Anne B. Ragde - La Terre des mensonges (Berlinerpoplene)

Pas facile de lire La Terre des mensonges (drôle de titre d’ailleurs, le titre norvégien est Les Peupliers de Berlin, titre qui aurait parfaitement fait l’affaire en français me semble-t-il, et aurait été nettement plus fidèle à l’esprit du texte et donc plus compréhensible, mais on ne va pas chipoter même si encore une fois la traduction a été torchée - fautes de langue, de syntaxe, d’orthographe grammaticale, impropriétés.... - , le nom du traducteur figure sur la couverture, y a pourtant pas de quoi être fier ... non, non, non, je n’en veux pas aux auteurs du Nord ni aux maisons d’édition qui les font connaître, je leur en veux - aux éditeurs - pour l’absence quasi-totale de relecture qui précède l’édition et pour les bénéfices qu’ils tirent de best sellers sur le dos des AUTEURS ET DES LECTEURS !!!!), euh... « c’est un figuier-banian, cette phrase ! » - pas facile donc de lire ce bouquin dans une maison pleine de va-et-vient, de gens, de repas nombreux et de soirées tardives... Pour autant, la construction : mise en place scrupuleuse et réaliste de chacun des personnages dans son contexte familial (rudimentaire voire inexistant) et professionnel, permet de se familiariser au rythme d’une narration lente et bienveillante, avec les trois frères Neshov. Margido, l’entrepreneur de Pompes funèbres (beaucoup trop méthodique et cérémonieux pour qu’on puisse l’appeler croque-mort) confronté au suicide d’un adolescent fils d’agriculteurs - on a presque l’impression d’entrer dans une enquête policière dont l’enquêteur serait inassignable par rapport aux codes traditionnels, au début – puis son frère, mais quel lien de fraternité peut-on trouver entre deux êtres si dissemblables ? Tor, l’éleveur de cochons attentif à ses truies, dans la ferme délabrée et sinistre où il partage sa vie entre sa mère malade, à laquelle l’unit une relation fusionnelle, et son père fantomatique et presque imbécile, enfin Erlend, le décorateur de vitrines froufroutant et homosexuel, amoureux du clinquant et de la beauté et exilé à Copenhague où il partage la vie de Krümme (« miettes »), et puis appendice inattendu, Torunn, l’éducatrice de chiens, vous découvrirez qui elle est. L’hospitalisation de la mère, à l’orée de Noël, déchire les routines, les projets, les barrières, et réunit la famille, ses souvenirs, ses conflits, ses secrets...

C’est bizarrement construit, en quatre longs et lents « panneaux » liminaires qui nous font suivre les quatre personnages depuis leur vie ordinaire jusqu’au retour à la famille, et très frustrant puisque la fin ne fait qu’ouvrir sur une suite, une issue ? que l’on a attendue tout le volume (il y en aura trois semble-t-il, et je vais évidemment acheter le second, qui est paru). Mais on s’attache à tous les personnages, même au silencieux et obsessionnel Margido, même au malodorant et dépressif éleveur de truies ET à ses truies, et le récit suggère avec talent la façon dont les non-dits familiaux donnent forme quoi qu’on en ait aux vies des générations ultérieures.

Allez-y donc voir : un roman de Noël et de neige a quelque chose de très exotique en plein été, mais c’est une bonne lecture de vacances, même dans une maison pleine de  gens de tous âges, de va-et-vient, de vie joyeuse, de bruit presque sans fureur....

 

 

 

 

Commentaires

1. Le mercredi, mai 11 2011, 09:26 par odile

J'ai bien aimé ce roman froid, aux personnages attachants dans leur diversité... Un peu de mal à croire au grand ménage dans une maison si délabrée et si visiblement abandonnée à sa crasse... Pourtant, j'ai été presque déçue d'une fin en queue de poisson (s'il y a une suite évidemment...)
alors, j'attends la suite!

2. Le mercredi, mai 11 2011, 12:58 par Agnès

La suite est minable !!! et le troisième volet n'en parlons pas. C'est de la littérature mode au kilomètre. (voir les deux notes suivantes).

A.

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