Charles Williams - Et la mer profonde et bleue

Non que la lecture de Et La Mer profonde et bleue  soit reposante. Mais quel passionnant thriller ! du genre qu’on est obligé(e) de lâcher de temps à autre pour reprendre – entre meurtres, incendie, espionnage, grains, noyades et autres naufrages – un peu de souffle. Harry Goddard, un yachtman naufragé au grand large des Philippines est recueilli sur un cargo, grâce à l’effet conjugué d’une panne et du regard perçant de l’une des deux passagères – sortie de sa cabine exaspérée par les rugissements d’amour de l’autre passagère. Le reste des occupants du bateau, équipage et passagers, est masculin. Il y a un capitaine falot et bigot, et un second, solaire et sarcastique. Et bien vite, on le comprend, des séquelles très toxiques du nazisme. Les termes de navigation y sont très abondants, témoignant des compétences de l’auteur en ce domaine – lexique suit.

Quant à l’histoire, elle est presque tout entière contée à travers le regard de Goddard (les deux ou trois décrochages de sa perspective sont des maladresses, à mon sens), et de façon tellement cinématographique que c’est à se demander si Williams n’espérait pas voir le roman se transformer en scénario. Goddard, d’ailleurs, est producteur de cinéma. Je n’avais lu de Charles Williams que Fantasia chez les ploucs (The Diamond Bikini, avec le liseron bleu tatoué sur le sein de Miss Harrington), dont j’ai dit ici même, il y a bien longtemps – six ans, ou quasi ! – tout le plaisir que j’avais pris à sa lecture, et Aux Urnes, les ploucs, dont j’ai tout oublié. Je ne connaissais pas sa veine sérieuse. Ce roman maritime, l’avant-dernier avant son suicide sur la mer (ah, eh bien, non, d’après wikipedia, vois-je, c’est une légende. Wikipedia où l’on apprend que l’auteur était, quant à lui, scénariste !), est en tout cas une excellente lecture, de TGV ou d’ailleurs.

Petit lexique express, donc :
Coqueron 
: Compartiment étanche placé à l'avant ou à l'arrière d'un bateau et pouvant éventuellement faire office de soute à provisions.
Dalot : Ouverture pratiquée dans le bordage et permettant l'écoulement des eaux embarquées.
Espar : Longue pièce de bois (ou de métal ou de matière synthétique) utilisée comme mât, bôme, vergue, etc.
Foc : Voile triangulaire qui se place à l'avant d'un navire (entre le mât de misaine et le beaupré sur les trois mâts, ou entre le beaupré et le grand mât sur les autres navires).
Gonio (-mètre) : NAV. MAR. et AÉRON. [Abrév. fam. gonio] Récepteur radio permettant à un avion ou à un navire de connaître instantanément et avec précision sa position et son cap.
Hiloire : Fort bordage longitudinal qui relie entre elles les différentes pièces du pont d'un navire et en accroît la résistance.
Houache : Vieilli. Trace bouillonnante que laisse derrière lui un navire en marche. Synon. sillage.
Manille :
Étrier de métal qui se ferme à l'aide d'un axe à pas de vis, servant à assembler deux longueurs de chaîne, à relier deux anneaux.
Poulaine : Sur les anciens navires, plate-forme triangulaire, formant saillie à l'extrême-avant, où les matelots lavaient leur linge et où se trouvaient les latrines.
- Par métonymie, argot des marins. Lieux d'aisance de l'équipage, à bord et aussi dans les casernements de la marine.

Ridoir :
Tout appareil à poulie, crémaillère ou vis permettant de tendre un cordage ou une chaîne.
Tolet :
Tige de bois ou de fer enfoncée à mi-hauteur dans le plat-bord d'une embarcation par le renfort appelé toletière et qui sert à appuyer l'aviron pendant la nage.
Tourmentin 
:
Petit foc, en toile très résistante, employé par gros temps pour équilibrer la voilure.
Well-deck
 : pont-arrière destiné à être périodiquement recouvert par l’eau.

Amusante coïncidence : en lisant Poussière – juste après celui-ci, en fait, même si je l’ai chroniqué avant – je suis tombée sur une comptine, ou une chanson d’enfance, que chantait son père à Judith : « Joyeusement nous allons rouler, rouler, rouler, / Joyeusement nous allons rouler sur toute la mer profonde et bleue. » Une mélancolique « Chanson de la Pomme d’or », - que je n’ai trouvée nulle part, tant pis.


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