Indridason - La Rivière Noire

Enfreignant ma propre décision tacite de ne plus lire de thrillers – qui finissaient par entamer ma sérénité – j’ai avalé la nuit dernière La Rivière Noire d’Arnaldur Indridason, titre islandais Myrká (ce qui d’après Google traduction signifierait « sombre » ou  « obscurité »), traduction Eric Boury, ça fait beaucoup d’Islande ces derniers temps, mais seule celle d’Indridason est véritablement contemporaine.

Erlendur, le flic dépressif, est parti en « vacances », disparu sans donner signe de vie, sans doute sur les traces de son passé, et c’est son adjointe Erlinborg qui prend en charge l’enquête sur le meurtre d’un jeune homme sans histoires, égorgé chez lui, le pantalon sur les chevilles. Très féminine enquête sur fond d’intuitions, d’odorat et d’exotiques odeurs – d’où les petits piments entrecroisés sur le fond noir de la couverture, bien qu’il soit essentiellement question des épices du tandoori sur lequel j’ai appris pour l’occasion tout ce que j’en sais. Amatrice de cuisine exotique, Erlinborg a publié un livre de ses recettes, et l’enquête, filtrée à travers sa conscience, est ponctuée de ses réflexions sur la nourriture, et sur les relations avec les enfants.

C’est de viol – question humaine, question sociale - qu’il est question dans ce roman bien écrit, bien traduit, bien mené, d’où la pertinence du regard féminin. (J’y pense, il était aussi question de pantalon baissé sur les chevilles, celles du père Noël, dans le dernier Indridason que j’aie lu, La Voix, il y a quelque temps déjà. Curieux.). Le lecteur suit les pas d’Erlinborg entre Reykjavik, déracinée de son histoire par des destructions systématiques de toute trace du passé, et le village perdu dont est originaire la « victime », village peuplé de gens silencieux et secrets. De témoin en suspects, l’enquête semble s’égarer mais Erlinborg est fine, tenace et rationnelle, et ses sinueuses intuitions sauront guider le lecteur, captivé, au-delà des apparences, vers la rivière noire des sentiments obscurs qui habitent chacun.  

Commentaires

1. Le mardi, mai 3 2011, 16:35 par dasola

Rebonjour, c'est le 6ème roman d'Indridason que je lis (dans l'ordre). C'est toujours aussi bien même si l'absence d'Erlendur s'est fait sentir. D'ailleurs, je suis très inquiète à son sujet. Elinborg est une inspectrice douée qui réfléchit beaucoup et qui arrive à mener une vie de femme avec son compagnon et ses enfants. Indridason sait donner de l'épaisseur à ses personnages (mon billet du 17/02/11) Bonne après-midi.

2. Le mardi, mai 3 2011, 17:23 par Agnès

Bonjour et bienvenue!

Oui, l'absence d'Erlendur est inquiétante (sa voiture a été retrouvée devant un cimetière...) Comme j'ai levé le pied depuis La Voix, je ne sais pas où il en est de ses histoires de famille et de son frère disparu dans la neige, c'est peut-être pour cela ?

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