[Becoming ?] Jane, de Julian Jarrold

Elle a un très joli minois, Anne Hathaway, elle est gracieuse, elle joue bien. Et James McAvoy est lui aussi un beau et séduisant jeune homme et un acteur convaincant, même s’il incarne dans le film un garçon passablement arrogant. J’ai donc regardé le film jusqu’au bout – et en français, parce que le DVD beuguait et que je n’arrivais pas à le mettre en anglais, je n’y ai réussi qu’un fois le film fini, mais je n’allais pas le regarder à nouveau, pas envie. Pourquoi ? Précisément parce que si tout là-dedans est bien fait, léché, paysages, jeu des acteurs, histoire, couleur locale, danses et robes... eh bien, je n’y ai pas cru. C’est trop surfait, trop convenu, trop romantique. Cela fait litière de l’un des charmes essentiels de la lecture de Jane Austen, cette piquante ironie toujours teintée de raison. Jane Austen N’EST PAS un auteur romantique, c’est précisément ce que lui reprochait Charlotte Brontë, qui, sur ce coup-là, a manqué de perspicacité et de « sororité ? », je pense. En tout cas, outre le fait que si j’en crois mes lointains souvenirs, l’histoire de Jane avec le jeune Lefroy n’a duré que très peu de temps, et très peu d’illusions (ils étaient tous les deux fauchés), il est proprement INIMAGINABLE que Jane ait pu même ébaucher une fugue avec un  jeune homme. Donc si nourri soit-il de l’œuvre de JA (on y voit passer des dialogues de Darcy avec Lizzie, et l’envahissante personnalité de la lady de Bourgh d’Orgueil et Préjugés), le film, qui fait d’elle une donzelle un peu effrontée (elle joue en public au cricket avec les garçons, elle les regarde se baigner à poil), la trahit. Et ce Becoming Jane, devenu va savoir pourquoi sur la jaquette Jane-tout-court, ce pourquoi je n’arrivais pas à le trouver à la médiathèque, n’a vraiment rien de nécessaire, ni pour l’amour de Jane, ni pour celui du cinéma - je n’ai même pas pris la peine, on voudra bien m’en excuser, de chercher quelques infos dessus. Mieux vaut la lire, elle, et se trouver une bonne bio ?

Commentaires

1. Le mercredi, août 25 2010, 13:47 par Céline

Je ne peux pas dire que je suis d'accord avec toi, je n'ai pas vu le film. Rien qu'à voir l'affiche et la bande annonce, j'ai ressenti un peu de ce que tu décris dans ton billet : c'est mignon, c'est gentil, c'est frais, c'est moderne (pourquoi une héroine doit-elle forcément être effrontée et féministe ? Sont-elles féministes les héroïnes de Jane Austen ? Non !). Et c'est très loin de l'acidité des romans de Jane.
Encore une oeuvre surfant sur la mode austenienne. En plus de devenir lassant, ça commence à défigurer l'oeuvre, et l'auteur.

2. Le mercredi, août 25 2010, 14:37 par Agnes

Les héroïnes de Jane ont, je pense, la certitude de leur propre valeur, et cela suffit à faire d'elles autre chose que des oies, sinon des féministes. Mais pourquoi  faire de leur auteur (-trice ?) une demoiselle à caprices qui marche à grandes enjambées et met en scène tout un "langage corporel", comme on dit aujourd'hui, bien théâtral pour montrer qu'elle n'est ni d'accord ni contente ? c'est puéril, et cela ne me paraît pas rendre compte de ce qui sourd du personnage de Jane dans son oeuvre. Pour ma part, je sens en elle, avant tout, une spirituelle et piquante fille des Lumières, et foin de toutes ces salades. On retrouve le même défaut dans le film de Joe Wright, me semble-t-il, en "moins pire" ^^.

3. Le jeudi, août 26 2010, 15:50 par Céline

C'est ce qui m'avait profondément gênée dans le film de Joe Wright. Keira Knightley confond allégrement vivacité et insolence...
Pour moi, Jane Austen est d'abord et avant tout une observatrice du monde et des êtres ; à ce titre, je l'imagine plus réservée et discrète, qu'exubérante et insolente.

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