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dimanche, mai 5 2013

Balade normande

Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

Gérard de Nerval  - Odelettes in Petits Châteaux de Bohême (1853)

          L’un naissait au moment où l’autre touchait à la fin de sa vie douloureuse, troublée, « illuminée ».  L’un, c’est Guy de Maupassant, né, cela semble confirmé, au château de Miromesnil en Seine-Maritime, l’autre, c’est Nerval, dont la Fantaisie m’a trotté dans la tête alors que je me promenais, dimanche passé, par une belle et fraîche journée de printemps, dans les salles du rez-de-chaussée, le jardin potager, et le parc dudit château. En fait de coteau, on est sur un plateau, et point de rivière dans les parages, mais un saut-de-loup - ou haha, ( !), terme adopté par les Anglais -, dont j’ai découvert ce jour-là le sens et la physionomie, entre le bois et le parc, côté sud.

C’est un bien joli château, qui m’a évoqué aussi un des films de la série télévisée « L’Ami Maupassant », de Claude Santelli, - dont tous les épisodes que j’ai vus m’ont semblé parfaits (qu’attend-on pour la rééditer in extenso ? Je les préférais infiniment aux quelques « Chez Maupassant » honorables-sans-plus récemment produits par France 2). C’était Madame Baptiste (1974), une très sombre et saisissante histoire de fille de famille violée par un valet, qui m’avait beaucoup frappée, avec Isabelle Huppert dans un de ses tout premiers rôles, et un Roger Van Hool des plus séduisants. Il semblerait que là n’ait pas eu lieu le tournage, et pourtant sa physionomie, ses dépendances, ont fait ressurgir en moi les lointaines images du film.

Quelques images donc, en guise de promenade dominicale, dont celle prise à travers la grille hérissée qui évoque à la fois un bouquet de Saint Eloi, et, beaucoup plus rustique, l’arbre-aux-voyelles de Giuseppe Penone, au Luxembourg, autre promenade récente, autre réminiscence de Nerval.



















vendredi, août 6 2010

Bonheur radiophonique

Ça s’appelle Ça Peut pas faire de mal, c’est de 5 à 6 sur France Inter, c’est une émission de Guillaume Gallienne. Je ne connais pas beaucoup ce jeune homme semble-t-il très médiatique, il est sociétaire du Français,  travaille à la radio et à la télé, on le voit dans des films... pour ma part, j’ai pu le voir dans Les Garçons et Guillaume, à table ! spectacle-autobiographique-d’un-seul-homme, à la fois abruptement impudique (il s’agit d’identité sexuelle dans son rapport avec l’histoire familiale), cruel, mais ni exhibitionniste ni vulgaire, et drôlissime. Extraordinaire aisance physique et verbale, un pouvoir de suggestion qui donne le sentiment de le voir en scène avec tous ses interlocuteurs alors même qu’il est tout seul, c’est un spectacle étonnant, époustouflant. Bref, passant par hasard sur France Inter au fil d’un long voyage en voiture, je suis tombée sur cette émission. Il y lisait du Maupassant., voici ce qu’en dit le site (car je découvre que ces émissions sont des rediffusions d’une série qui m’avait totalement échappé !!!) : extraits de

- La Parure, Contes du jour et de la nuit (1885) - nouvelle brocardée à répétition dans Ada ou l’Ardeur, où elle est attribuée à la gouvernante, Mlle Larivière... de diamants ^^, qui signe Guillaume de Montparnasse :-)
- Les Épingles, in La Main gauche (1889), je l’ai pour ma part découverte sur l’inépuisable site de la Bibliothèque électronique de Lisieux où Maupassant est fort bien représenté
- Bel Ami (1885)
- Le Petit fût, in Les Soeurs Rondoli (1884)
- Le Horla (1887)
Avec la voix de Jean-Louis Bory (archives INA)
Et des extraits des films : Guy de Maupassant de Michel Drach (1981), Le Plaisir de Max Ophüls (1952), Chez Maupassant de Jacques Santamaria et Gérard Jourd'hui (série télévisée, 2007), Boule de Suif de Christian Jaque (1945).  (Il y manque cette merveille disparue que fut L’Ami Maupassant, la série de Claude Santelli...)

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