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jeudi, août 9 2012

Tourgueniev - Journal d'un homme de trop

« J’ai été l’homme, ou si l’on veut l’oiseau le plus superflu du monde »

Il y a quelque chose de très russe dans la manie introspective et la lucidité désabusée de Saul Karoo. C’est ce que je me disais en lisant un mince ouvrage (72 pages), joli  in octavo, couverture quadrillée comme les pages d’un carnet de notes, trois gravures de Felice Filippini, éditions Aux Portes de France, collection de L’Oiseleur, à Lausanne, sans date. Journal d’un homme de trop, de Tourgueniev, qui m’attendait depuis longtemps, j’ai coupé les pages ! rien sur le traducteur, ni sur l’origine du texte, mais wikisource, ici, donne 1850 et une traduction de Louis Viardot – revue, je crois, par l’auteur -, et c’est la même.

Les dix derniers jours de Tchoulkatourine (a-t-il des noms patronymiques ? je ne crois pas), appelé un jour par son « rival », ou déclaré tel, le prince N., 'Chtoukatourine' quelque chose comme « l’homme de plâtre »… Du 20 mars au 1er avril 18**, le journal d’une agonie morale, une tentative avant mourir de donner une forme, ou un sens ? à la vie d’un homme qui, au fil de l’écriture, se découvre, depuis toujours, « superflu ».

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dimanche, mai 3 2009

Ivan Tourgueniev - Premier Amour

Zinaïda, Zina, Zinotchka, exotiques modulations des prénoms russes. Elle est princesse, dans la dèche, affligée d’une mère inculte, grossière, procédurière et quémandeuse. Elle est cet été-là la voisine de Vladimir Pétrovitch, bientôt rebaptisé moqueusement Monsieur Voldémar, à qui elle apparaît un soir en son jardin, frappant d’un bref coup de fleur* au front le cercle de ses soupirants comme en un adoubement amoureux. Fantasque, rieuse, gracieuse, songeuse Zinaïda de vingt ans qui cristallise en un instant tous les élans amoureux informulés du jeune héros. Il a seize ans, des parents mal assortis, l’amour de la poésie déclamée à voix haute dans les parcs, et en lui une vitalité jaillissante et passionnée.

C’est à Moscou, dans les années 1830. Le roman est de 1860. Je l’avais lu, aussi, à l’adolescence. Relu depuis, y retrouvant à chaque fois avec le même sentiment de complétude la beauté des évocations de la nature, la justesse des analyses esquissées, la charge suggestive des actes et des gestes. Une suite d'instants de grâce. Brève, lumineuse et sombre histoire. Un carmen amoris.

(1) : le narrateur en a oublié le nom. Je crains, à la description, qu’il ne s’agisse de la fleurette très peu poétiquement nommée « Silène enflé », dont le calice à maturité explose lorsqu'il est frappé…