Une Double famille

Outch ! je sors d’Une Double Famille. Longue nouvelle en deux volets et une conclusion. D’où l’on émerge peu enclin(e) à la philanthropie. Au centre un magistrat, M. Roger de Granville, au fil d’une carrière brillamment conduite sous l’Empire, puis sous la Restauration, et d’une vie personnelle vouée au naufrage intérieur, pour avoir épousé, par naïveté, par légèreté ? dans son Bayeux natal une dévote, fille d’un jacobin sanguinaire et d’une mère confite en religion. Comment la seconde vie, heureuse – celle qui ouvre le premier volet de la nouvelle – qu’il avait entrepris de construire avec sa famille idéale quoique clandestine, a-t-elle chaviré après l’intervention fielleuse de l’abbé Fontanon, inquiétante figure de tartuffe provincial incrusté à Paris ?

La nouvelle ne le dit pas. Elle passe bien des choses sous silence, mais le tableau de la vie conjugale en compagnie d’une bigote est un avertissement assené à quiconque pourrait en éprouver la tentation, et résonne de façon terriblement actuelle car on trouve encore chez les dévots d’aujourd’hui, qui ne sont plus seulement papistes, la même attitude mortifère face à la vie dans sa richesse et sa liberté.

La suite de l’histoire se trouve entre autres dans une jolie « novella » que je n’ai pas encore relue : Une Fille d’Ève, dont l’héroïne est l’une des filles de M. de Granville, Marie-Angélique (Angélique comme sa mère), mariée à Félix de Vandenesse (l’ex-jeune homme du Lys dans la vallée) et confrontée aux dangers de la vie mondaine, et aux séductions romanesques d’un amour bohème pour le critique Nathan. Comme un pied-de-nez, une génération plus tard, à l’éducation déplorable de la mère, au sombre couple des parents.
Revenons à Une Double famille. Encore un de ces textes nerveux, efficaces, sardoniques, malgré, dans l'épilogue, une touche de mélo. Du grand Balzac.

Commentaires

1. Le jeudi, février 25 2010, 16:31 par Céline

Un de mes Balzacs préférés, également ! Je me souviens de la surprise que j'ai eu en débutant la seconde partie, si sombre après un début tellement lumineux !

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