jeudi, mai 26 2011

Pierre Michon - Rimbaud le fils (1991)

Rimbaud Le Fils. Objet Littéraire Non Assignable. Entre la biographie très documentée, « la Vulgate » rimbaldienne et, comment dire ? un effort de fusion avec la psyché du poète. Un fils, celui-ci, telle est la thèse d’emblée énoncée : fils d’une mère pleine « d’imprécation et de désastre » et d’un père fantomatique, « dans le purgatoire de garnisons lointaines où il ne fut qu’un nom ». Deux parents qui, l’un après l’autre en lui bondirent et s’abîmèrent, en lui qui « dans le vieux tempo sommaire à douze pieds » mêla « le clairon des garnisons lointaines et les patenôtres de la créature de désastre », les mêla sur « la grande tringle à douze pieds » de ses ancêtres poètes que, très vite, il surpassa et sema, cassant la tringle.

Voilà. On suit ce Rimbaud-le-fils habité par le désastre familial sur ses traces de poète débutant dans le sillage de Virgile, dans l’élection du bon Izambard trop timoré, dans ses fugues vers la Belgique, à Douai chez les tantes « chercheuses de poux » d’Izambard, « trois douces Parques au fond d’un grand jardin ». « … Dans ce  jardin [où] il fit ce poème que tout enfant connaît, où il appelle ses étoiles comme on siffle ses chiens, où il caresse la Grande Ourse et se couche près d’elle ; ». Puis à Paris auprès de « Verlaine en chapeau derby sur le quai de la gare de l’Est », ce « Rimbaud [qui] fut la pierre sur quoi un destin trébuche. Et, plus que tout au monde, Verlaine aimait trébucher. »

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