samedi, mai 21 2011

Hyacinthe et Rose, de François Morel

Je n’ai  pas l’habitude de chroniquer ici de la littérature jeunesse. J’en suis peu lectrice (on ne peut pas tout faire) et si j’en offre passablement aux jeunes gens qui me sont proches, comme j’en offris en leur temps à mes enfants, je me fie pour cela aux conseils éclairés de Soizic, qui depuis désormais dix ans anime chez Pages d’Encre le rayon littérature jeunesse, avec passion, éclectisme, et talent. Comme j’y passais aujourd’hui - c’est pour moi un rituel très ancien que de passer à la librairie le samedi pendant le marché, même si je n’y achète rien, même si ça se transforme, comme samedi dernier, en séance de karaoké dans la librairie heureusement quasi déserte (ma fille à l’autre bout, côté adultes, ‘non je ne connais pas cette dame’…, et LE client, j’espère que nous ne lui avons pas fait peur) à chanter avec Vanessa, la collègue de Soizic … MIKE BRANT, puis Joe Dassin, devant l’ordi pour les paroles, et qu’est-ce qu’on s’est marrées ! – comme j’y passais donc, elles m’ont toutes deux mis entre les mains avec un bel ensemble et un éloge à l’unisson un immense album jeunesse, magnifiquement illustré de fleurs géantes : Hyacinthe et Rose, de François Morel, illustré par Martin Jarrie. « François Morel, mais si tu sais le Deschiens ! – Ben non, désolée, je ne sais pas, moi, les Deschiens je ne les ai vus qu’au théâtre, je n’avais pas la télé, alors je ne connais vraiment que Yolande Moreau ». Bref. François Morel évoque dans cet album – que je dise tout de suite que j’ai sursauté d’horreur devant les marges de droite pas justifiées qui sont une verrue à chacune des pages illustrées d’une voire deux planches géantes de fleurs somptueusement colorées – la mémoire de ses deux grands-parents en sempiternelle guerre conjugale, Hyacinthe et Rose, donc.

Hyacinthe le coco, qui cultive dans son jardin pour les funérailles des camarades un rosier rouge toujours fleuri à contretemps, Rose qui le pille pour orner les autels aux fêtes de Marie et se nourrit des logorrhéiques paraboles horticoles du curé, le caquet d’icelui toujours sèchement rabattu par les sarcasmes d’Hyacinthe. Un couple en guerre, uni par sa passion commune des fleurs. Un récit où il est question d’enfance, de rituels, d’interrogations, de langage des fleurs, de transmission, de tendresse. D’amours, d’hostilités, de dépits, de catastrophes, de bonheurs. Et même si mon goût me porte plus aux portraits de fleurs à la mode impressionniste, ce beau livre-jeunesse-pour-adultes vibre du dialogue entre le texte et les images.


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