Balzac - Etude de Femme

L’étude est, dans le langage des peintres, une forme d’exercice de représentation d’un sujet. Celle-ci est un délice. Moins de dix pages, beaucoup de dialogues, et variés, un valet, (Joseph), une femme de chambre (Caroline), une femme de charge, une marquise et un marquis (de Listomère), Rastignac, et Horace, le narrateur, qui est médecin, le lecteur aura donc reconnu Bianchon. Nouvelle très précoce dans la production de Balzac puisqu’elle date de 1830, et qu’importe que pour la suturer ensuite à La Comédie Humaine, il ait omis de vérifier la date de Guillaume Tell, et la cohérence de l’âge de Rastignac avec celle de la mort de Mme de Mortsauf, que l’on mentionne à la fin. La marquise est « prude par devoir ou peut-être par goût », et le jeune homme qui a dansé avec elle « il y a un mois environ » étourdi, naïf, et un peu fat. Quant à Balzac, il a lu « De l’Amour », et il fait à Stendhal l’hommage de cette histoire de « cristallisation » où entrent en jeu une rêverie matinale devant le feu, l’angle idéal que doit adopter une bergère, et une lettre remise à Joseph. Des considérations étymologiques aussi, sur ce que Littré ignore comme étant l’un des sens du mot « bourguignon », et qui pourrait bien être la version balzacienne et ardente du phénomène décrit par Stendhal. : « Il ne tisonna même pas. Faute immense ! N'est-ce pas un plaisir bien vif que de tracasser le feu quand on pense aux femmes ? Notre esprit prête des phrases aux petites langues bleues qui se dégagent soudain et babillent dans le foyer. On interprète le langage puissant et brusque d'un bourguignon.
A ce mot arrêtons-nous et plaçons ici pour les ignorants une explication due à un étymologiste très-distingué qui a désiré garder l'anonyme. Bourguignon est le nom populaire et symbolique donné, depuis le règne de Charles VI, à ces détonations bruyantes dont l'effet est d'envoyer sur un tapis ou sur une robe un petit charbon, léger principe d'incendie. Le feu dégage, dit-on, une bulle d'air qu'un ver rongeur a laissée dans le coeur du bois. Inde amor, inde burgundus ».
Scène de la vie privée, bien sûr.

Commentaires

1. Le samedi, janvier 23 2010, 09:41 par Dominique

Je viens de vous suivre de billets en billets au pays de Balzac avec intérêt et curiosité
j'aime beaucoup le designe de votre blog d'une grande élégance
je pars faire un tour dans les archives

2. Le samedi, janvier 23 2010, 14:29 par Agnès

Bonne promenade, et merci !
A.

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