Ivan Tourgueniev - Premier Amour

Zinaïda, Zina, Zinotchka, exotiques modulations des prénoms russes. Elle est princesse, dans la dèche, affligée d’une mère inculte, grossière, procédurière et quémandeuse. Elle est cet été-là la voisine de Vladimir Pétrovitch, bientôt rebaptisé moqueusement Monsieur Voldémar, à qui elle apparaît un soir en son jardin, frappant d’un bref coup de fleur* au front le cercle de ses soupirants comme en un adoubement amoureux. Fantasque, rieuse, gracieuse, songeuse Zinaïda de vingt ans qui cristallise en un instant tous les élans amoureux informulés du jeune héros. Il a seize ans, des parents mal assortis, l’amour de la poésie déclamée à voix haute dans les parcs, et en lui une vitalité jaillissante et passionnée.

C’est à Moscou, dans les années 1830. Le roman est de 1860. Je l’avais lu, aussi, à l’adolescence. Relu depuis, y retrouvant à chaque fois avec le même sentiment de complétude la beauté des évocations de la nature, la justesse des analyses esquissées, la charge suggestive des actes et des gestes. Une suite d'instants de grâce. Brève, lumineuse et sombre histoire. Un carmen amoris.

(1) : le narrateur en a oublié le nom. Je crains, à la description, qu’il ne s’agisse de la fleurette très peu poétiquement nommée « Silène enflé », dont le calice à maturité explose lorsqu'il est frappé…

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