More Lubitsch

Depuis j’ai vu deux autres Lubitsch : Le Ciel peut attendre (1943), avec Don Ameche et Gene Tierney, et One Hour with you, avec Jeanette MacDonald et Maurice Chevalier, film réalisé en collaboration avec Cukor, qui se serait très mal entendu avec l’acteur français (1932). Le second, c’est-à-dire le premier dans le temps, en noir et blanc, est, sinon une comédie musicale, du moins une comédie avec pauses chantées.

Eh bien, ce sont des films très enlevés, réalisés au petit poil, mais les personnages masculins sont si falots, si veules, malgré leur passion, dans un cas des femmes, dans le second de sa femme, et les femmes si dépendantes (quoique Gene Tierney, malgré des robes atrocement monochromes et surchargées de dentelles et autres froufrous, et une coiffure ahurissante, soit particulièrement chic à tous les sens du terme) que je n’ai pas adopté l’histoire, comme j’avais pu le faire pour Sérénade à trois. Il y a dans ces films du rythme, de l’esprit, une science vaudevillesque, mais elle se borne à répéter une sorte d’immoralité sociale figée depuis le XIXe, réduisant à une mécanique somme toute désuète et peu engageante les histoires de trios qu’elle met en scène.

Une raison majeure sans doute à cette différence de ton, et de philosophie : les scénarios des deux films que je viens d’évoquer sont de Samson Raphaelson – un scénariste d’une longévité extrême, mort à 99 ans ! - alors que celui de Sérénade à trois est de Coward, habité, semble-t-il, par un mordant bien plus acerbe que son collègue new-yorkais. Il n’empêche, ce Raphaelson devait être un type cultivé et amateur de littérature française. L’épouse d’André Bertier-Maurice Chevalier se nomme Colette, et sa garce de « very best friend » Mitzi. Cela évoque furieusement le personnage scandaleux de Colette et sa longue liaison avec la baronne Mathilde de Morny, dite Missy. Il y a aussi une scène presque inutile et très amusante où le « meilleur ami » d’André, Adolphe, amoureux de Colette, s’aperçoit que le bal auquel il est invité N’EST PAS un bal masqué et qu’il doit donc se dépouiller de sa tenue de Roméo. Interpellé avec hargne à ce sujet, le maître d’hôtel auteur du canular s’incline suavement en disant « Le collant va si bien à Monsieur ». Il s’appelle… Marcel.^^

Voilà. J’ai raté me dit-on un Billy Wilder merveilleux de légèreté, passé dimanche sur Arte, Ariane (Love in the afternoon, 1957), avec Gary Cooper, Audrey Hepburn et Maurice Chevalier, excusez du peu ! Wilder est un digne héritier de la « Lubitsch touch ». Je vais me mettre en quête, et vive la comédie !.

 

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