Une odeur de gingembre, d’Oswald Wynd (Folio)

1903. Embarquée à 20 ans pour aller se marier avec un attaché militaire en Chine, Mary MacKenzie commence à tenir son journal, qui enregistre au large de la Somalie les premières fissures dans ses certitudes de jeune Écossaise de bonne – quoique modeste - famille. C’est ensuite Pékin, juste après la révolte des Boxers puis pendant la guerre Russo-Japonaise, - le monde cosmopolite et figé des diplomates et des militaires, l’étrangeté radicale de la Chine. Mary découvre sans plaisir la vie conjugale, met au monde une petite fille, se réchauffe à l’amitié des Chamonpierre, l’attaché d’ambassade Français et son épouse Marie. Celle-ci, brillante et attentive jeune femme, décèle bien avant Mary elle-même sa singularité, et deviendra sa confidente épistolaire, pour la vie.

Mais la vie de Mary a aussi croisé fugitivement le Comte Kurihama, silencieux colonel japonais, dont elle se trouve enceinte. Chassée par son mari, elle est embarquée pour le Japon, où elle choisira de vivre envers et contre tout.

Les 2/3 du roman poursuivent donc, de 1905 à 1942, le journal intermittent de Mary, ponctué de rares et longues lettres à son amie. C’est la chronique de sa vie au Japon, femme solitaire, étrangère et marginale, qui assume sa singularité et construit son existence à travers douleurs, rencontres, amours et amitiés – et un indéniable génie du commerce.

Il y a quelque chose de Scarlett O’Hara – quoique plus incertaine – chez Mary, qui jamais ne se paye de mots ni de préjugés, et va résolument son chemin difficile. Mais Une Odeur de gingembre est un roman plus bref, plus elliptique, remarquable de tension et de retenue. C’est un beau portrait de femme, qui croise une galerie de personnages secondaires tous très fermement esquissés et incarnés. C’est à la fois terriblement romanesque, remarquablement retenu et dépourvu de tout pathos. Absolument passionnant, tant pour le contexte historique et humain que pour l’intrigue et les personnages.
C’est un roman de 1977, traduit et publié en France en 1991. Apparemment le seul roman traduit en français d’Oswald Wynd qui aurait donné l’essentiel de son œuvre sous forme de thrillers signés Gavin Black. C’est très dommage, si le reste est du même tonneau que ce texte-là, qu’attendent les éditeurs ?

Commentaires

1. Le mardi, septembre 16 2008, 16:13 par Odile

Merci du conseil, j'ai beaucoup aimé ce roman, en effet plein de retenue, écrit avec ces silences qui comptent sur l'intelligence, sur l'attention du lecteur. Beau personnage de femme, le contexte historique évoqué à travers un regard à la fois distancié et sagace de l'héroïne donne plus qu'un arrière plan, c'est riche d'enseignements, un bel exemple de ce que la littérature montre en ré-inventant la réalité... sans compter les nombreuses remarques qui font sourire, grâce à l'humour de ce personnage hors normes .

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