 J’espère donc que les lecteurs de romans policiers ont déjà essayé les romans du suédois Henning Mankell, et en particulier les enquêtes du commissaire Kurt Wallander, inspecteur quinquagénaire, solitaire, DÉPRIMÉ, et intuitif, à Ystadt, en Scanie, dans une Suède dont la boue est une image de la décomposition morale et sociale.

Ils ont été publiés à rebours, des plus récents aux plus anciens, alors que notre héros a une histoire personnelle qui évolue, et pour ma part, je l’ai découverte dans le désordre, voire franchement à reculons. Quoi qu’il en soit, je trouve ces polars absolument palpitants, chaque fois que j’y mets le nez, je n’arrive pas à m’en décrocher avant d’avoir fini. Je suppose que le rythme d’un par an est une bonne moyenne, sous peine de déprime carabinée, ou peut-être de voir de trop près les effets de répétition stylistique ou narrative. A vous de voir. En tout cas, il y en a pas mal en poche, désormais, quoique je préfère quant à moi les lire dans la grande collection Seuil Policiers.

Le dernier de la série : Avant le gel : Je m'étais bien promis d'attendre…et je l'ai avalé en une soirée et la nuit subséquente. C'est le neuvième que je lis. Il y a des effets de composition systématiques - par exemple, le premier chapitre est toujours la cause "archéologique " de ce qui va suivre - et sans doute des tas de redites : Sur la Suède en décomposition, sur les relations des flics entre eux et avec le corps social, dans le fait que l'on ait affaire à un narrateur omniscient qui distille à son gré notre angoisse. Mais je ne m'en lasse pas.

Celui-ci est particulièrement excitant. Le commissaire Wallander, de plus en plus seul, de plus en plus lourd, y est confronté à des sacrifices d'animaux immolés par le feu, avant de les voir relayés par des sacrifices humains assez impressionnants. Mais cette fois, sa fille Linda, la trentaine jusqu'alors incertaine, le seconde et l'accompagne, puisqu'elle va entrer sous peu dans la police, et qu'une de ses amies a disparu. L'enquête est donc menée, plus ou moins clandestinement, par Linda elle-même, et c'est à travers ses yeux que l'on regarde cette fois agir le commissaire. Ses yeux de fille à la fois tendre, exaspérée et terrifiée par l'image paternelle, par la puissance physique et l'épaisseur humaine du personnage.
Ajoutez-y le fait que tout se déroule entre la fin août et la première quinzaine de septembre 2001 sur fond de fanatisme religieux, sans effets excessifs certes, mais avec une dimension d'histoire brûlante, et vous aurez une petite idée de l'intensité dramatique de ce roman. La présence de Linda régénère le regard que l'on portait sur le commissaire, les personnages sont intéressants, complexes, ambigus et attachants, c'est bien écrit et bien traduit, pas de quoi bouder son plaisir.

Cela donne donc, dans l’ordre chronologique des aventures de Wallander, et non des publications en France :

1. La pyramide, (1999, pas encore traduit) : recueil de cinq nouvelles qui se déroulent avant Meurtriers sans visage, à savoir entre juin 1969 (la première enquête de Kurt Wallander lorsqu'il a 21 ans) et janvier 1990. Mankell, à la demande de ses lecteurs, s'est fait un plaisir d'aborder la genèse de son héros et de ses comportements.

2. Meurtriers sans visage (1991 ; parution française : 1994)

3. Les chiens de Riga (1992 ; 2003) Très, très bien, c’est là, en Lettonie, sur fond de police politique, que Wallander fait la connaissance de Baïba

4. L'Homme qui souriait (1994 ; 2005)

5. Le guerrier solitaire (1995 ; 1999), excellent roman dont le « héros » est un adolescent plus que tourmenté.

6. La cinquième femme (1996 ; 2000) le premier que j’aie lu, « scotchée sur mon divan », haletante.

7. Les Morts de la Saint-Jean (1997 ; 2001)

8. La muraille invisible (1998 ; 2002)

9. Le retour du professeur de danse (2000 ; 2006), que je n’ai pas lu, dont Wallander n’est pas le héros, mais on l’y croise.

10. Avant le gel (2002 ; 2005).
"La lionne blanche" , paru en 2004, c’est très bien, mais ce n’est pas dans la même série, c’est un roman politique sur fond d’Afrique du Sud.

Si vous lisez le suédois, qui sait ? Voici le site officiel ! http://www.henningmankell.se/pressklipp/index.shtml

Commentaires

1. Le lundi, mai 14 2007, 20:54 par famille irjud

super nous avons toute la collection

2. Le mercredi, mai 30 2007, 20:07 par anne-sophie

Auteur à découvrir et à faire découvrir !

3. Le lundi, août 6 2007, 17:00 par irjud

il faut aussi découvrir Arnaldur Indridason auteur islandais

4. Le mardi, août 7 2007, 06:53 par Agnès Orosco
Oui, oui, ce n'est pas mal, mais je préfère nettement Mankell. Des trois Indridasson que j'ai lus, seul le second "La Femme en vert" m'a vraiment convaincue. Le dernier "La voix", une histoire d'assassinat du Père Noël, m'a paru vraiment besogneux. A.O

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet