J’aime beaucoup François
Dupeyron. Après Le Grand soir, je me suis avalé direct Chacun pour soi, Dieu
s’en fout. Une histoire de type épileptique, décollé de la vie, Freddy, qui vit
dans un mobil home tout seul, largué par sa femme, et déconsidéré par tout un
chacun. Sa mère vient de mourir, dans un mobil home voisin, où vit encore son
père, maçon, avec la colère d’avoir un jour été licencié comme un malpropre par
un type même pas foutu d’enlever ses lunettes de soleil ni de lui serrer la main. Sa fille, ado, vient le
voir le week end et quelque chose de fort les lie même si la télé leur bouffe tout
contact. Sa mère avait le don de « lever le feu », et le croyait
encore plus doué qu’elle, mais il ne veut pas en entendre parler jusqu’à ce
qu’un jour « il ne puisse plus dire non ». C’est encore un
roman-monologue très logorrhéique, avec ce style saccadé qui a quelque chose
d’épileptique (j’y ai pensé déjà pour Courbet, ce n’est pas juste une
association pour faire un mot), saccadé
et pourtant torrentiel, avec peut-être quelques longueurs, mais ce que j’aime,
c’est que l’on y sent l’amour de la vie et des gens, même au plus fort du
désespoir ou du marasme. Un long monologue sur le sens de la vie, sur « la
transcendance » ? - c’est un bien grand mot, dieu ou pas dieu et qui
sait ce qu’il en est, - et les vers de Victor Hugo, aussi,