Deon Meyer - Sept Jours

Il y a des moments où l’on éprouve le désir de plonger sans réserve dans un bon thriller, histoire de s’abstraire absolument de toutes les pressions qui s’accumulent. Et où il est bien difficile de passer jour après jour devant le dernier pavé de Deon Meyer, Sept jours, abandonné sur la table du salon. Il suffit alors d’un soir où l’on rentre un peu plus épuisée que d’habitude – oh cette classe de 1ère L où il est si difficile de susciter des échos ! -, d’un peu de soleil vespéral au dehors, du confort du canapé rouge et du vieux châle bariolé, et l’on cède. Enfin « on » - je. Bilan, une soirée en Afrique du Sud, et l’abolition du monde extérieur, jusqu’à l’endormissement final, après dévoration expresse des derniers chapitres pour arriver enfin à la solution de l’intrigue… tellement expresse que le réveil s’est fait sous forme de point d’interrogation : voyons, comment se relie, déjà, l’arrestation du sniper avec la découverte de l’assassin ?

Où l’on comprendra que Sept jours est un très efficace polar, même si j’ai retrouvé le sentiment, ici évoqué à propos du Pic du Diable, que le dénouement (le fameux lien) est un peu forcé, ou expédié. Quoi qu’il en soit, on y retrouve aussi, comme enquêteur principal, Benny Griessel, l’inspecteur alcoolique en cours de rédemption, parvenu au début du roman à 227 jours de sevrage total. Il a aussi été promu à la DPCI (Direction des enquêtes criminelles prioritaires), dont les membres sont appelés les Hawks (les faucons). J’ai eu un peu de mal, d’ailleurs, avec les sigles et autres acrostiches, car il y a aussi les CATS, le SAPS, et que sais-je encore…. De même du coup qu’il est difficile de se repérer dans la multitude des personnages d’officiers de tel ou tel service, mais on s’y fait. Je suppose enfin que les choses eussent été pour moi plus claires si j’avais lu Treize Heures, le roman précédent, où Benny a rencontré la femme dont il est amoureux, la chanteuse Alexa, alias Xandra Barnard.

Bref. Il y a un mystérieux et émotif sniper en camping-car, qui dégomme méthodiquement - au début sans les tuer – des flics choisis semble-t-il au hasard, qui envoie des « anonimails » aux accents bibliques et anti-communistes, et s’indigne de la clôture d’une enquête criminelle sur la mort d’une jeune et brillante avocate, Hanneke Sloet, laquelle enquête Benny est chargé, en urgence, de rouvrir. Ce qu’il fait, et tout ce qu’il en tire est un sentiment d’insondable incompréhension. Et puis il y a, autour d’Hanneke, justement, avocate d’affaires, un imbroglio politico-financier, et peut-être sentimental, qui interdit toute naïveté quant à la façon dont sont tirées les ficelles des vies minuscules par les « grands » de ce monde.

C’est très bien mené, montage cut, scènes en compagnie du sniper, scènes d’enquête. Le narrateur est omniscient et habile. Les personnages principaux ont une épaisseur qui les rend attachants, Benny, en particulier, engoncé dans ses problèmes d’estime de lui-même et leurs conséquences professionnelles, familiales et sentimentales, ou l’inspectrice Mbali Kaleni, plombée par une mésaventure survenue à Amsterdam et l’hostilité quelque peu machiste de quelques-uns de ses collègues. J’y ai découvert un nouveau mot : l’adjectif « forensique », dont voici la définition, et je sais bien que ma prochaine lecture de Déon Meyer – Treize Heures – n’attend plus rien d’autre qu’une occasion favorable. Où donc ai-je croisé ce bouquin ?

Commentaires

1. Le samedi, juin 8 2013, 10:09 par Dominique

Je n'ai pas lu celui là mais tous les Deon Meyer m'ont bien plu, une façon intelligente de se faire plaisir

2. Le samedi, juin 8 2013, 19:35 par Agnès

Bonsoir Dominique,

et bon retour ! ça y est, j'ai acheté 13 heures... C'est malin.

Je crois que Sept Jours vient de sortir, en fait.

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