Joseph Boyden - Là-haut vers le nord

En anglais Born with a tooth. C’est le titre de la première nouvelle, il y en a treize.

Les quatre points cardinaux : Est : Peine, Sud : Ruine, Ouest : Course, Nord : Retour. Trois nouvelles par point cardinal, quatre pour le dernier. Le recueil, traduit avec le concours du Centre National du livre, bénis soient-ils, date de 2001, c’est-à-dire avant la publication de Three-day road, Le Chemin des âmes, ce long et magnifique roman sur le retour au pays d’un indien tireur d’élite brisé par la guerre de 14.

Boyden est un jeune auteur de très grand talent. Scènes de la vie déchirée des Indiens dans le monde d’aujourd’hui, dans les réserves ou à la ville : soirées au bingo, retour à la musique en concert par les Sœurs de l’Ours noir, groupe punk « 100% indien, 100% féminin », quatre filles un peu sur le retour, la bouleversante dérive de Langue Peinte, le clochard Ojibwé dont tout le monde ignore quel guerrier il est dans son cœur, un gosse frappé au cœur par la passion du catch, l’histoire, déjà, d’un Xavier Bird et d’un Elijah, mais cette fois, c’est aujourd’hui et c’est une histoire de bearwalker, de sorcier capable de se changer en chien ou en corneille… je ne vais pas toutes les évoquer : toutes sont belles, justes, sans fioritures ni complaisance, sombres et souvent cruelles. Et à la fin, les quatre nouvelles de Nord racontent, selon quatre personnages différents, la même histoire : la mort de Linda Cheechoo, suicidée par overdose de médicaments à la ville , restaure dans son village perdu du nord la communauté autour du tambour de son oncle Joe.
White-Spirit : c’est le titre ô combien ironique de la seconde nouvelle, dont Francis « Crow » Cheechoo le frère de Linda est le triste « héros » shooté à l’essence, cependant que le village se scinde puis se soude DANS l’église contre le sermon et la foi ébréchée du père jésuite Jimmy. Paroles de reconstruction, dans un cycle qui prend des allures d’ébauche romanesque.

Les personnages de ce recueil sont tout bousillés intérieurement et physiquement par leurs propres cicatrices et celles de leurs peuples anéantis par les Blancs, arrachés à leur histoire et à leurs territoires. Et pourtant, tout au fond d’eux, malgré l’abjection, l’ivrognerie et la prostitution, - les clichés des blancs - , d’un courage et d’une humanité inexpugnables. Chapeau.

http://blogs.ac-amiens.fr/disciplines/let_convolvulus/index.php?2007/05/09/11-joseph-boyden-le-chemin-des-ames-en-anglais-three-day-road-chez-albin-michel-avril-2006

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