Autres polars nordiques

Puisque la famille Irjud l'évoque dans un commentaire, et bien que je ne sois pas particulièrement spécialiste de littérature nordique... après les romans policiers d’Henning Mankell, mentionnés plus haut et vraiment palpitants, les polars d’un islandais, Arnaldur Indridason, traduit par Eric Boury chez Métailié, La cité des jarres, La Femme en vert, La Voix. La cité des jarres, c’est moins bien que Mankell, parce qu’il n’y a pas une atmosphère spécifiquement islandaise, je veux dire qu’à part les noms, et quelques affirmations sur les meurtres à l’islandaise, on ne voit pas la spécificité des paysages ni des modes de vie des gens (alors que chez Mankell, sans pittoresque excessif, on a l’impression de visiter la Suède). Les personnages sont moins bien campés et caractérisés, aussi. Le flic, Erlendur, un quinquagénaire très déprimé, encore un, a deux assistants un peu incolores et interchangeables quoique de sexes différents. Mais l’enquête sur le meurtre d’un retraité qui se révèle un très sale type est bien menée, et nous entraîne dans des péripéties imprévues, qui tiennent en haleine jusqu’à la fin. Brèfle, ça se lit bien.

La suite de La cité des jarres, La femme en vert, est assez réussie. Le commissaire Erlendur (dont on apprend que son nom signifie "étranger") toujours déprimé, mène cette fois l'enquête sur un squelette humain découvert dans une butte éventrée au moment de la construction d'un nouveau quartier résidentiel de Reykjavik. Non loin, un surprenant, vivace et fécond buisson de groseilliers. C'est un archéologue scrupuleux aux défenses de morse qui se charge de l'exhumation, personnage pittoresque assez bien campé. L'affaire n'est pas récente, elle remonte à peu près à la fin de la seconde guerre mondiale. Le récit mêle l'enquête menée par Erlendur, bouleversé par l'hospitalisation de sa fille junkie, qui ne sort pas du coma - la "famille" d'Erlendur, c'est du gratiné, dans le genre glauque! - et ses deux assistants, (lesquels prennent tournure depuis le précédent roman) et les fait plonger dans le passé de la ville, en même temps que le narrateur reconstitue la vie d'un couple : mari tortionnaire, épouse soumise, enfants terrifiés - dont on comprend qu'il a un lien étroit avec l'intrigue.
Je suis bien consciente que mon récit est un peu laborieux, et risque de donner le sentiment qu'il s'agit d'un roman glauque et plutôt pleurnichard. Ce n'est pas le cas. Le récit est bien mené, les personnages ont de l'épaisseur et le bouquin se lit d'une traite. (Pour ceux qui ne snobent pas les polars, naturlich!)

Quant à La Voix, je l'ai lu à Noël dernier, et je n'ai guère à en dire. Argument intéressant, mais mise en oeuvre laborieuse, dommage. Une histoire de meurtre du Père Noël dans un hôtel pour touristes étrangers, sur fond de collectionneurs de voix d'enfants. L'inspecteur Erlendur, toujours dans une forme olympique, s'installe à l'hôtel où ledit Père Noël exerçait les fonctions de portier et d'homme à tout faire, dans une chambre glacée où sa fille junkie à peine repentie vient lui faire quelques visites. Ça se lit bien, même si l'intrigue s'étire un peu, et si le tressage des voix et des fils du roman est un peu lâche. Une lecture possible, en somme, mais pas indispensable. Une Voix qui a manqué de souffle...

Commentaires

1. Le dimanche, janvier 27 2008, 19:17 par arnaldur

Dans la voix l'enquête devient "presque" mineure , même si elle n'est pas dénuée d'intérêt. Le côté moral et éthique du milieu "artistique" vis à vis des enfants stars montre bien les limites du systéme et de la quasi exploitation des voix, tant qu'elles ne muent pas.
L'introspection du personnage devient un des éléments principaux du roman, avec les relations qu'il entretient avec sa fille.

2. Le jeudi, février 26 2009, 20:01 par espoir

La femme en vert me semble la meilleure des enquêtes d'Arnaldur Indridasson. Lente plongée dans un passé strictement glauque. Les autres enquêtes se laissent cependant lire sans déplaisir et j'apprécie le fil directeur familial des livres, avec en arrière-plan la disparition du frère dans une tempête islandaise, la perte des repères familiaux, une quête des origines familiales fragile...

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