François Dupeyron - Chacun pour soi, Dieu s'en fout

J’aime beaucoup François Dupeyron. Après Le Grand soir, je me suis avalé direct Chacun pour soi, Dieu s’en fout. Une histoire de type épileptique, décollé de la vie, Freddy, qui vit dans un mobil home tout seul, largué par sa femme, et déconsidéré par tout un chacun. Sa mère vient de mourir, dans un mobil home voisin, où vit encore son père, maçon, avec la colère d’avoir un jour été licencié comme un malpropre par un type même pas foutu d’enlever ses lunettes de soleil ni de  lui serrer la main. Sa fille, ado, vient le voir le week end et quelque chose de fort les lie même si la télé leur bouffe tout contact. Sa mère avait le don de « lever le feu », et le croyait encore plus doué qu’elle, mais il ne veut pas en entendre parler jusqu’à ce qu’un jour « il ne puisse plus dire non ». C’est encore un roman-monologue très logorrhéique, avec ce style saccadé qui a quelque chose d’épileptique (j’y ai pensé déjà pour Courbet, ce n’est pas juste une association pour faire un mot),  saccadé et pourtant torrentiel, avec peut-être quelques longueurs, mais ce que j’aime, c’est que l’on y sent l’amour de la vie et des gens, même au plus fort du désespoir ou du marasme. Un long monologue sur le sens de la vie, sur « la transcendance » ? - c’est un bien grand mot, dieu ou pas dieu et qui sait ce qu’il en est, - et les vers de Victor Hugo, aussi, La Conscience, « échevelé, livide au milieu des tempêtes », bref, ce qui habite les êtres, le désir, la pulsion de vie, la pulsion de mort, l’intuition ou le silence. Un type, ses proches, des femmes, sa moto, la mer, le windsurf, le don, l’amour. Et à travers le livre, une intense bienveillance.

Commentaires

1. Le mercredi, avril 23 2014, 23:35 par philbec

Le film vient de défiler devant mes yeux et mon esprit s'y est retrouvé déambulant au milieu de cette histoire qui me touche d'autant plus que, comme freddy, j'ai un don de guérison que je n'arrive pas a assumer.

2. Le dimanche, avril 27 2014, 08:39 par Agnès

Je n'ai pas vu le film, que j'ai laissé passer, et qui est passé trop vite. Mais j'aimerais. Le travail - et le personnage même de Dupeyron sont vraiment intéressants, en marge, il suit son chemin. J'espère que le film - et peut-être la lecture du roman, vous aideront à aller de l'avant ! 

C'est l'anniversaire de Convolvulus, aujourd'hui...

A.

3. Le jeudi, janvier 12 2017, 01:44 par bikerbreizh

tellement proche , touchant , la vie la poisse , l'amour que l'on recherche ,la folie de la quarantaine , j'adhère complètement , je veux lire le roman , cela promet , merci pour ce moment passé devant l'écran.

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