Vercors - Le Silence de la mer

Un film verbeux et plein d’intentions m’a renvoyée hier soir vers le texte de la nouvelle. Irritée au bout d’une demi-heure par trop de gestes d’humeur, d’épisodes rajoutés, d’intentions historico-sociologiques (oui, les bons-points étaient à l’effigie de Pétain, oui, il y avait aussi le jazz), bref de fanfreluches, je suis revenue à mon vieux livre de poche tout recollé avec ses trois silhouettes esquissées dans un halo de lumière, souvenir bouleversé de lectures adolescentes. Raconté par le vieil oncle attentif et humaniste, le va-et-vient entre le mutisme intraitable des habitants de la maison occupée et le long monologue de Werner Von Ebrennac disant son amour de la France et son rêve d’union spirituelle entre les deux États jusqu’à l’aveu final de son erreur, est une sobre tragédie, le récit dépouillé à l’extrême d’une rencontre-malgré-tout entre deux êtres que l’Histoire sépare. C’est un très beau texte, et le recueil entier, dans sa variété et sa virulence combative, quoique sans phraséologie idéologique, a gardé sa vigueur efficace et son pouvoir de suggestion. Le Silence de la mer a été le premier volume publié aux Éditions de Minuit, dont Vercors, alors dessinateur, était le co-fondateur.


Je n'ai pas vu le film de Melville, que je suppose, dans l'esprit, beaucoup plus fidèle au texte original.

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