Ce qui est bien, pendant les vacances, c’est qu’on peut consacrer plusieurs heures DE SUITE à lire un pavé. Sans remords.


En l’occurrence le premier tome de la trilogie Millénium, de Stieg Larsson : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes, chez Actes Sud. Et qu’on sait qu’il y aura d’autres longues heures à consacrer aux tomes deux et trois, qui sait, peut-être tout à l’heure ? parce que c’est fichtrement bien ficelé, haletant, palpitant, avec des personnages complexes et attachants, même si l’intrigue brasse toutes les horreurs que l’homme est capable d’inventer pour faire souffrir son prochain (oui, je suis un peu biblique. C’est dans l’atmosphère du roman - la Suède, les pasteurs, on ne peut pas en faire l’économie, même si c’est d’économie, justement, qu’il est question, puisque le héros, Mikael Blomkvist, est journaliste spécialisé dans ce domaine).

Problème : il faudrait bien que je crée une catégorie « Polars » ou « Thrillers », ou « Polars et Thrillers », à défaut de la peu rationnelle catégorie « Pavés » qui pourtant me démange. Où Millénium trouverait naturellement sa place à côté de Mankell, bien que ce soit très différent. Point ici d’inspecteur vieillissant et déprimé, ni de commissariat avec ses rituels et ses excès de boulot, et guère de petite ville avec campagne environnante et pluie et boue à volonté. Quoique quadragénaire, Mikael Blomkvist est bien plus tonique, séduisant dès le premier abord, et d’ailleurs les femmes bourdonnent autour de lui. Erika son alter ego en journalisme, son amie, sa liaison la plus ancienne et sa collaboratrice à la tête du Journal (c’est une revue, Millénium, qui essaie de traiter d’économie avec les mêmes méthodes d’investigation et la même éthique que la presse politique, et s’indigne de la corruption ou de la complaisance de la plupart de ses concurrents ou confrères). Et puis la fascinante Lisbeth alias Sally, jeune marginale écorchée vive, sorte de « hackeuse » de génie, et enquêtrice hors pair. Enfin Cécilia la femme mûre, rencontrée au cours de son enquête dans le terrible panier de crabes d’une famille d’industriels en déclin, et marquée par la disparition inexplicable de son héritière la plus douée, 36 ans auparavant. Quant à Mikael, il trimballe depuis le début du roman une condamnation pour diffamation avec amende colossale, discrédit complet sur son journal, et trois mois de prison à la clé dans une enquête sur un golden spéculateur où il s’est fait rouler dans la farine, d’où sa retraite, et ce travail d’investigation familiale étranger à ce qu’il a coutume de faire. Mais il faut bien vivre, et son nouvel employeur, Henrik Vanger l’octogénaire et douloureux chef d’entreprise, a su se montrer un conteur talentueux.

Ce qu’est indéniablement Stieg Larsson, journaliste économique mort d’une crise cardiaque peu après avoir déposé son triple roman chez l’éditeur. C’est très cinématographique, avec un penchant pour le montage alterné, et pour l’ellipse. On navigue, en train, à moto, à pied, en voiture, de Stockholm au Norrland, d’une presqu’île à des villages perdus ou des stations balnéaires de luxe, par des froids polaires pour lesquels Mikael est au début bien mal équipé, dans la cabane d’hôtes mise à sa disposition, où lui tient compagnie un chat roux. Il y a des tas de références à la littérature enfantine, en particulier à Fifi Brin d’acier (la sœur de Mikael s’appelle Annika, et lui-même a visiblement un lien avec un roman d’Astrid Lindgren, que je n’ai pas lu, comme « Super Blomkvist », surnom qu’il apprécie fort peu). Il y a des plans et un arbre généalogique, des relents de guerre de 40 - « naturellement » - et beaucoup d’électronique, d’informatique, et de finance (où, dois-je l’avouer, je n’ai pas tout suivi, mais ça n’entame en rien l’intérêt du roman). Les personnages sont justes et intéressants, en particulier Sally, qui à la fin du roman laisse le lecteur devant une forêt de points d’interrogation.
C’est décidé. J’y retourne.

Commentaires

1. Le lundi, juin 23 2008, 15:32 par Caroline

Rebonjour,

Je me rends compte que je "butine" sur ces pages.

Tout à coup un titre saute à mes yeux, des souvenirs remontent ou, d'autre fois, j'en entends parler dans un média et convolvulus vient faciliter mon choix.

Par exemple, je suis très contente de trouver celui-ci, car j'en ai entendu parler cette semaine à la télévision, un programme québécois, et il m'intriguait. Finalement, je crois que je le choisirai comme lecture d'été.

Merci!

2. Le lundi, juin 23 2008, 20:24 par Agnès
Eh bien j'espère qu'en butinant tu feras ton miel !%%% Bonne lecture de Millenium, bien que , je t'assure, la traduction en soit de plus en plus abominable au fil des tomes ! A.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet